Le RSA expliqué à Jean Jaurès
Déclaration de M. Nicolas Sarkozy le 14 janvier 2007 : "Français, prompts à détester votre pays et son histoire, écoutez la grande voix de Jaurès : ’Ce qu’il faut ce n’est pas juger toujours, juger tout le temps, c’est se demander d’époque en époque, de génération en génération, de quels moyens de vie disposaient les hommes, à quelles difficultés ils étaient en proie, quel était le péril ou la pesanteur de leur tâche, et rendre justice à chacun sous le fardeau.’"
Le RSA pourquoi ça ?
L’incitation à faire travailler le pauvre vient d’un constat relativement simple énoncé par Michel Musolino (auteur de : L’Economie pour les nuls) : "Si un financier veut que, pour un investissement en capital minimum, son bénéfice soit le plus grand possible, il n’y a pas de raison que le salarié fasse un raisonnement différent en ce qui concerne son travail. La logique de l’un n’est pas meilleure que celle de l’autre, puisque c’est la même."
Ainsi, on comprend aisément qu’un RMIste ne sera guère incité à reprendre un travail à temps partiel peu payé si cette activité lui rapporte trop peu en plus. Le travailleur pauvre est un chef d’entreprise comme les autres : il gère son investissement (la sueur de son front) à l’aune du bénéfice qu’il va en tirer (son salaire).
Notre président, M. Nicolas Sarkozy qui tient absolument à faire travailler le plus de gens possible, le plus possible et le plus longtemps possible (intentions tout à fait défendables) trouve ainsi son compte à travers le RSA en replaçant ce petit monde au travail (à court terme) et en diminuant le poids de l’assistance sociale (à long terme : moins de chômeurs = moins de charges).
Le RSA pourquoi moi ?
Quand notre président de la République a décidé de mettre en œuvre son paquet fiscal et que la gauche s’est mise à brailler, je n’ai rien dit : je ne suis ni riche ni de gauche.
Quand il a décidé de supprimer des fonctionnaires quitte à augmenter par ce biais le nombre de chômeurs, je n’ai rien dit : je ne suis ni fonctionnaire ni chômeur.
Quand il a décidé de fermer des tribunaux, des hôpitaux et des bases militaires, je n’ai rien dit : je ne suis ni magistrat ni médecin ni soldat.
Quand il a décidé de financer le RSA des travailleurs très pauvres avec la Prime pour l’emploi des travailleurs pauvres, je n’ai rien dit : je ne suis pas pauvre.
Mais quand finalement il a décidé de faire ce financement avec une taxe d’1,1 % sur mon assurance-vie, là j’ai voulu protester, mais il n’y avait plus personne pour me soutenir.
Le financement de cette mesure va être réalisé par une taxe sur les revenus du patrimoine. Un revenu du patrimoine, c’est une rente que l’on touche par divers moyen sans se lever tôt le matin. Certes, cet argent est mérité, mais la sueur ne perle plus guère au front de ceux qui le touche.
Voyons deux exemples simples sur la détresse "considérable" qui va toucher principalement la classe moyenne haute :
Premier exemple : je place mon argent sur une assurance-vie soit 50 000,00 euros à 5 % qui me rapporte 2 500 euros (2,5 x le Smic). Si je paye 1,1 % sur ce revenu, je vais donc m’acquitter de 27,50 euros de plus qu’avant. On voit que la somme est énorme : ça fait presque peur.
Second exemple : je suis propriétaire de mon logement ainsi que d’un T4 que je loue 900 euros par mois. Je vais donc m’acquitter d’un surplus de taxe de 10 euros par mois. Là aussi, c’est effrayant, je me demande si finalement je ne ferais pas mieux de revendre ce bien vu la misère qu’il me rapporte.
Le RSA : d’où il vient et où est-ce qu’il va ?
Le RSA ne vient pas de ceux qui sont protégés par le bouclier fiscal : c’est bien dommage, mais ce n’est pas la faute à la manière dont on finance le RSA si on en est là. C’est plutôt la faute à la manière dont on gère la redistribution avec ce fameux bouclier : ne nous trompons pas de cible. Au lieu de faire économiser 15 milliards avec le paquet fiscal, si M. Nicolas Sarkozy avait pris la peine de ne céder que 13,5 milliards d’euros aux plus aisés d’entre nous, nous n’en serions pas à écouter les jérémiades d’une Laurence Parisot qui pleure de faim la bouche pleine.
Finalement, le RSA consiste à réveiller de l’argent là où il dort pour relancer l’économie : en effet, quand on donne de l’argent à un pauvre, il ne le place pas sur son PEA ou son assurance-vie, il le dépense et relance ainsi la consommation. Ce qui est plutôt une bonne chose en ce moment, non ?
Le RSA : Résultat d’un Sarkozy Agité
Les points positifs du RSA : à court terme, les plus pauvres (en dessous du seuil de pauvreté) vont pouvoir sortir un peu la tête hors de l’eau. Le chômage pourrait se stabiliser malgré la crise mondiale.
Les points négatifs du RSA : les plus riches ne participent toujours pas à la solidarité du pays. Les travailleurs pauvres, même moins pauvres risquent fort de rester cloisonnés dans des petits boulots cache-misère institutionnalisés. Notre président va perdre le dernier gros morceau de son électorat avec cette mesure que n’aurait pas renié Jean Jaurès ou le communiste Guy Moquet.
NB : si vous pensez réellement que vivre sans travailler va devenir de plus en plus aisé avec ce genre de mesure, je vous invite grandement à tester vous-même la vie de pauvre : on y plonge plus facilement que dans le luxe (j’ai moi-même voulu tester le bouclier fiscal, j’ai eu beaucoup de mal).
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