Le massacre du luxe et du prêt à porter « made in France »
Les principales fédérations du textile habillement et quelques grands groupes du secteur, ont, avec la complicité des pouvoirs publics, précipité la délocalisation de cette industrie.
Paradoxalement, au moment où toutes les personnalités politiques prétendent vouloir sauver le « made in France », nous assistons à la disparition des derniers sites français de production.
TRANSFERT DE NOTRE SAVOIR-FAIRE A LA CHINE
LE LEADERSHIP MONDIAL DE LA MODE FRANÇAISE ET DU LUXE BIENTÔT MENACÉ
Pourtant, en 2009, dans son rapport commandé par le ministère de l’industrie "Un plan pour la façon française", Clarisse Perrotti Reille mettait en garde les donneurs d’ordres de la mode et du luxe :
Le salon « made in France » 2012 se tiendra les 28 et 29 mars et regroupera à peine 60 façonniers de l’habillement au lieu de 120 en 2008. On peut craindre que le salon de la Haute Façon 2012 soit l’une des dernières éditions de ce salon de l’excellence du savoir-faire français.
LE RENONCEMENT DE NICOLAS SARKOZY
Lors de l’annonce de sa candidature, Nicolas Sarkozy nous a fait part de sa résignation face à la mondialisation : « le textile ne marche plus car il y a une concurrence effrénée en Inde et ailleurs » mais nous a néanmoins présenté la maroquinerie haut de gamme comme un secteur d’avenir.
Notre président s’est également félicité de son intervention pour former au métier de maroquinière, 93 des 340 salariées licenciées de Lejaby, mais n’a pas semblé regretter le gâchis de la disparition du savoir-faire du dernier fleuron français de la lingerie de luxe.
Cependant, selon Raymond Vacheron, responsable CGT textile : « À Lejaby, les salariées produisent sept soutiens-gorges de l’heure, et sur un soutien-gorge qui se vend 80 euros dans le commerce, seulement 2 euros servent à rémunérer le travail ! ». Même si l’on compte un coût de production plus réaliste de 10 ou 12 euros, on s’aperçoit que la délocalisation n’était pas inéluctable.
Par ailleurs, la maroquinerie haut de gamme qui selon Nicolas Sarkozy, offre davantage de perspectives d’avenir que le textile, ne fournit qu’une dizaine de milliers d’emplois de production dans l’hexagone et la plupart des articles vendus en France, du bas au haut de gamme, proviennent d’Asie.
Les marques de maroquinerie fabriquant encore en France, sont rares : parmi les plus fameuses, Hermès, qui emploie 1700 ouvriers et Louis Vuitton (Groupe LVMH), dont les articles en toile cirée ornée du célèbre monogramme, génèrent 3 000 ou 4 000 emplois sur les sites de production implantés en France.
La concurrence effrénée et déloyale provoquée par le dumping monétaire, social et environnemental de pays en développement, n’est évidemment pas spécifique aux secteurs du textile et de la maroquinerie Aujourd’hui, aucun secteur n’est épargné et faut-il pour autant renoncer définitivement à produire en France alors que notre déficit commercial a augmenté de 35 % en un an pour atteindre son record avec 70 milliards d’euros en 2011 et que l’on compte 1 million de chômeurs en plus depuis 5 ans ?
Certes non, et il existe des solutions pour relancer l’industrie manufacturière des biens de consommation, à condition bien sur, d’en avoir la volonté politique.
L’ESSOR DU LUXE DANS LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT CREE-T-IL DES EMPLOIS INDUSTRIELS EN FRANCE ?
Le secteur du luxe réalise un chiffre d’affaires proche de 50 milliards d’euros que se partagent quelques groupes qui créent peu d’emplois en France et contribuent peu à notre économie.
Pour exemple, LVMH, n°1 mondial du luxe, a réalisé en 2011, un chiffre d’affaires de prés de 24 milliards d’euros mais 77 % des 80 000 salariés du groupe sont employés hors de France. Soit, selon nous, moins de 7 000 ou 8 000 emplois manufacturiers dans notre pays.
LA RESPONSABILITÉ DES PROFESSIONNELS ET DES POLITIQUES
La reconnaissance providentielle de l’état, a ainsi fourni des moyens supplémentaires à ces inconditionnels partisans de la mondialisation et encore accéléré la délocalisation de l’industrie française.
Complices, nos gouvernements successifs, de Droite ou de Gauche, ont, au nom du dogme néolibéral du libre-échange, également trahi la confiance de nos concitoyens, ouvriers et consommateurs, en collaborant au démantèlement d’une industrie française patiemment construite et riche d’un savoir-faire appartenant au patrimoine national.
Francis JOURNOT
Mouvement associatif RENDEZ NOUS NOTRE INDUSTRIE !
www.rendez-nous-notre-industrie.com et www.vetements-made-in-france.com sont des associations citoyennes indépendantes et sans appartenance politique.
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