Les cryptomonnaies du futur
L'année 2017 s'annonce passionnante dans l'univers des cryptomonnaies.
Le 17 janvier, Donald Trump annonçait que le dollar était surévalué, plongeant les acteurs financiers dans le doute alors qu'une remontée progressive des taux par la Réserve Fédérale fin 2016 laissait penser que le dollar serait la monnaie phare de cette nouvelle année.
Qu'en est-il dans les autres économies développées ?
L'Union Européenne souffre encore d'une croissance molle et d'une faible inflation, ce qui a contraint Mario Draghi à déclarer le 19 janvier que la banque centrale européenne (BCE) maintiendrait ses taux à bas niveau pour le reste de l'année "au moins".
La Grande-Bretagne digère encore les implications du Brexit et la livre sterling est chahutée depuis plusieurs mois.
Le sentiment n'est guère meilleur en Chine, où les consommateurs s'attendent à ce que le Yuan touche son plus bas niveau face au dollar en 2017, selon un sondage publié par le Financial Times le 6 février dernier.
Quant au Japon, habitué aux taux bas et à une croissance endémique depuis 20 ans, la politique de relance de Shinzo Abe a montré ses limites.
Dans ce contexte où les monnaies "fortes" peinent à convaincre les investisseurs, il n'est pas surprenant que l'or et le bitcoin figurent parmi les alternatives en vogue en ce début d'année.
Le Bitcoin a suscité de l'intérêt aux quatre coins du monde en 2016. Le Venezuela et son inflation record ainsi que l'Inde où les coupures de 1000 roupies ont été retirées de la circulation du jour au lendemain le 8 novembre dernier ont vu beaucoup de leurs concitoyens investir dans le bitcoin.
Depuis le début de l'année, la Chine tente d'enrayer l'utilisation des plateformes d'échange de bitcoin comme moyen d'envoyer des fonds à l'étranger. Chaque résident chinois peut au maximum sortir du pays l'équivalent de USD 50'000 de yuan par an. Les autorités se montrent démunies face aux plateformes d'échange qui permettent aux Chinois d'acheter des bitcoins contre yuan et de transférer ensuite lesdits bitcoins en un instant sur une plateforme occidentale comme Coinbase aux USA ou Bitstamp en Europe où une revente en dollars ou euros peut se faire instantanément.
Le temps où les politiciens et les acteurs financiers qualifiaient le bitcoin de fraude semble bien loin. Plusieurs gouvernements ont depuis revu leur position par rapport au bitcoin. Au Japon, il aura désormais valeur de monnaie légale à partir d'avril 2017. Israël a publié en janvier 2017 un projet de loi considérant les monnaies digitales comme des actifs à part entière, taxables comme les autres.
Alors que la communauté du Bitcoin grandit chaque jour davantage, il est bon de rappeler que ce dernier n'est pas la seule monnaie digitale (ou cryptomonnaie) mais qu'il existe des centaines de monnaies différentes que le site Coinmarketcap.com répertorie quotidiennement.
Il est difficile pour un néophyte de s'y retrouver. En effet, l'algorithme du bitcoin est connu de tous (open source) et nombreux sont les ambitieux ayant décidé de s'en inspirer afin de lancer leur propre monnaie. Dans la grande majorité des cas, ces monnaies digitales alternatives (altcoins en anglais) n'ont aucun intérêt technologique ou financier et ne visent qu'à enrichir leurs créateurs.
Toutefois, il serait dangereux d'ignorer les débats de fond qui agitent la communauté Bitcoin et dont l'issue incertaine pourrait bénéficier à des altcoins innovantes.
Deux questions taraudent actuellement le monde du Bitcoin :
1/ la taille et la rapidité de traitement des blocks
Rappelons brièvement le fonctionnement de la blockchain sur laquelle le bitcoin est construit.
Un bitcoin est "matérialisé" par une succession de caractères alphanumériques. Afin de confimer l'authenticité d'une transaction, le réseau des utilisateurs découpe cette chaine de caractères en plusieurs séquences qui seront validées séparément au sein d'un bloc de données.
Depuis sa conception originale, la taille d'un bloc est limitée à 1 MB et ce, toutes les 10 minutes.
Cette taille permet de valider des milliers de transactions par bloc. Toutefois, l'essor du nombre de transactions du bitcoin fait que cette limite de 1 MB est fréquemment atteinte.
