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Accueil du site > Actualités > Economie > Le nouveau capitalisme du G20 : une nouvelle utopie

Le nouveau capitalisme du G20 : une nouvelle utopie

Mais où sont passés les propositions du G20 ? Les propositions des vingt plus grands pays industrialisés au monde et de leurs dirigeants avec à leur tête le messie Obama, sont en train d’être oubliées pour des intérêts privés, le maintien d’une mondialisation opportuniste, l’envie d’une nouvelle euphorie grâce aux bonnes vieilles règles des spéculations, et surtout parce que le capitalisme ne semble avoir aucune envie de changer. Le dernier sommet de Londres d’avril 2009 risque de rester aux yeux de tous, une grande hypocrisie. Explication sur la mort du capitalisme moralisé.

Au bon vouloir des banques et autres investisseurs :
 
Le G20 et N. Sarkozy en tête l’ont dit : "le temps du secret bancaire est révolu". Certes, cela a été lancé aux paradis fiscaux, mais a fortiori aux banques qui, souvenons-nous, ont spéculé en bourse par la titrisation des titres de créances portants l’insigne de l’incapacité de remboursement. Personne ne l’a vu mais tout le monde a semblé en profiter, au détriment des millions de contribuables américains qui se sont vus mis à la porte de leur propre maison. Il faut dire que ces opérations financières ont été faites dans des sortes de boîte noire appelés SPV (Special Purpose Vehicules), tout cela pour cacher au monde la genèse d’une nouvelle crise mondiale.
 
Alors, à Londres, tous les dirigeants ont crié au scandale et ont appelé à de nouvelles règles de gouvernance des marchés (règles sur les salaires et les bonus), à une liste noire des paradis fiscaux et à la fin du secret bancaire ; mais ils ont vite oublié que le pouvoir économique surpasse l’Etat sous le consensus de Washington. En effet, les Etats présents au sommet n’ont pour l’instant rien fait pour changer le capitalisme, car effrayés par le risque de voir leur afflux de capitaux s’en aller vers un pays bien plus accueillant et moins réglementé. Les banques américaines, après avoir reçu les aides de la FED qu’est la banque centrale américaine, ont tout simplement rejeté les propositions du G20, pour à la place, reprendre les vieilles habitudes.
 
Le risque était trop gros : si les banques, les entreprises délocalisent, cela est traduit par une hausse du chômage, une baisse de l’investissement, une baisse de la croissance. Même Obama ne peut résister face à ce chantage. L’économie de marché à la mode capitaliste a du mal à accepter les règles et décide elle-même sans l’avis de l’Etat. Ici, c’est la rentabilité et le profit qui priment. On n’a plus qu’à remercier l’héritage de Reagan, surtout quand celui-ci influence le FMI.
 
Le nouveaux capitalisme utopique incompatible avec la mondialisation :
 
Là où l’hypocrisie est la plus insupportable, c’est sur la question de la mondialisation. Un économiste célèbre : Joseph Stiglitz, a expliqué, dans son livre la grande désillusion, comment la main invisible selon Hayek détruisait l’économie des pays émergents grâce à l’aide du Fonds Monétaire International. Ce dernier imposait des règles aux pays désirant maintenir les signes de leur conjoncture. Des règles telles que : la libéralisation financière et commerciale mises en place le plus rapidement possible sans prendre en compte si le pays avait une sécurité sociale. Le non respect de ces contraintes amenait à la fin de toute subvention. Beaucoup de pays se sont cassés la figure comme le Kenya dans les années 2000, puisqu’ils avaient écoutés le FMI en faisant une libéralisation totale trop hâtive et donc risquée.
 
On aurait pu croire à un changement de comportement du FMI, qui va se voir offrir 500 milliards de dollars selon le G20, mais espérer en cela c’est oublier l’intérêt des pays occidentaux à maintenir le plus longtemps possible leur monopole dans ces régions des pays du Sud, car n’oublions pas que la mondialisation ne se fait que dans un sens. Les multinationales font vite pour s’installer dans ces pays, et font vite aussi pour détruire toute concurrence locale. Une fois l’oligopole atteint, ces entreprises n’ont plus qu’à augmenter leurs prix et leurs profits. Certes, cela est affreux mais apporte de la croissance aux pays occidentaux qui auront beaucoup de mal à renoncer à ces afflux de capitaux, image du colonialisme contemporain.
 
On reste donc sceptique à l’application de ce nouvel ordre capitaliste mondial promis par le G20. Les pays occidentaux, en perte de vitesse, ont oublié de balayer devant leur porte avant de crier scandale aux spéculateurs, puisque ces Etats industrialisés vont longtemps hésiter à lâcher leur monopole pour une véritable concurrence loyale et réglementée.
 
Une théorie, oui, mais la pratique ?
 
On ne peut en vouloir à nos dirigeants l’envie de changer le monde. Qu’est-ce faire la politique sinon croire en l’amélioration de la société ? Mais à nouveau, l’idéologie prime sur le bon sens et cette idéologie d’un capitalisme moraliste semble difficile à croire. En effet, injecter de la moral au capitalisme semble contraire à elle-même. Ce serait mettre des obstacles aux but finaux de la liberté total d’entreprendre qu’est la maximisation des profits. Comme tout capitaliste cherche la rentabilité, il ne va pas se mettre des bâtons dans les roues, au risque de voir apparaître de la corruption pour s’approprier le plus de part de marché et pour détourner la machine de l’Etat. Il n’y aura pas de morale tant que l’intérêt privé surpassera l’intérêt commun. Mais ne crions pas à mort l’économie de marché pourtant puisque ce dernier n’est pas forcement libéral.
 
