Le fiasco de la Réserve Fédérale US
C’est incontestable, l’économie des pays dits “développés” ralentit et le coupable est l’inflation ! En réalité, la quasi-totalité de la responsabilité en incombe aux 600 milliards de dollars en passe d’être injectés par la Réserve Fédérale dans le cadre des « QE2 », soit le second round des baisses de taux quantitatives initié en Novembre dernier et qui devrait se conclure dans un peu plus d’un mois.
Responsable et coupable, la Fed l’est manifestement pour avoir travaillé à réduire nos pouvoirs d’achat et les indices de confiance des consommateurs par la promotion active de l’inflation, effet collatéral évident des QE2. Pour autant, la Fed n’a pas fait que des malheureux : N’a-t-elle en effet pas contribué incidemment à l’appréciation de quelque 30% de ses bourses – et des indices mondiaux – depuis Août dernier ? Du reste, cette ascension boursière n’a-t-elle pas été précisément provoquée pour procurer un sentiment de richesse censé stimuler la consommation ? Et tant pis si seule une minorité profite de cette flambée des bourses tant il est vrai que seuls 12% des ménages américains possèdent un portefeuille titres de 100’000 dollars ou plus… Autrement dit, les appréciations boursières et autres progressions euphoriques des matières premières et des métaux précieux n’ont bénéficié qu’à une très faible proportion de la population de nos pays développés.
Les stimuli de la Fed, aux effets plus que limités sur la consommation, n’ont fait qu’enrichir les plus riches tout en laissant sur le carreau une immense majorité sinistrée parce que incapable de dépenser plus dans ce contexte inflationniste.
Les statistiques du P.I.B. américain du premier trimestre de cette année, publiées la semaine dernière en baisse nette à 1.8% par rapport à 3.1% pour le dernier trimestre 2010, le prouvent du reste. Les faits sont incontestables : la consommation diminue dangereusement au moment fatidique où la Réserve Fédérale s’apprête à interrompre ses stimuli. Pire encore : elle ralentit à 2.7% en ce premier trimestre 2011 (contre 4% au dernier trimestre 2010) au moment où ces mêmes stimuli sont à leur climax, c’est-à-dire au moment où ils sont censés produire leurs effets les plus tangibles ! Bref, ce second programme des « quantitative easings » aura été un fiasco en bonne et due forme, en tout cas vu sous l’angle du citoyen moyen qui n’aura même pas bénéficié de taux d’intérêts plus avantageux sur ses crédits. Car c’est le Président de la Fed en personne Ben Bernanke qui, en lançant les QE2 en Août dernier, devait insister sur leur effet premier (favorable envers les ménages et les PME) car supposé comprimer de manière décisive leurs coûts de financement.
Pourtant, que constate-t-on aujourd’hui après 400 milliards de dollars injectés dans le système ? Que ces sommes n’ont fait qu’attiser les craintes inflationnistes avec, comme conséquence mécanique, une lente mais certaine remontée des taux sur cartes de crédits et prêts hypothécaires aux effets néfastes sur le pouvoir d’achat et sur un marché immobilier qui n’en avait vraiment pas besoin. Ainsi, en lieu et place de motiver les établissements financiers à consentir davantage de crédits, les banques américaines sont actuellement assises sur une masse de liquidités de l’ordre de 1’400 milliards de dollars qu’elles ne prodiguent que parcimonieusement et que bien-sûr en faveur des plus aisés (donc des débiteurs les plus solvables).
De plus, ces taux plus élevés ne reflètent en rien une anticipation de meilleure croissance car les pressions inflationnistes neutralisent quasiment tout optimisme en la matière… Le marché obligataire se comporte effectivement comme s’il prévoyait une croissance molle accompagnée d’une recrudescence de l’inflation. Le choc à venir risque donc d’être extrêmement brutal car la fin des QE2 sera vraisemblablement couronnée d’un remake du cauchemar hyper inflationniste ayant marqué les années 80 et caractérisé par une inflation à 15% et des taux à 22% ! Le malaise – voire la nausée – économique n’est pas prêt de passer…
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