Le chômage continue d’augmenter
La preuve, chiffres à l’appui

18 600 chômeurs de moins en juin, première baisse après 11 mois consécutifs de hausse (-0,7%) : un "signal encourageant dans le contexte actuel de crise économique et financière", selon la ministre de l’Economie, Christine Lagarde, qui ajoute : "cette évolution favorable a tiré profit des mesures prises depuis plusieurs mois". Le communiqué de l’UMP salue également la nouvelle, prétendant qu’elle prouve "l’impact de la politique menée par le gouvernement". Tout cela est bel et bon, sauf que le chômage a en réalité continué d’augmenter ! La minime baisse ne concerne que les chômeurs en catégorie A, soit immédiatement disponibles et n’ayant exercé aucune activité. Un excellent article sur Actuchômage fait les comptes : "Cette apparente bonne nouvelle est un leurre car, parallèlement, le nombre de demandeurs d’emploi ayant exercé une « activité réduite » (courte ou longue, catégories B et C) sont, eux, toujours en hausse : +27 800 pour un total de 1.110.300 actifs goûtant aux joies de la précarité, faute d’emplois dignes de ce nom... Il ne s’agit donc que d’un effet de transfert d’une catégorie sur l’autre. Ainsi, le total des inscrits en A, B ou C — le gros des chômeurs tenus d’accomplir des « actes positifs de recherche » — s’élève à 3 634 800 en métropole (9200 personnes de plus par rapport à mai, soit +0,3%). Avec les DOM, on grimpe à 3 850 500 ! Et, toutes catégories confondues (ABCDE), y compris les mal nommés « dispensés de recherche » (seniors en DRE), le nombre total d’inscrits à Pôle Emploi ressort à 4 097 800, soit 29 700 personnes de plus sur un mois." Pas mal pour une baisse du chômage, non ?
Derrière ces chiffres, une réalité : la précarité augmente. "Ceux qui exercent une « activité réduite » sont de plus en plus nombreux : environ un tiers des inscrits sur les listes de Pôle Emploi. Si la catégorie B (moins de 78 heures dans le mois) a diminué de 2,6%, c’est au profit de la catégorie C (plus de 78 heures) qui a pris 7,1%… Et il s’agit le plus souvent d’emplois précaires, peu ou pas qualifiés, tandis que les contrats en CDI se raréfient de manière inquiétante." Mais ce n’est pas tout : pour pouvoir justifier d’une soi-disant baisse du chômage, on exclut sciemment des chômeurs des statistiques prises en compte en priorité par les médias, complices de cette manipulation. Nous voulons parler d’une part de la catégorie D, celle des "demandeurs d’emploi non immédiatement disponibles en arrêt maladie, en stage/atelier bidon, en formation ou en CRP/CTP — qui a vu en mai ses effectifs croître de 3,4% sur un mois et 19,3% sur un an avec 207 500 inscrits. Au 1er juillet, on y recensait 58.000 CRP (+139% en un an) et 5 000 CTP (+250% sur un an), deux dispositifs peu convaincants qui doivent être étendus. De quoi escamoter des chiffres officiels des milliers de licenciés économiques dont le nombre d’inscriptions continue de progresser (+53,1% sur un an)." Il faut ensuite aborder les "mystérieuses sorties de Pôle Emploi pour « cessations d’inscription pour défaut d’actualisation », qui ont progressé de 19,3% sur le mois et concernent 33 300 personnes de plus qu’en mai. Il s’agit, nous dit-on, « de chômeurs qui ne sont plus décomptés par Pôle Emploi faute d’avoir mis leur dossier à jour, mais qui pourront être repris en compte une fois cette actualisation effectuée »..." On se félicite qu’il y ait 18 600 chômeurs de moins dans le même temps que 33 300 ont été désinscrits par Pôle Emploi !
Les plus de 50 ans tricards
Mentionnons enfin, à l’heure où le gouvernement s’apprête à nous infliger un nouvel allongement de la durée de cotisation requise avant de faire valoir ses droits à la retraite, la situation des plus de 50 ans : ils "sont toujours plus nombreux à faire partie des charrettes (+1,5% sur le mois et +23% sur un an, soit 407 800 à fin juin), contrairement aux préconisations gouvernementales sur l’emploi des seniors..." Voilà la grande escroquerie : obliger à cotiser plus longtemps des gens qui ne parviennent plus à retrouver de travail équivaut à les priver d’une retraite à taux plein et ouvre la voie royale au privé. Bienvenue dans le joli monde libéral : ceux qui pourront s’offrir une retraite par capitalisation - les plus hauts revenus - s’en sortiront, mais les petites gens, au salaire trop faible pour assumer une complémentaire, en seront réduits à tenter de survivre avec une pension de misère, contraints s’il le peuvent à continuer de travailler, en occupant des emplois au rabais, jusqu’à ce que leurs forces les abandonnent définitivement. Travailler plus pour mourir plus tôt. Ce tableau sinistre est encore noirci par l’aggravation du chômage de longue durée : "Quant au nombre de chômeurs à la recherche d’un travail depuis un an et au delà, il a connu une hausse record de 4,6% au premier trimestre (+2,5% en juin à Pôle Emploi, catégories ABC) : la barre du million est largement franchie (1,197)." On le voit, là où Lagarde décèle un "signal encourageant", c’est en réalité la désespérance sociale qui avance à grands pas.
PS : le dessin ci-dessus est emprunté au blog Ce qui me fait rire, sourire, espérer et ce qui me fait peur, criser...
Consultez les autres articles de Plume de presse sur les manipulations orchestrées autour du chômage :
Mai 2006 : Baisse du chômage : le miroir aux alouettes
Mars 2007 : 579 558 chômeurs radiés en 2006, et moi, et moi, et moi
Juin 2008 : Chômage : une baisse en trompe l’œil
Juin 2009 : Pôle emploi, symbole de la faillite des "réformes" sarkozystes
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