Lagardère prend le virage du numérique... et y met tout son poids
Après quelques hésitations au début des années 2000 sur la stratégie à employer, le pôle médias de Lagardère (Lagardère Active Média) parie sur la convergence numérique et une vraie stratégie de contenus. Et en a probalement les moyens...
Pas facile pour un poids lourd du secteur des médias de passer au numérique au vu de la vitesse d’évolution des stratégies et de la créativité des concurrents. Historiquement, le groupe s’est développé dans l’édition, la presse, la distribution et la radio, autant d’activités qui ont souffert et ont montré tous les signes de l’usure "classique" de titres et de marques qui ont tardé à se lancer dans l’aventure Internet. Il faut dire qu’avec la douche froide de l’éclatement de la bulle "dotcom", les grands groupes qui avaient tous déboursé pour soutenir des start-up se sont vite repliés sur leurs anciennes habitudes.
Or depuis la reprise de l’activité numérique (une activité qui connaît également moins la crise actuellement que d’autres secteurs traditionnels), le vide laissé par les grands groupes a permis aux grands acteurs du web, comme Google et Yahoo, d’affirmer leur stratégie de portails multiservices et "info-médiaires" qui menacent de manière évidente les positions d’un groupe comme Lagardère. Que faire pour prendre le virage du numérique ?
Tout d’abord, un changement de management radical, avec l’arrivée à l’été 2005 de Didier Quillot, un patron atypique venu d’Orange chargé d’accompagner le groupe dans le numérique. Dans sa besace, son carnet d’adresse et sa créativité, un besoin réel dans le groupe, même si cela passe par des réductions d’effectifs dans les magazines les moins performants. Ensuite, la poursuite de l’acquisition de contenus forts, comme la participation de 20% dans Canal+ (qui pourrait monter prochainement à 34%), l’acquisition à l’arrachée de l’agence de droits TV et de marketing sportif Sportfive et celle de l’éditeur d’information Newsweb (Sports.fr, Sport4fun.com, Football.fr, Autonews.fr et Boursier.com). Une stratégie de renforcement des contenus qui vient enrichir ceux existants (Elle, Psychologies, Match, JDD, Europe1, Virgin17, une partie du Monde Interactif).
Tout l’intérêt de la convergence peut alors apparaître, si l’on pense que ces contenus aux thématiques variées (mais qui restent sur les "lignes fortes" du groupe : la femme, le sport, l’entertainment) peuvent bénéficier de la fusion des régies publicitaires magazine et audiovisuelles du groupe (créant de fait la 2nde régie publicitaire en France avec 2 milliards d’euros de chiffre d’affaire), pour proposer des packages déclinables en multicanal.
Cette convergence se double de nouvelles stratégies, avec la pénétration des marchés émergents (en Russie où le groupe a racheté 4 stations de radio, en Chine également), ainsi qu’une logique partenariale qui a prouvé sa pertinence dans le cas de Public et de Yahoo. Autre exemple de la convergence, une plate-forme numérique de vidéo à la demande pourrait être lancée, intéressant, par exemple, un Chinois amateur de buts anglais en football. Canal +, dont Lagardère détient 20 %, servirait de point d’appui, via Canalplay, alors que des synergies peuvent être trouvées au niveau international avec la régie Interdeco.
Il s’agit vraiment de parvenir à maîtriser dans une seule main un grand nombre de contenants et de contenus, pour en tirer le maximum en déclinant les offres selon les zones, les supports et les thématiques. Arnaud Lagardère l’avait dit lors de la réorientation du groupe en janvier 2007, "il ne faut pas avoir la nostalgie du papier, sinon on va se faire manger par les google et compagnies" (TeleSatellite).
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