Le capitalisme peut-il être moral ?
Incroyable retour de bâton ! Les banques, avides par nature de vouloir toujours le maximum de rendement, se sont prises les pieds dans le tapis. Depuis la fin des trente glorieuses, qu’elles n’ont pas aimées pour avoir été trop encadrées, elles ont tout fait pour optimiser le rendement de leurs prêts : le différentiel entre le niveau de l’inflation qui dévalorisait les remboursements, et les taux d’intérêt devait être le plus important possible. Donc s’arranger pour maintenir ou mieux faire baisser le niveau des masses monétaires en circulation, les salaires en premier lieu. En particulier les salaires des fonctionnaires, et le SMIC. En effet plus ces masses augmentent en volume et plus la valeur unitaire de l’argent baisse. Suit naturellement, pour compenser cette perte, l’augmentation des prix… Aller dans ce sens consistait donc de la part du lobby bancaire, à faire croire aux politiques que la modération des salaires allait rendre les entreprises plus compétitives. Et pour éviter que l’Etat fasse tourner la planche à billets nécessaires à ces augmentations qui duraient depuis la fin de la guerre 39-45, le couple Giscard-Pompidou, a fait passer de façon presqu’inaperçue une loi, celle du 3 janvier 1973, qui l’interdit. Elle a été « vendue » comme anti-inflationniste (obliger l’Etat à emprunter était censé l’assagir). Prêter dans une période sans inflation, c’était gagnant-gagnant pour tout prêteur. Mais, aveuglées par la montée vertigineuse de leurs actifs, les banques n’ont pas pensé que la roue pouvait se mettre à tourner à l’envers : trop freiner les salaires diminue le pouvoir d’achat donc le pouvoir de remboursement des emprunteurs. La crise des « subprimes » avec la perte d’actifs circulant dans le réseau bancaire, en est la conséquence. Ce que les économistes depuis Keynes, appellent justement la « trappe aux liquidités ». Les « inégalités » en Amérique, renforcées en Europe par le contrôle des taux directeurs attribué à la BCE pour lutter contre l’inflation, sont donc à l’origine de la crise. Le cycle qui ralentit les échanges de ces actifs ouvre sans arrêt de nouvelles trappes. La finance commence à paniquer car elle ne sait plus à quel saint se vouer : prêter à ceux qui en ont besoin (Etat et particuliers) suppose se garantir par des taux élevés qui paradoxalement augmente le risque de non remboursement. Ces banques, se sont donc prises à leur propre piège : pour se garantir, elles en arrivent à prêter leur argent (qu’elles n’ont pas !) à taux négatif à ceux qui sont plus à même de le leur rendre (presque) intact. A des pays comme la France ou l’Allemagne. C’est un moindre mal. Tout est en train de se retourner. Du jamais vu : prêter à taux négatif c’est perdre de l’argent à cause de ces taux, mais aussi parce que l’inflation, même faible existe toujours. Perdant-perdant. Ou l'arroseur arrosé. La morale capitaliste existerait donc ? On pourrait le penser à ceci près que les banques qui commencent à sombrer risquent d’entraîner avec elles une partie de la population qui n’a pas les moyens de se sauver et de sauver leur argent. Restera à nationaliser les plus folles d’entre elles. Et, seule sortie de secours, le recours à la planche à billets… français, donc sortir de l’Euro.
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