Le lobbying de Sanofi s’intensifie, Catherine Lemorton résiste, Montebourg pointe aux abonnés absents
Catherine Lemorton, présidente (PS) de la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale a répondu dans La Croix aux tentatives maladroites de manipulation de l'opinion par la Direction de Sanofi. " L’industrie pharmaceutique devrait arrêter de se poser en martyr. D’abord, les médicaments sont, chez nous, plus chers que dans la moyenne des pays comparables. De plus, les efforts demandés sur les prix concernent toute la chaîne, les industriels mais aussi les répartiteurs et les pharmaciens. Les laboratoires trouvent aussi d’autres façons de rebondir. Je vois, d’ailleurs, qu’ils s’allient avec les industriels de l’alimentation, au point que je trouve parfois étonnant de voir côte à côte ceux qui créent le diabète et ceux qui le soignent. "
Par ces propos, Catherine Lemorton attaque la récente campagne de communication de Sanofi sur son alliance avec Coca-cola pour développer des "boissons bien-être". Cette opération franco-française, avec le géant américain, n'a pour autre objectif que d'inciter les médias à parler d'autre chose que de la crise sociale que traverse le Groupe. En parallèle, le cabinet de lobbying Boury Tallon & Associés continue de pousser dans les médias français son argumentaire en 3 points :
- L'industrie pharmaceutique va mal
- Les chercheurs français ne produisent rien de valable
- Nous n'avons pas d'autre choix que de délocaliser.
Dans l'article de La Croix du 24/10/2012, L’industrie pharmaceutique en pleine mutation, le schéma reste le même que d'habitude :
Reprenant point par point la communication dictée par le lobbyiste Paul Boury mandaté par Sanofi, et proche de François Hollande, le journaliste Pierre Bienvault nous explique spontanément que l'indutrie pharmaceutique va mal. Sanofi n'est pas le seul à licencier. S'appuyant sur un article de l'Usine Nouvelle, il nous dresse une liste de charrettes touchant l'industrie pharmaceutique dans son ensemble : 267 visiteurs médicaux en moins chez Merck Serono, 250 chez Takeda, 249 chez Merck, 230 chez Fournier, 225 chez Pfizer...
Avec ses 914 "départs volontaires", soit quasiment autant que tous les autres réunis, Sanofi ne fait donc pas figure d'exception. Ce qu'il omet néanmoins de préciser, c'est que les laboratoires cités ci-dessus sont des entreprises étrangères qui lancent des plans sociaux sur leurs forces de vente en France pour s'adapter à un marché en difficulté, tandis que Sanofi est une entreprise française qui démantèle une partie non négligeable de sa R&D sur son sol domestique, ce qui n'est pas pareil. Cette fois-ci, il n'est plus question de visiteurs médicaux mais de chercheurs. Sanofi, sous l'impulsion de sa Direction prévoit de délocaliser dans les pays low-cost le noyau dur de l'entreprise.
Que voulez-vous la situation est dure !
"En mai dernier, cela a été au tour de Sanofi et de son anticoagulant vedette, le Plavix, dont le chiffre d’affaires avait atteint 3,7 milliards d’euros en 2011 sur le sol américain. « Dans les deux à trois semaines qui ont suivi la chute du brevet, Sanofi a perdu près de 90 % des ventes du médicament », constate Christian Lajoux."
(...)
« Aujourd’hui, beaucoup d’entreprises doivent changer leur modèle de développement pour faire face à l’évolution des connaissances scientifiques. Ces restructurations visent à redynamiser nos capacités de recherche et d’innovation », plaide Christian Lajoux, président de Sanofi France et du Leem, le syndicat des laboratoires.
Comprendre par là : "on s'est fait des milliards, mais à cause des génériques, on ne se fait plus que des centaines de millions. Et pendant ce temps, nos chercheurs ne produisent rien ! Allons voir ailleurs !"
Pendant ce temps, le PDG de Sanofi, Chris Viehbacher fustige sa R&D dans L'Expansion : Pour Viehbacher, aucun médicament n'est sorti des labo Sanofi en 20 ans :
La réorganisation de la recherche de Sanofi vise à "accroître significativement le nombre de médicaments" produits en France et ne constitue "pas une action de réduction de coûts", a affirmé jeudi le directeur général du groupe pharmaceutique, Chris Viehbacher.
En clair, ce n'est pas une question d'argent. Nos chercheurs sont des mauvais, on vous l'a dit ! On les vire !
"Vous ne pouvez pas avoir le champion de France en recherche et développement qui soit incapable de produire des nouveaux médicaments", a-t-il lancé.
"C'est absolument essentiel, non seulement pour la santé du groupe dans son entier, mais aussi pour assurer la continuité des activités" et des "27 sites de production que nous avons en France", a-t-il poursuivi.
La communication de Sanofi vient d'entamer un nouveau tournant. Par un habile chantage à l'emploi, Chris Viehbacher justifie ... un plan social ! "Si vous nous bloquez sur la charrette Recherche, vous assumerez des fermetures d'usines".
Depuis que la Direction de Sanofi a fait entrer dans la danse son cabinet de lobbying, la presse française reprend docilement un argumentaire feutré, tout en se montrant parfois un tantinet acidulée afin de donner l'illusion qu'elle sait se montrer critique et indépendante...
Au fait, quelqu'un a-t-il vu Arnaud Montebourg ? Son silence serait-il aussi le témoin de l'influence de Boury-Tallon & Associés ? Pas de panique, il n'est pas loin ! Après Armor Lux, il défile demain à Bruxelles pour Vuitton !
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