Le sucre a un goût amer en France
Le sucre a un goût amer en France.
Quatre sucreries ont fermé ou sont en passe de fermer sur le territoire.
Celle de Cagny, dans le Calvados a fermé définitivement ses portes le 31 décembre 2019. 81 salariés sur le carreau et des milliers de planteurs de betteraves menacés de mettre la clef sous la porte.
Le site d’Eppeville dans la Somme, où 132 salariés travaillent, doit également fermer ses portes. Tous deux appartiennent au groupe Saint Louis Sucre, filiale française de l’allemand Südzucker.
Deux autre sites sont également touchés.
Il s’agit du site de Toury dans l’Eure-et-Loir (140 salariés) qui a fermé ses portes vendredi 3 janvier 2020.
Et celui de Bourdon, près d’Aulnat dans le Puy-de-Dôme (90 salariés) qui doit fermer ses portes, tous deux appartenant au groupe Cristal Union.
La sucrerie d’Aulnat est la plus ancienne sucrerie de France, elle approvisionne tout le sud-est.
Le sucre a donc un goût amer en France, mais que se passe-t-il ?
A l’automne 2017, l’Union européenne a décidé de supprimer les quotas sucriers.
Nous avions, à l’époque, alertés sur le fait que cette décision allait déclencher une crise sans précédent dans la filière sucrière. (voici une de mes réactions, août 2018 : http://valentin-rpf-upf-agriculture.over-blog.com/2018/08/les-pesticides-un-enjeu-qui-necessite-plus-que-des-mots.html )
Cela a donc entraîné une dérégulation des marchés et donc la baisse des prix payés aux producteurs.
Le même scénario que pour la filière laitière en 2015, un filière qui ne voit toujours pas le bout du tunnel puisque les prix sont autour de 320-340 euros les mille litres, soit 32-34cts le litre de lait.
Le coût de production pour une tonne de betteraves étant de 25 euros.
Par ailleurs, la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) a une attitude hypocrite, car elle espère une remontée des prix en 2021, suite à ces fermetures qui annoncent une baisse de 16 % de la production de sucre en France.
La France n’aura donc plus de sucre, ni de betteraves ?
C’était sans compter sur les accords de libre-échange passé outre-Atlantique. Le sucre risque bien de venir désormais des pays du Mercosur.
Oui, les élites bruxelloises et parisiennes sont folles.
La France exporte moins mais importe toujours plus, importe toujours plus des denrées alimentaires qui sont déjà produits sur son territoire.
C’est un véritable plan social organisé, une catastrophe agricole, agronomique, sociale et morale.
Ces sucreries faisaient vivre les communes dans lesquelles elles étaient implantées, faisaient vivre des travailleurs.
Par quoi sera remplacée la betterave ? La luzerne, le lin ?
Quand allons-nous sortir du carcan bruxellois ?
Quand allons-nous renter dans une logique de régulation des productions et de maîtrise des prix agricoles ?
Quand allons-nous protéger notre marché en enlevant l’Agriculture dans les accords commerciaux ?
Quand allons-nous rediriger nos productions à l’échelle nationale ? Car oui, chaque pays s’en sortira lorsqu’il deviendra autosuffisant d’un point de vue alimentaire.
La France en a les moyens mais les élites politiques semblent vouloir achever l’Agriculture Française…
Valentin Lagorio, secrétaire-général-adjoint à l’UPF.
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