Le temps des matières premières bon marché est bien révolu.
La croissance mondiale importante que nous vivons depuis le réveil de la Chine, et dans la foulée celui de l’Inde, du Brésil et de la Russie, s’est traduite d’abord par une envolée des prix du baril de pétrole, élément primaire de la croissance en quelque sorte, puis par l’augmentation du prix des matières premières et d’abord celui de l’acier, mais aussi d’autres métaux non ferreux. Vous aviez peut-être pensé qu’après une année 2005 où les prix des matières premières avaient explosé (+71% sur le minerai de fer), les choses allaient se tasser.
Or c’est loin d’être le cas. Pour le pétrole, tout d’abord, nous sommes tout près du record du cours du baril qui tangente les 70 dollars sur fond de crise iranienne.
Sur le minerai de fer, dont on pouvait penser qu’il resterait stable après les 70% de hausse de l’année dernière, les discussions ont commencé, et le marché table sur environ 12% supplémentaires. Le carburant de ces hausses est la demande du marché chinois, pour l’automobile mais aussi pour le bâtiment. Les autorités chinoises se sont impliquées dans les négociations cette année avec l’espoir de faire baisser les prix. Malgré leur grande habileté dans les négociations commerciales, il ne semble pas qu’ils puissent y parvenir. C’est dire si le marché est tendu...
Sur le zinc qui entre dans des alliages pour les aciers spéciaux, les prix flambent également, et les stocks mondiaux ne cessent de baisser. Depuis le début de 2006, son prix a monté de 45% ! La demande provient de l’Inde (+14% prévus), de la Chine, mais aussi de l’Allemagne et du Japon. Il n’est prévu un retour à l’équilibre du marché que vers 2007, quand le projet géant de la mine de San Cristobal en Bolivie démarrera.
Quant au cuivre, la folie continue, malgré deux ans de hausse. Sur le marché londonien, il a gagné 23% depuis le début de 2006, après un quadruplement du prix en deux ans.Et les stocks internationaux ne représentent pas plus de 3 jours de consommation mondiale. Là aussi, la demande, énorme, vient de la Chine et des pays émergents.
Au-delà, d’autres métaux, moins utilisés, progressent également, comme l’argent, au plus haut depuis 20 ans, l’or lui-même, et d’autres métaux plus rares.
Pourquoi une telle envolée, et que va-t-il se passer ? Tout d’abord, c’est la conjonction d’une industrie minière coûteuse en investissements dont les prix ont été durablement déprimés pendant des décennies et qui, de ce fait, n’a pas investi, avec une croissance économique forte dans des pays dont les populations représentent, combinées, un tiers de la population mondiale. La multiplication de cette forte demande par des consommateurs en si grand nombre a fait sauter immédiatement les limites des capacités de production de matières premières disponibles.
A court terme, il faudra absorber les hausses, et reconnaissons que l’industrie mondiale y parvient assez bien, car même si, ici ou là, les prix des produits finis montent, ce n’est en rien comparable aux hausses des matières premières auxquelles ils sont soumis. A plus long terme, la ressource existe dans le sous-sol de la planète pour satisfaire les besoins, mais il faut investir lourdement en argent et en temps pour rétablir la situation. Pas de rétablissement à prévoir, de ce fait, avant 2008/2012.
Il reste quand même une inconnue, la poursuite de l’expansion économique dans l ’ensemble BRIC, voire son explosion, qui peuvent provoquer une course poursuite de long terme entre la demande et l’offre. Et dans ce cas, nous ne sommes pas près d’en voir la fin.
A suivre
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