Le XXIème siècle sera la fin de la dette ou ne sera pas !
Comment en finir avec la pensée unique quand on parle de la dette ? Beaucoup d'économistes peu transparents et souvent affiliés à des conseils d'administration nous expliquent la nécessité des cures d'austérité, l'obligation du remboursement de la dette, du besoin vital des bonnes notations, du redémarrage de la croissance. La dette est donc bien plus qu'un simple problème économique elle recentre toute notre vie sur son remboursement, et donc à notre niveau sur le travail.
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Quel que soit le pays du Nord au Sud, la dette est un élément fondamental pour les prises de décisions politiques. Même au sein des entreprises qui n'a jamais entendu cette phrase : "C'est la crise voyons !". Les salaires gèlent voire diminuent, le temps de travail augmente, le stress lié à la performance aussi. D'un point de vue morale on assiste à une perte des valeurs, fini l'histoire des peuples, le vivre ensemble, la solidarité. La sacralisation du travail est omniprésente, omipotente. Les enfants doivent réussir de plus en plus tôt, de plus en plus vite. A la trappe les études longues développant l'esprit critique, vive les BTS, BAC PRO, et métiers manuels. Les discussions sur la nécessaire et inévitable décroissance sont tournées en dérision. Pourtant peu de gens s'y retrouvent les chiffres du mal être au travail le montrent. Les travailleurs sont malheureux et ne comprennent pas pourquoi ils se lèvent le matin.
Ce mal-être est compréhensible et même cohérent. Les candidats à l'élection de 2012 l'ont compris et surfent tous sur ce malaise. Pourtant bien peu l'expliquent et y apportent une solution.
La dette des états c'est simple. Les institutions privées vont prêter aux états en recherchant des placements sûrs et généralement à rendement peu élevés. Là où vous mettez de l'argent sur votre livret A plutôt que sur votre PEA. Eux le prêtent à l'état. En tant qu'institution privée cette "dette contractée" peut devenir une source de revenus importantes mais surtout régulières. Par période vous savez que le "coupon", les intérets de l'obligation de l'état emprunteur va tomber.
Il y a donc un intéret dans tous les sens du terme pour que cette dette soit remboursée car elle permet l'enrichissement du créancier. Je m'attarde une seconde sur ce point. L'enrichissement, peu de gens prennent conscience du sens de ce mot dans nos sociétés. Pourtant il est essentiel pour décéler le fond des décisions de nos dirigeants d'entreprise ou politiques. Selon eux l'enrichissement est le seul moyen de redistribution des richesses ! Je suis riche je peux donc créer des emplois, payer mes employés, augmenter leurs salaires, acheter et vendre des produits, participer au circuit économique keynésien ( production, revenu, consommation). L'enrichissement personnel ou bien même l'enrichissement d'une entreprise n'est donc pas mal en soit, elle est même recherchée car on s'imagine ce n'est que comme ça que la prospérité se fait. Il n'est pas étonnant de voir des rémunérations de plusieurs millions au sommet de certaines entreprises car les premiers à bénéficier de ce principe d'enrichissement doivent être ceux qui le créent. Cet élément simple que beaucoup admettent comme une évidence est cependant contestable.
Là où Karl Marx théorisait la lutte des classes, aujourd'hui nous sommes dans un système plus complexe où peu d'élus peuvent profiter des opportunités et surtout beaucoup devront soutenir leur train de vie. Nous pouvons voir qu'il y a un rapport de force, je ne dirai pas entre plusieurs classes, mais plutôt entre créanciers et débiteurs. Le problème avec le système de la dette c'est que ceux qui peuvent en profiter sont nécessairement détenteurs de capitaux importants. Peu d'individus peuvent se permettent d'accorder une ligne de crédits de 100 milliards à la Grèce, et surtout à en porter le risque. C'est là où des sociétés privées à forte capitalisation rentrent en jeu. Les banques universelles sont de ceux là, les assurances aussi. Pourquoi ? Car vos dépots représentent une source de garanties ou de placements potentiels, et vos cotisations des sommes qui ne seront pas forcément remboursées sauf en cas de sinistre.
On comprend le rôle des institutions privées dans la dette maintenant il faut aussi comprendre leur rôle dans le débat citoyen. La pensée unique, celle qu'on nous envoie comme du bon sens c'est de rembourser la dette.
Ca parait évident on prête de l'argent à l'état, on s'attend à ce qu'il soit remboursé. Et si il veut en emprunter à nouveau, il a intérêt à le rembourser. Enfin si l'état ne le rembourse pas vu les montants engagés et le poids des créanciers dans l'économie ça ruine le pays pour ne pas dire le monde. Il faut donc rembourser la dette par tous les moyens, et je dis bien par tous les moyens ! Austérité, augmentation d'impôt, casse du droit du travail, interdiction de grève, gel et baisse des salaires, augmentation du temps de travail. Les intérets doivent absolument être remboursés même si cela passe par une reféodalisation du monde. Cette baisse des déficits pourrait sembler une très bonne idée si en France plus de 50% du budget ne servait pas au remboursement de la dette.
Sur ce point il y a une malhonnêteté intellectuelle voire une inconscience de nos élus, de nos candidats, et de nos médias. Ils nous poussent à la rigeur comme une obligation sans prendre en compte des réformes structurelles simples dont je parlerai plus bas. L'une veut faire le changement écologique pour redémarrer la croissance, créer de nouveaux emplois, et ainsi rembourser la dette. L'autre nous parle d'imposer tous les riches, toutes les grandes sociétés pour faire rentrer l'argent et rembourser la dette. Un autre encore parle du coût de la CAF, et des fraudes à la sécu pour diminuer les dépenses et rembourser la dette. Quand on a pas celle qui nous explique que les immigrés sans le sou en sont la principale cause et que leur expulsion permettra de rembourser la dette. Quant à nos médias bien peu décortiquent la dette ou parlent du processus d'insolvabilité qui a été organisée en Grèce. L'objectif est de nous faire croire que la dette est là et doit être remboursée que ce soit en guillotinant les plus riches, en plantant des panneaux solaires, ou en supprimant la sécu.
Pourtant aujourd'hui la nécessité de la dette vient surtout et avant tout comme je l'ai dit au fait que 55% du budget de l'état français est consacré à son remboursement. Plus généralement les emprunts que font les états aujourd'hui ont pour objectif de rembourser les intérets d'autres emprunts. Pourquoi me direz vous ? Car il est devenu impossible aux états de se financer autrement qu'avec les marchés ! Et depuis une trentaine d'années nous avons vu un long glissement des recettes de l'état : l'imposition. D'ailleurs c'est étonnant, ces mêmes institutions où on retrouve des personnalités politiques et médiatiques ont poussé à l'érosion de la fiscalité en prétextant du frein qui s'exercait sur les personnes, et les entreprises (toujours ce fameux enrichissement).
Quelles que soient nos décisions, nos orientations, nos réflexions. Nous sommes dans une impasse ! Sur cette voie un défaut de paiement est programmé.
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"Lorsque vous avez éliminé l'impossible ce qui reste si improbable soit-il est forcément la vérité."
Mis à part un miracle... L'improbable doit être envisagé, il ne faut plus rembourser la dette. Cet évènement doit être réfléchi pour en comprendre les conséquences et débloquer les mentalités.
Il y a deux problèmes dans le non remboursement de la dette : la faillite des créanciers privés, et l'insolvabilité des états. Inquiétant ? Pas tant que ça.
En tant que créancier, une banque par exemple, si votre ligne d'actifs, l'emprunt d'état vient à s'arrêter c'est un revenu en moins dans votre bilan comptable. Si plusieurs milliards viennent à manquer, vos dépenses deviennent plus importantes que vos revenus et c'est la faillite. Dramatique ! Insensé ! Plus de banques, donc plus de crédits. Plus de crédits, donc plus d'entreprises ni de consommation. Bref la fin du monde ! Et bien non !
Non car l'état a une solution celle de nationaliser les banques comme ça a été le cas durant la crise des subprimes. Le fait de nationaliser les banques, et de ne plus les voir comme des instituts d'enrichissement aura pour but de mettre fin au monde de la finance, fini les produits dérivés, et les montages financiers. L'argent sera au service de la production au lieu d'avoir une production au service de l'argent. Si votre ennemi c'est la finance, vous ne pouvez la combattre que comme ça !
Les grosses entreprises par capitalisation ne pourront plus exister. Les moyens financiers n'étant plus suffisant, et les investisseurs s'en détournant. Dramatique ! Insensé ! Et bien non, la solution ce sont les entreprises coopératives. Quand les actionnaires ne veulent plus investir dans la boite, il faut compter sur la force de ses salariés. A travers leur épargne, leur salaire, ils deviennent les propriétaires. L'économie réelle celle des travailleurs, des entrepreneurs reprendra sa place. Fini les bulles internet, fini les restructurations boursières. Bienvenue dans le monde réel. Bien loin du kolkhoze russe, la propriété privée n'est pas abolie, bien au contraire elle est détenue par tous ces acteurs. Fini la loi du plus fort, et des objectifs définis par des PDG mal éclairés. Pour avancer il faut être engagé dans son entreprise. L'autorité devient horizontale et comme pour un état les décisions sont collectives.
Là normalement vous me dites c'est bien mais la dette est détenue à 60% par des étrangers en France comment on fait ? Et bien face au front commun des créanciers étrangers il y a la possibilité de négocier et de leur dire "Peanuts" comme ça s'est passé en Grèce, en Argentine, en Equateur, en Allemagne, en France, ... Bref dans quasiment tous les pays du monde à un moment ou à un autre de leur histoire. Je rappelle que les investisseurs privés ont renoncé à 75% de leur dette grècque. Et ils ont pris cette décision pour ne pas être dans l'obligation de renoncer à la dette espagnole, à la dette française, à la dette allemande, ... D'autres solutions sont possibles comme le paiement de la dette en nature ou bien comme ça s'est fait en Equateur annoncer l'insolvabilité du pays affolant les créanciers qui vont chercher à se débarasser de leurs titres de dettes à n'importe quel prix que finalement l'Equateur à racheter se réapropriant sa dette à tout petit prix. L'opacité des plateformes d'échange de titres permet ce genre de tour de passe passe.
Ensuite l'insolvabilité des états. Aujourd'hui pour financer la sécurité sociale, les allocations chômage, grosso modo le système de protection sociale. Il faut emprunter car les recettes ne suffisent plus comme elles n'ont jamais suffit à bon nombre d'états au cours de l'histoire. L'insolvabilité empêcherait donc l'état de financer les services de base. Les mères de famille ne toucheraient plus leurs allocations, et ne pourraient plus donner du lait à leur bébé. Les vieux erreraient hors de maisons de retraites fermées dans des rues pleines d'ordures. Bref l'Apocalypse ! Et bien non !
Aujourd'hui on emprunte l'argent aux banques mais ces banques sont privées. Il y a donc un problème d'indépendance. Une banque pense à ses profits pas à ceux du pays. Il faut donc une banque nationalisée qui appartient à l'état lui accordant des emprunts à 0%. Ces emprunts peuvent créer de l'inflation mais l'inflation peut être maitrisée et controlée par divers moyens : création d'une nouvelle monnaie, indexation sur une valeur réelle, revalorisation, ... Bref le problème de l'inflation s'est posée pendant des siècles et des siècles à tous les régimes depuis que la monnaie existe et ils ont toujours su le régler par diverses mesures. Ca ne fait que quelques dizaines d'années qu'on imagine que l'émission privée de la monnaie peut résoudre tous les problèmes. Grâce à une banque centrale étatique, l'état doit pouvoir s'endetter à des taux proche de 0% car l'argent du contribuable doit servir exclusivement à l'investissement et non au remboursement d'intérets imaginaires. Le spectre de l'inflation, la peur de l'irresponsabilité politique doit être oublié ! L'irresponsabilité c'est de laisser une dette mondiale de 46 000 millards de dollars !
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L'augmentation des recettes est aussi une solution. Plus d'impôts signifie moins de dettes. Il est préférable de se sacrifier dans un intéret commun que dans un intéret privé. Les boucliers fiscaux à 50% sont une aberration ! L'imposition à 75% au premier million une vaste blague ! Une fiscalité digne de ce nom doit être totale et démoralisante pour les fortunes personnelles. Une imposition à 100% au-dessus d'un certain seuil de revenu n'est pas incohérent avec la vision d'un vivre ensemble. Le patrimoine immobilier peut aussi faire l'objet d'une sévère correction fiscale. Chacun a le droit d'accéder à sa première résidence principale et de vouloir évoluer dans ses envies mais la création de bulles spéculatives comme c'est le cas à Paris doit être stoppée par une imposition des plus values immobilières de 100%. Et ne vous scandalisez pas, ni ne vous émouvez pas à ces mots ! L'impôt des riches n'est pas celui des pauvres. Ni dans le volume, ni dans l'envie de ne pas le payer. Ces riches qui comme nos institutions crient à la fin du monde si on leur impose des règles mais qui sont les premiers voyous de la planète. Exemple en Italie, la chasse aux fraudeurs fiscaux fait des ravages auprès de la communauté Forbes. Les millionnaires désespèrent face au système Serpico (superordinateur recoupant les données bancaires) :
"Recruté il y a cinq ans, Serpico a déjà débusqué 350.000 fraudeurs dont 518 propriétaires d'avions privés et 42.000 de bateaux de plus de 10 mètres. Inutile de préciser que ces joyeux drilles ne déclaraient pas plus de 20.000euros de revenu annuel."
Endoctriné, notre pensée ne conçoit plus une redistribution efficace des richesses. La peur, et la désinformation embrouillent notre esprit face à des problèmes simples et évidents. Posez vous les bonnes questions et demandez vous :
Préfèrez vous des sacrifices pour une société plus juste ou des sacrifices pour rembourser une dette malhonnête ?
Documents joints à cet article
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