Le capitalisme créatif, une manière d’aider les pays plus pauvres ?
Le forum économique mondial - ou sommet de Davos (Suisse) - réunit chaque année depuis 1970 les hommes d’affaires les plus en vue pour discuter des directions à prendre quant à l’avenir de notre planète. Bill Gates y a présenté cette année un discours sur les bienfaits du "capitalisme créatif" (creative capitalism). Qu’est-ce que c’est ? Quelle tournure veut-on faire prendre au système économique actuel ? Et pourquoi ?
![](http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L300xH210/Gates_alt_540x377-f8fdd.jpg)
Une situation difficile...
Ce système permet aujourd’hui à des milliards de personnes de "vivre mieux", au sens du développement et des progrès de l’humanité dans les sciences et technologies comme dans la vie quotidienne. Mais on a tendance à oublier les milliards d’hommes et de femmes qui, eux, en subissent aujourd’hui les conséquences : pauvreté, famine...
Des organismes tels que les gouvernements et les groupes à buts non lucratifs (Médecins du monde, Action contre la faim...) viennent en aide à ces personnes, à ces Etats. Mais est-ce assez ? Ces aides sont évidemment indispensables, nécessaires, mais on s’accordera tous à dire insuffisantes. Car c’est bien là le problème : une part énorme de l’humanité s’appauvrit et souffre de maladies incurables pendant qu’une autre s’enrichit et bénéficie de soins et d’une sécurité sociale. Mais est-ce aux gouvernements et aux ONG de donner plus ? Le capitalisme créatif tente d’apporter une aide différente : plus efficace et provenant d’autres sources.
Vous avez dit capitalisme ? Créatif ? Expliquez-moi ça, siouplaît !
Notre bon vieux Bill Gates n’en a pas fini avec son système économique préféré. Après avoir cédé la tête de l’entreprise leader microsoft, il a décidé de prôner le capitalisme créatif. Décryptage d’un article de Bill Gates paru dans Time.
En paraphrasant ce cher Bill,
"le capitalisme créatif n’est pas une nouvelle sorte de théorie économique. Et ce n’est pas non plus un bouleversement du capitalisme lui-même. C’est simplement un moyen de répondre à la question : ’Comment pouvons-nous distribuer efficacement les bénéfices du capitalisme et la gigantesque amélioration de qualité de vie à des personnes mises de côté par ce système ?’ "Alors, en quoi ça consiste ?
Tout simplement en une redistribution d’une partie des recettes d’une entreprise. Evidemment, il faut un retour à cet engagement. Et ce retour est en réalité au coeur de l’idée même du capitalisme créatif ; qui peut se former par deux moyens non mutuellement exclusifs - d’où l’intérêt - :
- une aide des gouvernements et des ONG en relation avec cette "clientèle" à tisser des relations et créer des opportunités commerciales ;
- par le fait même de cibler ce nouveau marché.
La réticence qu’ont les entreprises à s’ouvrir sur cette nouvelle clientèle se lie principalement au fait que, justement, pas ou peu d’autres entreprises ont déjà tenté l’expérience. Mais, à propos d’expérience, citons un exemple !
Safaricom, opérateur de téléphonie mobile, s’est implanté au Kenya en 2000 visant au maximum 400 000 utilisateurs. Aujourd’hui, il y en a plus de 10 millions (source : Time). Et je ne parle pas du marché des médicaments, si peu coûteux en fabrique !
Tout marché peut être porteur, il suffit de tenter le coup... Alors pourquoi tant de réticences ?
Les pays émergents, un marché difficile ?
Tout d’abord, citons le problème des régimes politiques. Assurément, cibler un marché soumis à des interférences politiques peut s’avérer difficile. Mais les changements de politiques commencent à se mettre en place, lentement, mais ils s’effectuent. Cibler un marché soumis à des Etats que l’on pourrait qualifier d’oligarchies ne peut que pousser son gouvernement à s’ouvrir et à s’adapter, à faciliter les échanges commerciaux... et politiques ! La Chine n’en est que le meilleur exemple.
Les clés de ces changements sont entre les mains des entreprises capitalistes et, comme toujours, il appartient à l’un des acteurs de faire le premier pas.
Des enjeux nécessaires
Parce qu’aujourd’hui ces pays en développement ne peuvent plus attendre, il appartient aux grands acteurs de ce monde de les aider par tous les moyens possibles. Certes, les ONG et les gouvernements font un travail énorme et indispensable, mais pour s’en sortir, un pays doit évoluer de l’intérieur.
Cette évolution, qui doit être économique, mais aussi politique pour la plupart, peut être grandement favorisée par une ouverture des marchés dans les deux sens (Etat client et entreprises fournisseuses). Mais si aucun des acteurs ne fait un pas vers l’autre, cette ouverture ne peut pas s’effectuer.
Le capitalisme créatif, c’est un moyen d’orienter les plus grands acteurs des échanges commerciaux vers des marchés qui ont besoin de s’ouvrir et qui le feront de plus en plus rapidement selon qu’on leur permettra de s’intégrer.
Et puis, quoi de plus glorifiant pour une entreprise que de pouvoir se revendiquer comme éthique ? Non seulement la publicité auprès des consommateurs la favorise - voir, par exemple, la campagne de communication (Red) -, mais à l’heure où les regards de tous les Occidentaux se tournent vers les pays émergents, il est aussi bon pour un salarié de savoir que son entreprise aide et favorise le développement économique des Etats en difficultés.
Il ne tient qu’aux entreprises d’oser choisir ces nouveaux marchés, et ainsi contribuer un peu à l’aide et aux différentes redevances historiques que nos nations d’aujourd’hui ont envers ces Etats en besoin d’aide au développement.
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