2/ l'anonymité des transactions
A son lancement, les pouvoirs publics pensaient à tort que le bitcoin échappait à tout contrôle. C'était surtout lié au fait que certaines plateformes d'échange ne jouaient pas le jeu de la transparence à fond en demandant un minimum d'informations personnelles à leurs utilisateurs. La professionalisation des plateformes s'est grandement améliorée sous la pression des pouvoirs publics notamment.
Toutefois, la blockchain conserve bel et bien l'historique de toutes les transactions passées. Il est donc possible de savoir d'où proviennent et vers où sont transmis les bitcoins.
A l'heure où la transparence est le maître mot des transactions financières, certains se demandent si l'algorithme de la blockchain ne devrait pas être modifié afin de rendre le bitcoin plus anonyme, ceci dans un idéal de liberté.
Ce sont des questions puissantes qui ne sont pas prêtes d'être résolues. En effet, aucun participant ne peut changer l'algorithme sans un consensus de la majorité des acteurs. Afin d'illustrer ceci, il faudrait imaginer un vendeur de carburant essayant d'en commercialiser un nouveau sans que les moteurs de voitures de ses clients soient adaptés.
C'est dans ce contexte que certaines monnaies alternatives ont connu un grand succès en 2016.
Plutôt que de se battre à vouloir changer le bitcoin, pourquoi ne pas lancer une monnaie qui correspond à ce qu'attend une partie de la communauté ?
ETHEREUM
La conception de l'Ethereum (symbole ETH) par Vitalik Buterin a justement visé à accélerer le traitement des transactions en permettant des blocs toutes les 15 secondes comparé aux 10 minutes du Bitcoin.
L'Ethereum a connu un grand succès pour cette raison, mais aussi parce qu'il repose sur un langage de programmation novateur et open source qui peut être utilisé pour d'autres applications liées au domaine financier. C'est d'ailleurs vers ce langage que se tournent les grands groupes bancaires pour leurs solutions de demain.
La valeur des Ethereum en circulation représente déjà USD 1 milliard, ce qui en fait la deuxième monnaie digitale derrière le bitcoin. Toutefois, le potentiel d'appréciation de la monnaie risque d'être limité par le fait que Vitalik Buterin a imaginé une création monétaire infinie alors que le nombre de bitcoins en circulation sera de 21 millions à terme.
MONERO
Monero (symbole MNR) amène une solution aux deux problématiques actuelles du bitcoin : la rapidité des blocks et l'anonymité.
Les blocs sont traités toutes les 2 minutes et les transactions sont totalement anonymes.
A noter que la création monétaire de Monero est intéressante. 18 millions de coins seront émis jusqu'à l'horizon de 2022 et ensuite une inflation de 1% sera fixée chaque année. Cela met Monero à mi-chemin entre la non-création monétaire du bitcoin à terme et l'inflation infinie d'Ethereum.
Monero a rapidement trouvé preneur car sa valeur en circulation est passée de 15 à 150 millions de USD durant le 2ème semestre de 2016. C'est aujourd'hui la cinquième monnaie digitale en termes de capitalisation.
Monero devrait continuer à prospérer en 2017 à mesure que le débat sur l'anonymité du bitcoin s'intensifie.
Toutefois, l'anonymat pourrait aussi se révéler être sa principale faiblesse en cas de pression des pouvoirs publics à cet égard. Aussi, Monero est très différent du bitcoin en termes d'architecture et ne bénéficiera pas de l'effet de réseau autour du bitcoin. Toutes les applications développées pour le bitcoin requièreront beaucoup de travail pour être adaptées à Monero.
Monero n'est donc pas à l'abri d'une altcoin plus efficace.
ZCASH
Zcash (symbole ZEC) a problement été la monnaie digitale la plus attendue de 2016.
En effet, les concepteurs ont présenté leur projet en février 2016 pour un lancement effectif en novembre de l'année dernière.
L'attente fut grande car les développeurs annonçaient des blocks de 2MB toutes les 2.5 minutes (bitcoin : 1 MB toutes les 10 minutes) ainsi que le libre choix donné à l'utilisateur d'anonymiser ou pas ses transactions.
Aussi, l'architecture de Zcash et la création monétaire sont en tout point similaires au bitcoin, ce qui permet un effet de réseau avec les applications existantes du bitcoin.
4 mois après son lancement, le résultat techonologique est très bon car il est admis que l'anonymité des transactions est au moins aussi bon qu'avec Monero.
En revanche, le résultat commercial est un flop, car les développeurs ont commis l'hérésie d'imposer une taxe de minage de 20% sur chaque bloc miné. Cela signifie que le mineur mettant à disposition du réseau ZCash la puissance de calcul de ses ordinateurs pour valider les transactions ne reçoit que 80% de la récompense monétaire prévue, 20% revenant aux développeurs. Il faut rappeler que les mineurs sont le nerf de la guerre et leur motivation doit être maintenue.
Aussi, Zcash a été mis en circulation avec un système de slow start, ce qui signifie que le le nombre de coins en circulation a été artificiellement réduit afin de faire monter les prix. Une fois que la création monétaire normale a été rétablie, le prix s'est écroulé.
Enfin, le fait que Zcash ait été développé par une société américaine laisse pointer des doutes sur la réelle anonymité des transactions à terme.
Ces défauts ne devraient toutefois pas empêcher Zcash d'attirer des adeptes en 2017. Elle représente en effet la 18ème monnaie digitale avec une valorisation à 20 millions de dollars, soit un potentiel de hausse important.
ZClassic
Dès que les développeurs de Zcash ont annoncé la mise en place d'une taxe de minage, le petit monde des cryptomonnaies s'est ébranlé en considérant la taxe comme contraire à l'esprit du bitcoin et des monnaies digitales en général.
Le développeur Rhett Creighton a donc revu l'algorithme de ZEC (disponible en open source) et en a supprimé la taxe pour créer Zclassic (symbole ZCL).
Zclassic a donc les mêmes attributs que Zcash, sans la taxe ni le slow start.
Contrairement à Zcash, Zclassic n'est pas géré par une société américaine mais est mis librement à la disposition des utilisateurs à la façon du bitcoin.
A l'heure actuelle, sa capitalisation n'est que de USD 500'000 (131ème rang mondial), Zclassic dispose donc du plus grand potentiel de valeur. Si le marché s'en aperçoit, Zclassic est promis à un bel avenir.
Conclusion
2017 devrait être une très bonne année pour le bitcoin.
La situation monétaire mondiale est tendue et la communauté bitcoin s'est considérablement renforcée ces dernières années. Il est désormais simple d'acheter, d'échanger et de payer en bitcoins.
A chaque hausse du bitcoin, les médias et les investisseurs s'y intéressent. Ces derniers peuvent avoir le sentiment d'arriver trop tard (alors que nous sommes qu'au début de l'histoire) et s'intéresser aux altcoins qui peuvent représenter davantage de gains potentiels.
Aussi, les détenteurs actuels de bitcoin observent avec attention les propriétés des nouvelles altcoins. A long terme, la concurrence d'altcoins de qualité n'est pas à exclure.
Il est possible que le bitcoin dépasse le prix de l'once d'or pour la première fois de son histoire en 2017. Dans l'inconscient collectif, cela serait un signe fort qu'une révolution est en marche.
Conseils supplémentaires
Comment acheter du bitcoin ?
0. Instruisez-vous sur les forums spécialisés comme bitcointalk.org ou bitcoin.fr
1. Créez-vous un compte sur une plateforme d'échange comme www.bitstamp.net
2. Fixez-vous un montant que vous pouvez investir sans dommage à vos finances et envoyez cette somme sur la plateforme d'échange
3. Investissez en plusieurs fois
4. Pour la conservation des bitcoins, envisagez un archivage physique sur une clef USB que vous enfermez dans un coffre. Attention, laissez un mot à vos éventuels héritiers car on est jamais à l'abri d'un accident !
Comment acheter des altcoin ?
0. les altcoins sont négociés sur des plateformes spécialisées comme Poloniex, Bittrex ou Yobit. Il faut ouvrir un compte sur l'une d'entre elles.
1. Généralement, les altcoins sont négociables contre bitcoin, pas souvent contre USD ou EUR. Par exemple, il faut envoyer des bitcoins de votre compte Bitstamp à votre compte Bittrex, et vendre vos bitcoins contre des altcoins.
Comment reconnaître une bonne altcoin d'une mauvaise ?
La réponse n'est pas aisée mais il faut au moins que l'altcoin ait quelques attributs centraux du bitcoin :
- Création monétaire limitée (se méfier des altcoin avec inflation infinie)
- Décentralisation (pas de société commerciale ou club d'investisseurs privés en soutien de l'altcoin)
- Effet de réseau (une altcoin trop éloignée technologiquement du bitcoin ne profitera pas des développements de ce dernier)
Il faudrait aussi que l'altcoin amène de meilleures propriétés que le bitcoin sur certains aspects comme :
- rapidité de traitement
- anonymité
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