La terrible vérité sur les aides financières au développement
Et si on se trompait complétement sur la notion d’aide au développement ?
Et si le meilleur service à rendre à l’Afrique (entre autres) ce serait tout simplement de ne PAS intervenir ?
Cette proposition paraît choquante mais elle est pourtant soutenue par James Shikwati, un économiste africain connu.
Un article particulièrement intéressant et édifiant cette semaine dans Libération : La Palestine, un État en faillite permanente, lire à [->http://www.liberation.fr/page.php?Article=355533].
Dans cet article, on apprend que, entre autres,
la Palestine est aujourd’hui la contrée la plus assistée au monde. En 2005, l’aide étrangère y a atteint 1,1 milliard de dollars, soit 366 dollars par habitant. Par comparaison, en Afrique, l’aide dépasse rarement 30 dollars par tête.
Continuons à citer Libé, extraits :
Cette enveloppe, destinée au développement, a surtout servi au fil des ans à renflouer les caisses de l’administration palestinienne.
...
L’Autorité palestinienne a continué à recruter à tout-va. Cet été, près de 4 000 militants ont été enrôlés dans les services de sécurité. Des prises d’otages occidentaux à Gaza se sont parfois réglées par l’embauche d’une dizaine de membres d’un même clan.
Édifiant, n’est-ce pas ?
Mais, après tout, si les occidentaux sont assez bêtes pour alimenter ainsi un puits sans fond, pourquoi s’en priver, pensent sûrement les quelques Palistiniens (peu nombreux en fait) qui profitent le plus de cette manne.
Ceci dit, il ne s’agit pas ici de faire le procès des Palestiniens. Interrogeons-nous plutôt sur le principe même des aides, surtout financières, qui sont envoyées aux pays dits du tiers-monde. Cela fait des dizaines d’années que des millions d’euros sont déversés sur des contrées présentées comme nécessiteuses... et avec quels résultats ?
On le sait tous, des résultats très décevants, pour ne pas dire pire.
Les prêts (qui forment la dette actuelle de ces pays) ont souvent été utilisés pour acheter des armes (vendues par ceux qui accordaient les prêts... rien ne se perd !). Et c’est pour ce cycle infernal qu’ensuite les grands organismes internationaux comme le FMI imposent des politiques d’austérité ?
Si on avait pu présenter par avance ces beaux résultats, les populations concernées auraient simplement dit : "Merci, mais non merci, gardez donc votre argent".
Pareil pour les dons. Seule une partie réduite (pour ne pas dire infime) de l’argent envoyé pour les victimes du tremblement de terre au Cachemir (par exemple, pour reprendre un événement récent et encore dans les mémoires) va à ceux qui en ont le plus besoin. D’après l’association "Survie", seuls moins de 3% de l’APD (l’aide pour le développement) servait la cause des plus déshérités.
Sur le terrain, quelques ONG se battent vraiment pour faire changer les choses, mais les plus actives sont aussi les moins tolérées par les autorités locales. Les gouvernements préfèrent largement celles qui ont le mieux compris les règles non-écrites du "charity-business" et qui, pour creuser un puits dans un village, ont besoin d’hospitalités climatisées, de téléphones par satellites et de 4x4 dernier cri.
Je ne suis pas certain que le puits en question méritait cette débauche de technologie et cet étalage de richesse. Je ne suis pas certain non plus que les villageois qui auront bénéficié de ces largesses garderont un bon souvenir de l’aide occidentale.
Je crois qu’il est temps de remettre en cause le principe même de l’aide au développement, non pas parce qu’il s’agirait d’un gaspillage de notre argent, mais parce que les effets ne sont pas positifs, tout simplement.
Oui, au bout du compte, c’est bien notre argent qui est ainsi dépensé inutilement. Je peux être sensible à la détresse d’un peuple touché par une catastrophe, mais je suis vite atterré par l’usage qui est fait de mes dons ou de mes impôts quand je vois qu’ils sont utilisés pour fournir des Mercedes et des Kalachnikovs à quelques excités qui entraînent tout un peuple dans un abîme sans fond.
Mais ce n’est pas cela le plus grave. En effet, j’accepterais volontiers un peu (ou même beaucoup) de gaspillage de mon bel argent, si seulement ça servait à quelque chose de positif. Hélas, rien de positif ne semble sortir de notre aide au développement. Pire, il apparaît même que c’est tout le contraire qui arrive : plus nous aidons certains pays, et moins ils s’en sortent !
En effet, comment expliquer autrement l’état dans lequel se trouve l’Afrique aujourd’hui ?
Des dizaines d’années de programmes qui se superposent, pour quoi ?
Pour rien ?
Non, même pas pour rien (cela serait un moindre mal), pour finalement arriver à une situation pire qu’avant notre intervention !
