Le quinquennat est-il mauvais pour l’économie ?
Certains fournisseurs commencent à parler de ralentissement des décisions et d’attentisme français en prévision des élections présidentielles de 2007. Cette particularité française, de toujours trouver une excuse pour retarder une décision d’investissement, est-elle encouragée par la réduction de la durée du mandat du président de la République ?
Aux États-Unis, le mandat du président est de quatre ans. Les élections de mi-mandat, c’est-à-dire au bout de deux ans environ, représentent une occasion pour la population d’exprimer son soutien ou son rejet de la politique menée pendant les deux premières années. Et juste après ces élections intermédiaires, la campagne pour la présidentielle suivante commence.
C’est ce que l’on reproche souvent à la politique américaine, une course permanente, qui interdit la prise de décisions réfléchies dont l’impact ne peut se concevoir que sur le long terme.
Heureusement les entreprises aux États-Unis paraissent moins impactées dans leurs décisions d’investissement par la politique politicienne, que ne semblent l’être les entreprises françaises, dont les plus grandes sont bien souvent dirigées par des patrons d’une couleur politique qui n’échappe à personne.
En France donc, environ deux ans avant les élections présidentielles, les investissements et les décisions stratégiques sont peu à peu stoppés. On attend les élections. Pourquoi ? On ne le sait pas bien, et les dirigeants ont bien du mal à le justifier... mais cela fonctionne ainsi, depuis des décennies.
Il est vrai que l’arrivée de la gauche au pouvoir le 10 mai 1981 a provoqué un séisme dans les classes supérieures. Certains parlaient d’émigration en Australie, d’autres ne pensaient qu’à transformer leurs biens en liquidités pour les rendre plus disponibles, ou plus faciles à dissimuler, en cas de besoin...
En mai 2002, la percée de l’extrême-droite a fait prendre conscience de certains risques à d’autres catégories sociales.
Il est donc vrai que, de l’extrême-droite à l’extrême-gauche, ces changements de direction politique du pays peuvent interpeller les uns ou les autres. Imaginons que l’extrême-gauche remporte les élections présidentielles de 2007, et que Jacques Chirac soit remplacé par Olivier Besancenot ou Arlette Laguillier... Bon nombre de chefs d’entreprise seraient alors bien contents d’avoir suspendu leurs investissements dès 2005, et de disposer ainsi d’une flexibilité financière indispensable à la réaction face à un tel événement.
Alors, le passage du septennat au quinquennat est-il une bonne décision économique ?
En réduisant la durée d’action du président de la République, on lui impose tout d’abord de se concentrer sur les décisions qui ont un effet à court terme. Inutile pour lui de se lancer dans une politique à dix ans, il n’en sera sans doute jamais remercié, si tant est qu’elle ne soit pas interrompue par son successeur.
Et en réduisant la durée du mandat présidentiel, on augmente mathématiquement la période pendant laquelle les chefs d’entreprise choisissent l’attentisme, aux dépends de l’action. Seules trois années sur cinq peuvent maintenant être réellement productives économiquement.
C’est aux chefs d’entreprise qu’il revient de comprendre que finalement, à part dans ses extrêmes, la classe politique ne peut modifier la route du bateau France et virer à 180 degrés en quelques années. Sans doute faut-il aujourd’hui réduire cette dépendance aux alternatives politiques, et choisir sa stratégie en fonction de ses objectifs économiques, en minimisant, sans en faire abstraction totalement, les effets d’une alternance au plus haut niveau de l’État.
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