Le retour en grâce des missions locales
Après le vent d’inquiétude qui a fait trembler les 489 missions locales, le gouvernement s’attache à leur redonner une place active et reconnue dans le paysage de la politique de l’emploi. D’abord menacées par l’idée du guichet unique et le succès escompté du contrat autonomie, elles sont désormais habilitées à conclure, pour le compte de l’État, les conventions des contrats aidés.
Les Missions locales existent depuis 1982. Ces derniers temps, leur raison d’être était remise en cause. Deux risques pesaient sur leur existence : d’abord l’idée du "guichet unique", qui avait présidé à la création des maisons de l’emploi en 2005 puis au chantier de la fusion ANPE-Unedic. Mais la réalité est plus dure que prévu pour les concepteurs de cette idée plus proche du mythe désormais. Le second danger fut la concurrence du contrat autonomie avec le CIVIS (contrat d’insertion dans la vie sociale), géré par les missions locales. Créé par le plan Espoir banlieues, le contrat autonomie fut confié à des opérateurs privés et non aux missions locales. De plus, celles-ci allaient subir une rude concurrence puisque les contrats autonomie offrent une rémunération de 1.800 euros sur six mois là où les bénéficiaires d’un Civis ne perçoivent que 900 euros par an au maximum.
Une exigence de meilleure performance :
Puis, le secrétaire d’Etat chargé de l’emploi a, en septembre 2008, réaffirmé sa confiance dans les missions locales mais en les rappelant à une obligation d’efficacité. "Elles ont un rôle spécifique pour les jeunes, je veillerai à ce que ce rôle soit maintenu", s’est engagé Laurent Wauquiez. Les missions locales continueront donc de jouer leur rôle dans la lutte contre le chômage des jeunes, mais "Les missions locales auront deux orientations claires : elles ne sont pas là pour occuper les jeunes de stages en stages et doivent être orientées vers le retour à l’emploi et, par ailleurs, il faut les évaluer." "On ne peut pas continuer à les subventionner sans s’y intéresser. La contrepartie, ce sont les résultats."
En cohérence avec ces principes, le financement a été revu. Une circulaire du 29 septembre 2008 a redéfini les modalités de leur financement : Pour le renouvellement des conventions d’animation régionale des missions locales, l’Etat distingue désormais entre les fonctions de "représentation et d’organisation, qui n’appellent pas de conventionnement général avec et par l’Etat", et les fonctions "d’appui technique, d’animation professionnelle et de valorisation des actions professionnelles, que l’Etat a vocation à conventionner, sur la base d’une offre de services adaptés aux besoins des missions locales". Par ailleurs, le programme d’animation pour l’Etat ne saurait être isolé des autres programmes financés par d’autres financeurs. Il doit donc être élaboré en concertation avec eux. Le financement de l’animation régionale repose à présent sur des subventions déterminées en fonction d’une "logique de performance et de transparence", avec des objectifs précis, une méthode, une organisation, pour les atteindre. Ces objectifs sont "spécifiques, applicables, réalistes, définis dans le temps et mesurables".
De nouvelles missions pour les Missions locales :
Les Missions locales se sont vues d’abord désignées comme prescripteurs du CIE, le Contrat-Initiative Emploi dont le succès n’est pas probant et auquel l’Etat pense ainsi donner une seconde vie. Il y a d’ailleurs peu de chance qu’il y parvienne car ils sont peu attractifs. La circulaire de janvier 2009 s’appuie sur un bilan de sous-consommation de ces contrats aidés sur l’année 2008 et fait appel aux missions locales volontaires pour les relancer.
Aujourd’hui, les Missions locales sont aussi habilitées - à côté d’autres opérateurs - à conclure les conventions de contrats aidés pour le compte de l’État. Aux CIE, viennent s’ajouter les CAE (contrats d’accompagnement dans l’emploi), et les CI-RMA (contrats insertion-revenu minimum d’activité ).
Les missions locales se voient donc maintenues, ce qui est une excellente chose car elles permettent à environ 500 000 jeunes par an d’accéder à un emploi ou à une formation (sur 1,2 million de jeunes suivis). Certes, une amélioration de leur fonctionnement s’imposait et le rapport remis en février 2008 à la demande de la ministre de l’Economie Christine Lagarde, par le Conseil national des missions locales, ne disait pas autre chose. Il formulait 35 propositions pour favoriser l’insertion des jeunes des banlieues. (Lire sur ce point mon article de mars 2008 : "Les missions locales ont besoin d’air"
Fin 2008, le Crédoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie) proposait, lui aussi, de sauver les missions locales en leur donnant le rôle de "guichet unique de la deuxième chance" pour les jeunes.
Ecartées au profit d’opérateurs privées au moment de la mise en oeuvre du contrat autonomie, pressées d’obtenir davantage de résultats immédiats et de mieux rendre compte des coûts de leurs actions, inquiètes de leur place dans le nouveau service public de l’emploi avec l’émergence de Pôle emploi, issu de la fusion ANPE/Assedic, les missions locales retrouvent aujourd’hui un rôle reconnu, utile, et même renforcé.
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