Le surgissement de la Turbocrise
Le turbocapitalisme est arrivé dans les années 1980.
Celui-ci s’est caractérisé par plusieurs facteurs concomitants.
- L’apparition, ou la réapparition, de l’idéologie libérale
- L’élévation des taux de profits via la plus-value issue des hautes technologies, et l’intégration du travail intellectuel dans sa création
- La fin des socialismes, laissant le champs libre au capitalisme victorieux
- La dilution des frontières pour le capital et les biens via les mécanismes du GATT, puis de l’OMC
Le résultat de ces modifications fondamentales a été un renforcement du système, tant au niveau politique qu’économique, ainsi qu’une augmentation sans précédent de la productivité du travail.
De façon concomitante, les inégalités ont progressé à la fois via l’augmentation de la productivité, et via l’application des préceptes libéraux.
L’appauvrissement d’une partie importante de la population, dans ce qui est encore un système démocratique à façade sociale, a créé des besoins supplémentaires d’aides sociales, tandis que les entrées financières des États stagnaient.
La première phase de la Turbocrise a été le remplacement des salaires par les crédits aux particuliers, afin de conserver la croissance.
La deuxième phase a été l’effondrement des banques de crédit, aidées par les États eux-mêmes.
La troisième phase est la banqueroute possible des États. D’où vient-elle ?
- Les aides aux banques ont grévé les budgets
- Les plans de relance successifs, mais inefficaces
- La diminution des entrées fiscales due à l’augmentation de la productivité du travail (chômage et ralentissement des salaires)
- La perte de croissance via un appauvrissement de la population
- La diminution des entrées fiscales dues à l’allègement des charges pour les entreprises, en application de l’idéologie libérale
- La perte de puissance économique des Etats due aux privatisations
En réponse à cette banqueroute possible, que font les gouvernements ?
- Suppression des aides sociales
- Privatisations
- Libéralisation du droit du travail
- Diminution des retraites
- Augmentation de la durée du travail,
- Refus d’augmentation des impôts pour les couches supérieures, censées fournir des ressources à l’économie.
Les mesures prises pour résoudre la dette :
- Renforcent le système capitaliste
- Augmentent la productivité du travail
- Diminuent les marges potentielles des Etats
- Renforcent les inégalités sociales
Ces mesures en fait renforcent la crise. Au niveau idéologique, les médias étant contrôlés, le libéralisme économique n’est pas remis en cause, par contre, la démocratie et la liberté des individus (notamment la liberté de circuler pour les pauvres), si.
Au niveau politique, le renforcement de la crise a des conséquences dramatiques :
- Explosion sociale
- Renforcement de l’État policier
- Montée de la violence
- Poussée de l’extrême droite
- Repliement nationaliste
- Abandon de la démocratie.
Ce que remet en cause la turbocrise actuelle, c’est le fondement même de nos sociétés jusque là civilisées, la base démocratique, qui a été le substrat même de la construction européenne. Mais celle-ci s’est fourvoyée dans le culte de l’argent à tout prix, de la primauté des biens, notamment via la concurrence libre et non faussée, sur les citoyens, rendus à l’état de purs consommateurs.
Par ailleurs, les conséquences environnementales sont aujourd’hui nettement visibles, et dramatiques.
- Destruction environnementale
- Épuisement des ressources
- Catastrophes nucléaires
- Dispersion atomique
- Réchauffement climatique
Le turbo-moteur capitaliste entre en cavitation (1). Avant que tout n’explose, il faut de toute urgence renverser les flux, notamment le flux d’accumulation des pauvres vers les riches. Cet excès de différentiel énergétique risque fort en effet de nous exploser à la figure, plus vite qu’on ne le pense.
La turbocrise est alimentée par la peur et la cupidité.
Comment renverser les flux ?
- D’abord, ralentir.
- Ralentir la croissance notamment des plus riches, des plus puissants
- Diminuer les gaspillages énergétiques et la production d’énergie dangereuse
- Diminuer le temps de travail et partager celui-ci
- Diminuer les inégalités
- Redéfinir les priorités sociétales,
- Placer l’humain, et non l’argent, au cœur de la société
- Produire du socialement utile. Production partagée tant au niveau des usagers que des producteurs (santé, éducation, recherche humaniste)
- Étendre la démocratie au social
- Socialiser les entreprises. Celles-ci sont en effet des macro-systèmes totalitaires, où une poignée d’individus décide pour tous, en dépit de toute utilité réelle pour la société
- Redistribuer équitablement
- Limiter les puissances des banques via leur socialisation
- Créer des impôts équitables, notamment sur les profits
Bien sûr, d’autres idées, mesures, peuvent être envisagées. Le plus important étant le sens de ce que nous avons à construire, et de savoir ce qu’il est nécessaire de conserver, le sens d’un nouveau chemin à parcourir pour éviter l’effondrement de la civilisation.
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1 : La cavitation dans une turbomachine est le phénomène où la vitesse s'accroît à un point tel que le débit entrant n'est plus suffisant pour alimenter la machine. L'absence de résistance tend alors vers une accélératoin incontrôlée.
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