Le Peer-To-Peer : un pilier de l’économie multimédia
Le téléchargement illégal, c’est mal. Le P2P est à l’origine de la perte de dizaine de milliers d’emploi en France. Le warez réduit les moyens des maisons de disques, qui ne peuvent plus prendre de risques, et se concentrent sur des valeurs sûrs comme Tokio Hotel, Cindy Sander ou U2.
Depuis l’avènement du P2P, études et politiques nous rabattent les oreilles à grand coup de diagrammes sur les méfaits du téléchargement illégal.
Seulement une enquête de la TNO pour le gouvernement hollandais vient titiller un carillon qui dérange.
19 novembre 2008, Les cabinets de conseil Equancy et Tera Consultants remettent leur "étude" sur l’Impact économique de la copie illégale des biens numérisés en France au ministère de la culture.
Pourquoi "étude" entre guillemets ? Tout simplement car le cabinet avait avoué lui-même qu’il avait utilisé les chiffres disponibles… faute de temps et de moyens. Et par chiffres disponibles, on parle surtout des données fournies par l’industrie. Le blog ReadWriteWeb avait alors fait un petit camembert :
Alors je ne suis pas très bon en calcul, mais il semblerait que seulement 19% des données proviennent de sources (plus ou moins) indépendantes... Même en primaire la maitresse n’aurait pas accepté un exposé comme celui-ci.
Quoi qu’il en soit, le rapport avance que les dégâts de la copie illégale peuvent être estimés à une perte de 10.000 emplois en France...oh, la petite larme au coin de l’oeil ! C’est sûr qu’avec une source de chômage comme celle-ci, le gouvernement ne pouvait se résoudre à bousiller ses stats pour les années à venir. C’est donc en humaniste que la France décide d’enrayer la perte de "milliards d’euros à l’industrie du disque du cinéma et à celle de la télévision" (chiffre 2007).
Bête et méchant... C’est sûr que pour des gens ayant fait l’ENA, ou des études d’avocat, il est difficile de voir au delà du court terme. Une musique téléchargée, c’est une musique qui n’est pas achetée. Un film piraté, c’est une place de ciné non vendue. Et bien ce n’est pas l’avis du cabinet TNO, qui a remis cette semaine au gouvernement néerlandais un rapport (un vrai) de 142 pages (ça se lit, il faut juste être très fort en anglais et en allemand).
Au terme de cet amas de "wordt", "aangeboden" et "bekijken ", le cabinet conclut que le téléchargement illégal a un impact négatif à court terme sur les recettes de l’industrie multimédia, mais se révèle, à moyen ou long terme, un bienfait pour l’économie.
A partir de maintenant, je vous demande de vous accrocher, prenez une chaise, un cachet de Valium et lisez cette réalité : ceux qui téléchargent le plus sont ceux qui achètent le plus.
Ça va, pas trop mal au bide ? Si oui, c’est le valium, sinon, poursuivons. Il est un argument bien souvent avancé par les "pirates", c’est que l’oeuvre qu’ils ont acquis illégalement, ils ne l’auraient sûrement pas acheté dans le commerce. Par acheter, j’entends acheter sans tester.
Le rapport souligne en effet que certains se servent du téléchargement illégal pour découvrir des nouveautés, qu’ils iront par la suite se procurer légalement. Rappelez vous il y a 3-4 ans, un homme avait été arrêté par la police pour téléchargement illégal. On avait beaucoup parlé du milliers de musique qu’il avait téléchargé, on a beaucoup moins parlé des quelques 500 albums originaux qui trônaient dans son salon.
L’amateur de P2P serait également plus enclin à se rendre dans des salles de concert, et à acquérir des jeux-vidéo.
La TNO, non satisfaite de son coup de pied dans les cou***es de l’industrie, estime que les achats ne seraient pas plus systématiques si l’on interdisait aux P2Pistes de télécharger gratuitement sur le Net. Le cabinet va même plus loin, et termine en bouquet final du 14 juillet : selon eux les cent millions d’euros de perte pour les industries sont compensés du double par l’envie d’acquérir des contenus découverts via le P2P....sans compter le reste...
Le reste ??? Quoi, qui, où c’est qu’il est le blé ? Et bien la tune, elle est partout : dans les platine divx que nous vendent Sony, Phillips et Cie, dans les sonneries de téléphones portables (1.50 € pour 20 secondes de "I kiss a girl..."), dans les taxes sur les CD vierges, les disques durs, les clés USB.
Bien entendu pourquoi parler des ventes toujours plus nombreuses de jeux-vidéo en France (grâce à des consoles comme la Wii ou la Xbox) ? Occultons également le chiffre d’affaire de Myspace (réseau social musical), ainsi que le succès de l’auto-production, et de la production participative (Jamendo, MyMajorCompagny, Spidart, ...)
L’industrie, sur laquelle on pleure tant, beurre ses épinards grâce aux produits dérivés du téléchargement illégal. De plus ce merveilleux groupement de mélomanes, cinéphiles et hardcore-gamers est une chance inespérée pour tester un produit !
Hop, on met en ligne un album qui ne sort que dans deux mois sur le warez, sur les réseaux BitTorrent et P2P et ainsi on verra en fonction du succès de tel ou tel morceau lequel on choisira pour en faire un single !
Zou, on poste sur une board pirate une version de "Bienvenue chez les ch’tis", - ou de "Batman : The Dark Knight" (version non-canadienne bien sûr) - , les gens trouvent que c’est génial, bouche-à-oreille, buzz, buzz, buzz et PAF, 20 millions d’entrées. Bien entendu nous ne parlerons pas du "bourdonnement" extraordinaire autour du jeu Fallout 3.
Continuons sur la soi-disant corrélation entre piratage et chômage. Si on en croit les précédentes études, plus un pays est embourbé dans le téléchargement illégal, plus son chômage explose ? Ok, alors prenons l’exemple de la Suède, l’eldorado du pirate, avec le plus grand réseau de partage de torrent au monde : the pirate bay. On pianote sur son clavier, une recherche précise, un clic pertinent , un diagramme tombe :
Pour une fois je vais citer ma source : la CIA
Mouais...pas trop parlant là.
Les Majors se font de l’argent avec les ventes de leurs produits, avec leurs logiciels de gravure et d’encodage divx ou xvid, avec leurs platines et lecteurs mp3, avec les amendes des pirates, avec les taxes que nous payons (pirates ou pas). Une fois de plus, on se fait avoir.
CQFD
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