Il y a quelques jours, L’œil de Brutus présentait une vision radicale de nos sociétés dans le futur. Bien sûr, cela est sans doute exagéré. Mais quand on va à la source de la pensée néolibérale, on se dit que, dans la durée, la tendance est bien celle d’une société extrêmement inégale et aux relents autoritaires.
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Toujours plus d’inégalités
La montée des inégalités est spectaculaire. Les revenus réels moyens ont progressé de 17% depuis 1973 aux Etats-Unis, ce qui est déjà faible. Mais en réalité, les revenus des 90% les moins riches ont baissé de 13% sur la même période. Cela a été compensé par la forte hausse des 10% les plus riches, et plus encore, du 1% le plus riche (+187% !!!). Les revenus des 90% les moins riches sont aujourd’hui au même niveau qu’en 1965 ! Et la situation s’aggrave puisque 95% de la hausse des revenus depuis 2009 est allée au 1% le plus riche. La moyenne (+6,1% en 3 ans) ne veut rien dire puisque pour 90% de la population, les revenus baissent de 1,6% quand ils montent de 31% pour le 1% le plus riche…
Ces chiffres poussent les néolibéraux à s’interroger.
The Economist a consacré un long papier au dernier livre de Thomas Piketty, «
Le capital au 21ème siècle ». Mais le titre «
tous les hommes sont créés inégaux » indique que l’hebdomadaire en tire la conclusion que la montée des inégalités est consubstancielle au capitalisme (on suppose qu’il exclut en effet les Trente Glorieuses, qui avaient vu une grande compression des inégalités, du fait de taux d’imposition marginaux – entre 60 et 80% - qu’il considère sans doute comme excessifs). Dans «
La moyenne est finie »,
Tyler Cowen soutient que seule une élite de 10 à 15% de la population profitera de la croissance à l’avenir, laissant 85% sur le côté.
Expliquer les inégalités et non les combattre
Quelques semaines plus tard, suite à la publication de l’étude qui indiquait que 47% des emplois étaient menacés d’ici 2030 du fait du progrès technologique (évoquée par Thomas Schott il y a quelques jours), The Economist a fait un dossier intéressant sur « le futur des emplois ». Ce faisant, il affirme que « l’innovation technologique précédente a toujours produit plus d’emplois, et non moins, mais que les choses peuvent changer ». Il soutient que « les gains de productivité des prochaines automatisations seront réels, même s’ils risquent de principalement aller aux possesseurs des machines » et pronostique que « l’inégalité pourrait augmenter dans un tel monde ». Pourtant, elle est déjà trop élevée…
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The Economist explique que «
le marasme actuel des salaires pourrait, comme celui des premiers temps de l’industrie, être temporaire, avec une amélioration à la suite ». Tout le problème vient du fait que le terme «
temporaire » est trompeur. Dans un graphique, il montre que les salaires moyens (sachant en outre que la moyenne est trompeuse) ont stagné de 1770 à 1830 outre-Manche. En prenant comme point de départ 1970 auxpour les Etats-Unis, il n’y aurait plus « que » 20 ans de stagnation à attendre… Sauf que leur graphique indique que le bon point de départ est plutôt 1980, ce qui signifie que le climat de basse pression salariale pourrait se maintenir pendant encore trente ans, presque une génération de travail.
De la démocratie à l’oligarchie mondialisée
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Il est hallucinant que devant les problèmes posés par la mondialisation (hausse des inégalités et des crises), la solution présentée par Davos soit toujours plus de mondialisation, répliquant le discours des hiérarques soviétiques. La vraie solution,
comprise par François Lenglet, c’est moins de mondialisation…