Le FMI avoue que la mondialisation fait beaucoup de perdants
Les altermondialistes auraient-ils un nouvel allié ? Le Fonds monétaire international (FMI) vient de reconnaître que tout ne va pas pour le mieux dans le merveilleux monde de la mondialisation. Le rapport entre les salaires et les autres sources de revenus est de moins en moins favorable aux salariés. La solution : maintenir le cap avec quelques petits ajustements. On croit rêver.
Voici, en termes techniques bien pesés, ce que recommande le FMI : « Un soutien adéquat en matière de revenu devrait exister pour amortir les effets du processus de changement sans pour autant lui faire obstacle. » (L’Expansion. Le FMI appelle à mieux partager les fruits de la mondialisation).
Le changement souhaité par l’institution internationale qui a imposé les tristement célèbres ajustements structurels va dans le sens d’une ouverture au marché mondial, d’une libéralisation interne et d’une restructuration des dépenses de l’Etat. (Pour mieux comprendre ce que sont les ajustements structurels, lire une synthèse de ces politiques faite par le milieu des affaires, ce qui est ironique vu que le FMI reconnaît ses erreurs.)
Ce qu’il y a d’incroyable dans la prise de position du FMI, c’est que ce sont les salariés qui paieraient la note, par leurs impôts, des mesures d’accompagnement de la libéralisation des marchés qu’il prône. Il faut savoir que les revenus des États (du moins les plus riches, qui ont des systèmes d’impôt un tant soit peu potables) proviennent de plus en plus des salaires. Il faut aussi savoir, petit détail en passant, que les plus hauts salariés profitent largement de mesures d’exemptions fiscales.
La palme du sophisme va à L’Institut international de la finance (IIF) pour lequel l’économie mondiale connaît « un sentiment peu courant de malaise et d’angoisse sur fond de prospérité ». (Les entreprises veulent plus de place au FMI).
Je sens une larme vous monter à l’oeil face à cette angoisse des milieux financiers.
L’IIF demande que les entreprises du secteur financier soient davantage associées aux décisions du FMI. On les comprend : elles jouent tellement avec le feu qu’elles ont besoin du pompier 24 heures sur 24.
Au Sud, le pompier en question distribue des allumettes et recommande de mettre le feu à tout ce qui n’est pas conforme à une certaine vision du développement économique.
Cela ne vous rappelle pas ces barbiers-chirurgiens d’autrefois qui saignaient encore plus le malade en soutenant que cela allait l’aider à se rétablir ?
Il se pourrait bien que l’approche chirurgicale du FMI gagne bientôt l’ensemble de l’ONU, si une réforme proposée par le Groupe de haut niveau sur la cohérence du système des Nations Unies voit le jour.
Parmi les recommandations du groupe d’experts, contenues dans le document Delivering as One, se retrouve la création d’une commission de l’ONU formée du secrétaire général, du président de la Banque mondiale et du directeur du FMI dont l’objectif serait de s’entendre formellement sur leurs rôles respectifs tant au niveau global que dans chaque pays où l’ONU est présente.
Les pays non alignés et le groupe des 77 sont très sceptiques envers toute approche unifiée du développement (South Faults One-Size-Fits-All Approach).
On les comprend. Devinez qui fixerait l’agenda de l’ONU ?
19 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON