Le vrai visage de la BCE
La Banque Centrale Européenne, qui gère maintenant depuis 12 ans la monnaie commune de 17 pays de l’Union Européenne, vient, par la voie de son président Jean-Claude Trichet, de se vanter à Davos d’avoir maitrisé l’inflation annuelle à hauteur de 1.97%.

C'est rappelons le, l'unique objectif que l'on trouve dans ses statuts. Même si la difficile sortie de crise actuelle a donné à l'observateur économique l'occasion de constater, que du diktat du traité de Lisbonne imposé en évitant tout recours démocratique en 2007 par son farouche défenseur, Mr Sarkozy, il n'aura pas fallu plus de 2-3 ans petites années afin de valider l'ineptie de ce texte. Puisque aucun des critères de stabilité ne sont plus respectés.
Il est évident que la libérale Bruxelles boostée par 15000 lobbies ne peut pas vraiment se fendre d'une politique inflationniste, étant ouverte à tout les dumpings monétaires, sociaux, voire écologiques mondiaux. Bref, son anti-protectionnisme primaire se résume à défendre les protectionnismes de ses partenaires, quitte à mollement quémander aux chinois de réévaluer le yuan, ou à s'outrer du QE2 (quantitative easing 2, soit assouplissement monétaire)de la FED. Oui, des prix qui augmentent n'est pas vraiment d'actualité afin de préserver sa compétitivité sur l'échiquier mondial. Et faire le jeu de la guerre des monnaies en jouant à la baisse la valeur de l'euro sur les marchés monétaires est chinois, américain, n'est pas farouchement francfortois, culture allemande oblige.
Mais, dirons les mauvaises langues, à quoi bon jouer la compétitivité (donc la lutte contre l'inflation) lorsqu'il n'y a strictement plus rien à délocaliser, nos économies se résumant presque à l'agricole (pas aussi délocalisable que l'industrie), le commerce d'importation (et une nième chaine de grandes surfaces spécialisés garantie Made In C....), le bâtiment, et les services de proximité. Ce n'est pas un président qui fait une rare sortie afin de préserver l'industrie automobile sur le territoire qui cachera la vraie lame de fond qui a ébranlé nos économies ces dernières décennies.
Dès lors, comment l'on peut justifier une lutte de l'inflation en jouant sur les taux d'intérêts ?
Revenons ou plutôt redéfinissons ici ce que l'on entend par inflation. L'inflation est la prime temporelle que réclame l'économie réelle, c'est à dire un accroissement de rémunération pour un même produit, un même service.
Par ailleurs, le taux d'intérêt est la rémunération des capitaux (mais de même l'accroissement de la rémunération, comprenez taux d'intérêts composés pour les spécialistes).
Dès lors, lutter contre l'augmentation de la rémunération, somme toute du travail par l'augmentation de la rémunération des capitaux, revient à privilégier cette dernière de façon éhontée. Tant de lobbies font la politique libérale européenne que cela n'étonne absolument plus personne, que l'on puisse trouver une telle injustice dans des statuts.
D'ailleurs, ce déséquilibre a forcé des pans de notre économie à la délocalisation ou à la fermeture. Le pot de miel étant consommé, la crise fit le reste.
Il serait dès lors autrement plus juste de ne privilégier aucune rémunération d'aucune sorte au détriment de l'autre. Et si l'on considère judicieux une lutte contre l'inflation, elle ne peut s'opérer qu'en limitant l'émission monétaire par sa quantité en fonction de la croissance, et non par son prix (taux d'intérêts), contrairement à ce qu'admet Frédéric Lordon par exemple, malgré le respect qu'il mérite. Sinon l'on risque d'assister à une inébranlable poursuite des inégalités sociales, les secteurs financiers étant toujours gagnants, à une financiarisation de l'économie au détriment des secteurs productifs et de services non-financiers.
D'autres dispositifs devraient être envisagés afin de préserver la stabilité économique et monétaire de l'eurozone, que l'on ne développera pas car largement argumentés par d'autres auteurs dans à peu près les même termes :
- financement des dépenses publiques dans un esprit régalien, à savoir sans intérêts ;
Il va sans dire que les corrections apportées par les pouvoirs politiques et économiques en place seront autrement plus pondérées. Il n'empêche que l'iniquité soulevée dans l'article, qui n'est absolument pas discutée par ailleurs, est la meilleure garante de l'échec des mesurettes envisagées jusqu'à présent.
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