Le travail nuit gravement à la santé

« Rien faire, c’est la conserver » chantait Henri Salvador en évoquant la santé... et en ces temps où le travail se raréfie, boostant le chômage, malgré les annonces lénifiantes d’un gouvernement dans le déni, des scientifiques inspirés font l’apologie de la paresse.
Les machines, on le sait, ont vocation à remplacer l’humain de plus en plus, s’invitant même aux caisses de supermarchés, mettant à la porte des centaines de caissières... et ce n’est qu'une partie visible de l’iceberg.
L’entreprise Amazon est à la pointe de l’innovation, et a remplacé tous les manutentionnaires par des robots... pour l’instant ce n’est probablement qu’en Californie, mais il serait surprenant que la tendance ne se développe pas dans le monde entier. lien
Tout irait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles si les fruits du travail étaient enfin partagés équitablement, mais au vu de la progression salariale des grands patrons, des grands politiques, et de la haute administration, entraînant une baisse draconienne du pouvoir d’achat pour la plus grande partie de la population, il est clair que nous ne sommes pas sortis de l’auberge, loin s’en faut.
Bien sûr, il y a eu la tentative timide des 35 heures qui a provoqué une levée de bouclier dans le camp des conservateurs... mais la notion même du partage du travail n’a pas fait l’unanimité dans un pays qui se targue pourtant d’égalité et de solidarité, surtout quand 1% des plus riches ont plus que le reste du monde. lien
Mais quid de la paresse ?
Elle est le péché capital le mieux toléré, peut-être parce qu’elle est à la fois un vice et une vertu
Des chercheurs de l’Université de Keio, au Japon, en collaboration avec des chercheurs de l’Université de Melbourne, en Australie, ont réalisé une étude dont le résultat pourrait en surprendre plus d’un : « le temps optimal de travail par semaine serait de 25 heures », ajoutant que si les travailleurs ne sont pas assez performants, c’est parce qu’ils travaillent trop.
Loin du concept sarkozyste, voici donc venu le temps du « travailler moins pour produire plus ».
D’après ces chercheurs, les résultats sont là, tangibles et incontournables : ce concept, consistant à travailler moins permettrait de « réaliser un chiffre d’affaire décuplé, une croissance boostée, un investissement du personnel dans l’entreprise renforcé ».
Ajoutons quand même que les résultats de cette étude ne sont valables qu’à partir d’un certain âge, ainsi, selon ces chercheurs, ce n’est qu’une fois passé le cap de 40 ans, qu’une réduction du temps de travail, passant de 5 à 3 jours par semaine, permet d’atteindre les résultats annoncés.
L’enquête a porté sur 6500 individus de plus de 40 ans en utilisant des tests de logique, de raisonnement, de mémoire et de perception. lien
Un documentaire en deux partie, de Delphine Chaume, réalisé par Thomas Beau, intitulé « la paresse est l’avenir de l’homme », et diffusé par France Culture ne dit pas autre chose. lien
« Faire moins est une stratégie gagnante »...c’est en résumé le fil conducteur de ce documentaire.
La paresse, c’est aussi le thème que développe la psychologue du travail Gwenaëlle Hamelin, spécialiste du burn-out et du stress au travail, qui décrypte les stratégies gagnantes des paresseux en s’appuyant sur les récentes publications neuroscientifiques. lien
Le Burn-out, s’il faut en croire Philippe Zawieja, chercheur à l’Université de Sherbrook, au Québec, est le nouveau mal du siècle, frappant de plus en plus souvent les travailleurs, entraînant des périodes de longue dépression, même si aujourd’hui encore il n’est pas reconnu comme une maladie professionnelle.
Plusieurs phases préviennent ce grave état...
Il commence par le sentiment d’être indispensable, invulnérable, et ce sentiment est accompagné d’une forme de frénésie...
Puis suit un désinvestissement des relations et activités humaines : prise de distance, froideur, perte d’empathie, cynisme, difficultés d’écouter, de donner, sentiment de ras-le-bol...
La 3ème étape c’est la détresse psychologique, l’autodépréciation, la jalousie, l’irritabilité, mais aussi la tendance à déclencher des conflits.
S’enchaînent ensuite des troubles de la concentration, de la mémoire, la perte du sens de l’humour, et finalement, le burn-out est là, avec son ballet de dérapages psychosomatiques, troubles du sommeil, troubles sexuels, mal de dos, ulcères, prise (ou perte) de poids, consommation d’alcool, de café, et autres psychostimulants...lien
Pour éviter le burn out, plusieurs solutions existent, et une étude, réalisée aux USA, propose des solutions logiques...que le bon La Palisse n’aurait pas contesté.
Au moment où les dirigeants du monde entier prônent l’ascension sociale, basée sur un investissement forcené dans le travail, d’autres ont décidé de s’extraire de la course sociale, refusant le scénario d’une vie déjà toute tracée.
La paresse serait-elle donc l’avenir, se demandent maintenant certains chefs d’entreprise, en s’appuyant sur ces recherches scientifiques récentes ?
Le célèbre Bill Gates ne disait-il pas : « je choisis une personne paresseuse pour un travail difficile, car une personne paresseuse va trouver un moyen facile de le faire ».
Encore mieux, une étude émanant de la « Florida Gulf Coast University » est arrivée à la conclusion que les personnes ayant un QI élevé sont plus paresseuses que les autres, et le Professeur Eisuke Hasegawa a démontré dans une autre étude que les individus considérés comme paresseux sont les seuls à être réactifs aux situations d’urgence. lien
D’autres vont encore plus loin.
Il existerait un « gène de la paresse », car selon une autre étude, américaine celle-là, nous n’avons pas tous la même motivation face à l’exercice physique.
L’expérience a été réalisée sur des rats, amenant une conclusion surprenante : la progéniture des rats s’étant montrée paresseuse tout autant que ces ancêtres.
Michael Roberts, l’auteur de cette étude, est professeur à l’Université « Missouri’s College of Veterinary Medecine », et pour démontrer sa découverte, il a comparé l’ADN et les cellules musculaires des deux groupes de rats, les « travailleurs » et les autres. lien
Voilà qui aurait pu réjouir le regretté Georges Moustaki, lequel dans sa chanson, faisait l’éloge de Paul Lafargue, l’auteur du droit à la paresse.
Au niveau mondial, on ne peut que constater une baisse régulière du temps de travail, et l’Allemagne est à l’avant-garde de sa réduction, avec en moyenne 19 heures par semaine, précédant la Suède avec 24 h, et selon une étude, la France, en ce qui concerne les travailleurs indépendants, est un des pays qui conduit à travailler le plus durement. lien
Finalement, toutes ces études convergent.
D’une part, montrant que les paresseux détiennent une solution positive, d’autre part que le travail forcené provoque des dégâts humains considérables, elles nous incitent à considérer l’organisation actuelle du monde du travail en général nuisible au travailleur, mais aussi à l’entreprise.
Comme dit mon vieil ami africain : « il ne faut pas perdre sa vie à la gagner ».
L’image illustrant l’article vient de www.topsante.com
Merci aux internautes pour leur aide précieuse
Olivier Cabanel
Articles anciens
Bonjour les robots, adieu les humains
Le travail est mort, vive la paresse
L’argent ne fait peut-être pas le malheur, mais il y contribue
Le travail est mort, vive la paresse
L’homme est-il une espèce domestique
1000 € pour tous…utopie ou nécessité ?
70 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON