Les 35 heures en question
Vous avez remarqué que la droite porte de vives critiques sur les 35 heures ?
Vous avez remarqué que cette droite a toutes les possibilités d’abroger cette loi ? Vous avez remarqué que, tout en poursuivant ces critiques, la droite n’a toujours pas abrogé cette loi que pourtant elle déteste tant ?
Et pourquoi donc, dites donc ? Ce n’est certainement pas par timidité. Il nous faut donc bien admettre que cette loi présente un intérêt dont la droite ne veut pas se passer.
En réalité, il est abusif de parler de "loi sur les 35 heures", laissant croire que la durée du travail est de 35 heures par semaine. En fait, il s’agit d’une moyenne hebdomadaire annuelle. Le vrai butoir est une durée annuelle fixée à 1 607 heures. Et, pour accomplir ces 1 607 heures, la souplesse est l’aspect principal ! En effet, la durée quotidienne du travail peut aller jusqu’à dix heures par jour. Et la durée hebdomadaire jusqu’à 44 heures par semaine, quoique cela puisse aller jusqu’à 60 heures en cas de besoin !
Le temps de travail peut donc légalement varier d’une semaine à l’autre, le patron devant juste consulter les délégués du personnel ! Les horaires peuvent même être « individualisés » pourvu que le report d’heures d’une semaine sur l’autre résulte du « libre choix du salarié » (sic : L3122-25).
Les heures supplémentaires n’existent donc qu’au-delà de ces 1 607 heures annuelles, calculées sur un « cycle » de douze semaines !
Mais, pour faire des heures supplémentaires, il faut donc qu’il n’y ait pas eu de semaines creuses, et que les heures « en plus » ne génèrent pas de repos compensateurs. Ainsi un salarié peut être amené à faire ses 60 heures par semaine sans toucher un sou en heures supplémentaires !
Cette annualisation du temps du travail est une vieille revendication du patronat, déjà réclamée dans les années 80 par François Ceyrac, alors président du CNPF (ancêtre du Medef). Cela permet de gérer les commandes de l’entreprise à l’avantage de son patron, sans trop avoir à se préoccuper des creux dans les commandes, et sans trop d’heures supplémentaires pendant les coups de bourre. Alors abroger la loi sur "les 35 heures", c’est aussi abroger l’annualisation : ce serait quand même ballot !
Ou abroger la loi, sauf la partie annualisation, serait mettre inutilement le projecteur sur cet aspect : les syndicats pourraient même réagir ! Alors le Medef et son personnel politique, rangés derrière Sarkozy, préfèrent protester contre les 35 heures, dire qu’elles ont détruit l’économie française (ah bon ?), se prétendre les défenseurs des travailleurs (ah bon ?), expliquant que cette loi est un carcan insupportable, mais surtout sans y toucher !
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