Qui oserait aujourd’hui dire que notre action présente un "bilan globalement positif" ?
C’est un peu comme la risible influence positive de la colonisation... La colonisation n’a été positive pour personne, même pas pour les empires qui l’ont menée !
Mais alors, que proposes-tu ?
- Que faut-il faire pour aider efficacement les pays et les peuples dans le besoin ?
- Rien.
- Quoi, tu ne proposes rien ?
- Non, je dis qu’il ne faut *rien* faire, nuance...
- Ne rien faire... non, tu n’es pas sérieux !
Si, je suis parfaitement sérieux, si on veut vraiment aider ces pays et ces peuples, il faut d’abord les laisser tranquilles, ne pas intervenir. Notre intervention n’est pas adaptée à leurs contextes, elle n’est pas efficace, elle est perturbante, elle sème le désordre et la corruption. Le mieux est donc de ne plus intervenir.
En première analyse, cela paraît difficile à admettre, puisque cela va à l’encontre de ce qu’on pratique depuis des décennies. De plus, tous nos médias ne nous proposent pas d’autre voie que "plus de la même chose", alors on trouve naturel de poursuivre...
Pourtant, on commence à s’apercevoir qu’il serait temps d’arrêter de polluer notre environnement, puisque nous finissons par sérieusement abîmer notre milieu. Nous devons également considérer que nos voisins proches ou lointains font partie de notre environnement. Et, en toute logique, nous devons éviter de les polluer, de les abîmer.
Pour cela, il faut changer notre attitude : plutôt que de continuer à faire "plus de la même chose", arrêtons carrément notre aide au développement, puisqu’elle est néfaste, je suis persuadé que ces pays ne s’en porteront pas plus mal, au contraire...
Voilà tout ce qu’a trouvé ce donneur de leçons privilégié : stopper l’aide aux pauvres !
Décidément, l’oppression capitaliste se sent pousser des ailes en ce moment : même un petit profiteur comme Lefebvre pense qu’il peut prôner l’arrêt de l’aide au développement !
Allons, soyons réalistes : on sait bien que ceux qui profitent de nos aides, ce ne sont justement pas les pauvres !
Ce sont précisement ceux qu’on voudrait le moins aider (les profiteurs, les dictateurs et autres seigneurs de la guerre) qui bénéficient le plus et le mieux de nos programmes, qui sont conçus sans connaissance de la réalité du terrain. L’aide sous la forme actuelle n’est pas seulement inefficace, elle est nocive, néfaste !
Nous devons arrêter ces programmes qui ne font que perpétuer des situations injustes, que maintenir en place des dirigeants corrompus, qu’alimenter des fauteurs de troubles avides. Nous devons arrêter de penser à ces pays comme à des provinces sous tutelle. Nous devons cesser de croire ce qu’on nous présente comme étant "nécessaire, pour leur bien".
Bien sûr, si c’est moi qui le dis, c’est sujet à caution, car ces aides ne me concernent pas. En revanche, si c’est un économiste africain qui le proclame, cela prend tout de suite un autre relief !
Lisez donc cette traduction de l’interview que James Shikwati a accordée au Spiegel en juillet 2005... Extraits :
Si les pays industrialisés veulent réellement aider les Africains, alors ils doivent enfin mettre fin à cette terrible aide. Les pays qui ont reçu le plus d’aides sont ceux qui vont le plus mal.
On finance d’énormes bureaucraties, on favorise la corruption et l’auto-complaisance, on habitue les Africains à mendicité et à la dépendance. De plus, l’aide au développement affaiblit partout les marchés locaux et l’esprit d’entreprise dont nous avons tant besoin. Elle constitue l’une des causes des problèmes dont souffre l’Afrique, aussi absurde que cela puisse paraître. Si on supprimait ces aides, les petites gens ne s’en apercevraient même pas. Seuls les dirigeants seraient choqués. C’est pourquoi ils prétendent que ce serait la fin sans ces aides.
Lisez l’interview complète, ça en vaut la peine ! [->http://www.imani.fr/component/option,com_content/task,view/id,45/Itemid,97/]
La terrible vérité, c’est que dans "aide au développement", ce n’est pas le mot aide qui compte, mais bien le mot développement. La finalité de ces programmes, ce n’est pas de venir en aide aux populations, mais plutôt de permettre le développement de nouveaux marchés, de nouveaux débouchés, et peu importe à quels coûts !
L’Afghanistan est toujours une contrée désolée, où l’illettrisme domine, mais, signe inconstestable de progrès, on commence à y construire des centres commerciaux ultra-modernes, voir à [->http://www.afghana.org/html/article.php?sid=1770]
En effet, ça va tout de suite mieux. Une fois encore, à qui profite le crime ?
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