La main invisible d’Adam Smith est une chose abstraite dans la théorie des marchés, mais dans la réalité, celle-ci doit être incarnée par quelque chose de bien plus palpable : l’intérêt commun de ceux qui se trouvent dans le marché. En clair, il faut que l’économie de marché se dote de règles bénéfiques à tous, que ce soit aux entrepreneurs, aux consommateurs, aux banques, etc. La plupart du temps, les règles étaient faites pour l’intérêt du signataire, il faut prendre une vision bien plus orthodoxe des règles, et donc oublier l’idéologie.
 
La crise et après ? Encore une crise :
 
Pour le moment, l’heure est au retour à la case départ : les actionnaires spéculent dans leur bulles, les pays émergeant trinquent face aux multinationales, et la fracture sociale s’écarte encore. Puisque tout le monde semble ne pas prendre en compte les leçons de la crise financière de 2008, et qu’aucun de ses acteurs ne semble avoir de remords, il faudra s’attendre à une nouvelle crise, bien plus grave et profonde. C’est comme un cercle vicieux. La crise, et après ? Encore une crise. Moi, du bas de mes seize ans, j’espère en un socialisme de marché, l’intérêt commun compatible avec l’économie de marché.
 

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5 réactions à cet article    


  • Walden Walden 10 août 2009 12:39

    La notion de « main invisible » est une belle fumisterie qu’il conviendrait de ranger enfin dans le placard à sortilèges, avec les esprits animaux, l’éther subtil, et tant d’autres fantaisies désuètes. C’est une notion irrationnelle qui ne se fonde sur rien de sérieux.

    A part ça, il y a effectivement antinomie à parler de moralisation du capitalisme, celui-ci étant une mise en application du « droit du plus fort » au secteur de la finance. Or moraliser réellement le droit du plus fort, fondamentalement amoral, reviendrait à le supprimer : c’est d’ailleurs l’objet idéal de la loi.

    Et lorsque les puissances capitalistes sont devenues multinationales, on constate alors justement qu’elles menacent la souveraineté de nos Etats de Droits...


    • le naif le naif 10 août 2009 13:00

      Parce-que vous croyez réellement que le capitalisme est réformable ?
      Vous croyez que ces grandes réunions servent à quelque chose ?
      Les politiques avaient l’occasion de reprendre la main sur la finance....mais ils ne peuvent tout de même pas mordre la main qui les nourris !!!
      L’utopie c’est de croire que le système va repartir de plus belle, le moteur est HS et ce n’est pas un coup de peinture sur la carrosserie qui le fera redémarrer.


      • Tommy Tommy 10 août 2009 22:36

        Il y a eu des crises et encore des crises et des euphories et encore des euphories, c’est pour ça que dans moin de dix ans, nous auront encore le même cinéma politique. Le capitalisme est arrivé à son maximum, il a carément besoin d’une radicalisation en profondeur qui suprimerait l’intérêt privé de l’intérêt en acceptant que ce n’est pas la rentabilité qui compte. De l’intérêt communs, on arrive à améliorer notre propre sort.


      • Michel DROUET Michel DROUET 10 août 2009 17:02

        Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent !
        Il y a longtemps que je n’écoute plus les rodomontades des hommes politiques qui ne sont destinées qu’à entretenir l’illusion d’un monde qui ne serait pas gouverné par les banques et les multinationales.


        • Fredon 11 août 2009 17:23

          Je voudrais dire à Tommy combien sa réflexion me touche, du haut de ses 16 ans. J’étais loin, à son âge, de me poser ce type de questions et d’esquisser les réponses qu’il préconise après les contradictions qu’il met en évidence d’un système, le capitalisme, qui tourne uniquement pour assurer les profits d’une infime minorité.
          Et qui réussit à faire croire à l’immense majorité qu’il n’y a pas de système plus efficace, qu’il suffirait de corriger certains excès, « d’injecter de la morale », de lui insuffler de l’éthique...pour le rendre encore plus attractif et salvateur. Pour combien de temps encore ?
          Mais comment faire pour que « l’économie de marché se dote de règles bénéfiques à tous... » se demande Tommy ?
          C’est bien ce que nous promettaient les dirigeants du G20, Sarkozy en tête, qui, quoiqu’ils en disent, n’ont pas tellement envie de changer le monde ou alors cherchent à en donner l’impression « pour que rien ne change ».
          L’économie de marché se confond, en effet, avec le capitalisme ou plutôt avec sa variante libérale qui veut nous convaincre que seul le marché est « libre et régulateur » (la main invisible...). mais ce qu’ils entendent par économie de marché, c’est une économie entièrement soumise aux règles du capitalisme et de son but : le profit par l’appropriation privée des moyens de production et d’échanges.
          Et, ce n’est pas le moindre paradoxe, ce serait plutôt la négation du marché que cette « concurrence libre et non faussée » parfaitement hypocrite car elle ne fait que renforcer le monopole des groupes privés les plus puissants. Et leur leadership sur l’économie mondiale.
          Impossible de croire à leurs bonnes intentions proclamées qui n’engagent que ceux qui les croient. D’aileurs les pillules amères qui nous sont quotidiennement administrées ne passent pas comme des lettres à la poste promise, elle aussi à la privatisation, c’est voté !
          Il faudra que la politique retrouve ses lettres de noblesse et que la jeunesse, à l’image de Tommy, se pose les bonnes questions...à mon sens.
          Pour la partie « perspectives », je ne saurais trop recommander le récent livre d’Alain Badiou : « L’hypothèse communiste », une leçon d’histoire et d’optimisme lucide.

          René Fredon

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