Le sauvetage de la Grèce ? Non ! de ses créanciers ? Oui !
Le texte ci-dessous est le commentaire d'une vidéo postée sur YouTube.
Je vais essayer de vous expliquer brièvement et de la manière la plus intelligible possible le mécanisme par lequel les contribuables européens sont au nom de l’euro veritablement dévalisés par leurs dirigeants, et ceci pour le plus grand profit des banques.
Avant l’euro, l’Allemagne avait notoirement une capacité d’endettement bien plus importante que la Grèce ou l’Espagne, un avantage illustré par des taux d’intérêts bien plus faibles sur les emprunts allemands que sur les emprunts grecs ou espagnols.
Ce qui c’est passé avec l’euro, c’est que la monnaie unique a créé une illusion de stabilité qui a surtout profité aux Etats jugés auparavant économiquement risqués. Ces Etats, le Portugal et la Grèce en particulier ont pu bénéficier soudainement de taux d’emprunts sans commune mesure avec ceux attachés auparavant à leur monnaie nationale sans pour autant que la solidité intrinsèque de leur économie n’ait changé. Grâce à l’euro, le Portugal et la Grèce ont pu s’endetter massivement et même au-delà dans le second cas puisque ses comptes ont été maquillés frauduleusement.
Mais comme l’euro n’est pas la monnaie d’un Etat fédéral avec les liens de solidarité financière automatiques que cela suppose, comme par exemple aux Etats-Unis entre la Californie et la Floride, cette stabilité économique était factice et l’illusion n’a pas résisté à la crise financière.
Au printemps 2010 cette fameuse limite au-delà de laquelle un emprunteur ne peut plus accéder aux marchés des capitaux pour se refinancer a été atteinte en Grèce. Ceci signifie que depuis, la Grèce ne peut plus continuer d’emprunter et que les Grecs doivent véritablement rembourser leur dette et cette fois de leur poche, les Grecs c’est à dire les citoyens ordinaires bien sûr : hausse des impôts baisse des dépenses sont les deux mâchoires de la tenaille qu’on désigne par plan d’austérité. A peu près au même moment l’Irlande le Portugal et l’Espagne qui flirtent avec la limite ont eux aussi engagé des plans d’austérité.
Les plans d’austérité pour la fraction de la population la plus riche n’est pas indolore mais ne modifie guère son train de vie, en revanche pour la majorité de la population c’est une souffrance extrême qui peut même provoquer des suicides en chaîne ce qui est déjà le cas actuellement en Grèce. On ne le répétera jamais assez : La dette est une drogue. A dose homéopathique elle peut avoir des effets bénéfiques, mais en perfusion permanente c’est un poison qui tue !
Y a-t-il une manière d’échapper à ce scenario funeste. Normalement oui, un peu comme un « bouton reset » sur une console video, la solution s’appelle la dévaluation. La dévaluation est un moyen de remboursez les créanciers en monnaie de singe, qui de ce fait subissent une perte. Cette perte agit alors comme une sorte de contribution à l’effort de redressement du pays débiteur une solution qui n’a rien d’immoral puisque les intérêts que le créancier charge au débiteur ne sont que la contrepartie du risque qu’il a pris. Prêter c’est faire le pari que le risque de défaut de paiement est suffisamment compensé par les revenus, parfois ce pari est bon et parfois il est mauvais c’est l’essence même du métier de banquier. Ce qui serait parfaitement immoral c’est que les banques prêtent à des taux en rapport avec un certain risque, puis lorsque la santé du débiteur se détériore ils puissent bénéficier d’une garantie inopinée tout en conservant l’intégralité de leurs revenus.
Pourtant c’est précisément ce qui s’est produit.
En mai 2010 sous le faux prétexte de sauver l’euro, Bruxelles a offert à la Grèce une aide financière sous la forme d’un prêt de 110 milliards d’euros sur 3 ans dont 1/3 pris en charge par le FMI moyennant un plan d’austérité d’une incroyable sévérité. La part de la France dans ce plan était de 16,8 Milliards. Or un an après les objectifs budgétaires assignés à la Grèce n’ont pas été atteints ce que d’ailleurs la plupart des économistes avaient prévu. Incapable de faire face, la Grèce s’est retrouvée à un cheveu de devoir dénoncer sa dette. Pour l’éviter, un second plan de sauvetage est actuellement à l’étude et devrait se matérialiser dans les jours à venir malgré le fait que la banqueroute soit désormais considérée comme inévitable par tous les économistes.
Mais surtout et c’est ça qu’il faut bien comprendre, l’intégralité des fonds versés à la Grèce au cours de l’année 2010 au titre du premier plan a été affectée au remboursement des échéances sur la dette ancienne détenue essentiellement par les banques privées et les fonds d’investissements à risque. En clair ceci signifie que l’intervention de l’Europe en faveur de la Grèce est une imposture, ce n’est pas le sauvetage du débiteur qui est recherché mais bien le sauvetage de ses créanciers c'est-à-dire les banques.
Vous ne voulez pas le croire ? Vous trouvez ça choquant ? Et bien sachez que non seulement c’est un fait avérée mais aussi le mécanisme habituel de fonctionnement du FMI dans chacune de ses interventions.
Je ne résiste pas au plaisir de vous signaler que l’expression « plan de sauvetage de la Grèce » est ce qu’on appelle une antiphrase c’est à dire une expression dont le sens littéral est inversé par rapport à sa signification réelle qui est « plan de sauvetage des créanciers de la Grèce ». On retrouve une autre antiphrase dans l’expression « présomption d’innocence » qui ne signifie rien d’autre que « présomption de culpabilité ». Deux illustrations différentes des pièges du langage politiquement correct.
Une fois que l’on a bien compris le mécanisme du plan de sauvetage financier de la Grèce on est bien obliger de reconnaitre l’effroyable mystification qu’est l’euro et que l’ont peut résumer en 2 points :
- L’euro a été pour tous les pays y compris Allemagne un moyen de s’endetter à bon compte, une sorte de pousse au crime soit exactement le contraire des vertus qu’on lui avait prêtées.
- Alors que l’Europe est encore un espace fiscalement hétérogène entre entités non solidaires, l’euro a privé les Etats de l’outil essentiel de la dévaluation et leur a laissé comme seule variable d’ajustement : la souffrance du peuple.
Après la crise financière de l’automne 2008 la crise de l’euro met en lumière le plus grand scandale de notre époque : une loi d’airain qui veut que les décideurs politiques sont prêts pour sauver les banquiers des conséquences de leur insatiable cupidité à faire subir à leur population tous les sacrifices y compris le sacrifice de leur vie.
En 2012 les français vont devoir choisir leur prochain leader. Qu’ils le fassent en pleine connaissance de cause : Le PS, l’UMP et les centristes sont les responsables du scandale que je viens d’évoquer, un scandale qui éclipse tout, parce qu’il est le signe d’une faillite morale qui est la matrice de tous les maux de notre société. La raison et la décence implique de voter pour un candidat différent et heureusement il devrait y en avoir pour toutes les sensibilités.
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