La vague consumériste
Le caractère strictement circonstanciel d’adhésion à une éthique n’a véritablement qu’une valeur conceptuelle. En effet lorsqu’une activité reposant sur un système de valeurs occupe notre vie de façon quotidienne, elle laisse une empreinte mentale consciente ou inconsciente que notre raison est impuissante à effacer...
Notre esprit fonctionne par "inférences illogiques" et par généralisations parfois inconscientes. Le caractère strictement circonstanciel d’adhésion à une éthique n’a véritablement qu’une valeur conceptuelle. En effet, si cette idée peut être séduisante sur un plan intellectuel, elle n’a aucune espèce de réalité factuelle. Lorsqu’une activité reposant sur un système de valeurs occupe notre vie de façon quotidienne, elle laisse une empreinte mentale consciente ou inconsciente que notre raison est impuissante à effacer.
Ainsi, si les penseurs du capitalisme ont pu fixer des limites idéologiques à un système qui aurait pour seul but la création de richesses et qui n’afficherait aucune prétention dans le domaine éthique, ils ont négligé la propension naturelle de tout être humain à réfléchir et à agir de façon globale et non compartimentée. Notre esprit et surtout notre comportement fonctionnent par extrapolation et par inférence. Une tendance à la généralisation qui peut être seulement partiellement nuancée par l’usage de la raison car ce mécanisme est en grande partie inconscient.
Il est ainsi difficile, voire impossible pour le consommateur averti de quitter son habit pour intégrer des valeurs morales et spirituelles en certaines circonstances et de le remettre à la sortie. L’homme est ainsi fait, son activité quotidienne et son mode de vie pratique ont une influence certaine sur sa vision du monde. On ne peut rechercher la performance (qui est par nature discriminatoire) à longueur de journée dans un contexte économique et se soucier avec le même poids et de façon désintéressée d’actions de solidarité. Le culte de la performance se marie quoi qu’on en dise assez mal avec une conception solidaire de la société.
De la même façon, on ne peut voir en la concurrence le seul filtre capable de produire de la performance et donc de la prospérité et, en même temps, se soucier avec le même poids de fractures sociales. Cette vision de la concurrence qui s’apparente volontiers à une sélection naturelle économique évacue naturellement la question de la production d’inégalités et d’un nombre croissant de situations de précarité.
Certains diront que ce n’est pas son rôle et c’est là tout le danger : à force de réduire la portée idéologique du capitalisme en ne considérant que sa fonction de production de richesses, on néglige la posture matérialiste et consumériste qui en découle dans différentes sphères de la société. On ne change pas de système de valeurs et de référents éthiques comme on change de chemises. C’est dans l’action et l’activité quotidienne que se forge une éthique. Ainsi, si on a pu limiter à raison la portée conceptuelle du modèle capitaliste en certains lieux, on peut également vérifier au quotidien que sa portée comportementale est très forte et ne s’encombre d’aucune limite de genres.
Le comportement économique d’un individu ne peut être totalement dissocié de son comportement social ou éthique, car ce sont nos actions au quotidien qui forgent notre système de valeurs et, l’expérience s’encombre assez rarement du filtre et du classement par genres de la raison.
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