Les doigts dans la crise : des Etats en faillite et le FMI qui s’assèche...
En France, les collectivités locales souffrent et les banques défaillent, mais l’Etat les renfloue. Aux Etats-Unis, la catastrophe AIG est annoncée et risque de faire très mal. Dans le reste du monde, des Etats se déclarent en faillite, mais le FMI les renfloue. Le roseau plie, mais ne rompt pas... encore, car le FMI commence à donner des signes de fatigue. Le pire est-il à redouter ?
Premier épisode de la Saga "Les doigts dans la crise" (sur "Les mots ont un sens"), qui résume et met en perspective les événements les plus récents relatifs à la crise financière.
L’activité économique ralentit
Des entreprises réduisent leur activité, temporairement ou pas. ArcelorMittal, Renault, PSA, Camif, La Redoute, Sanofi, Dim... La CGPME tire la sonnette d’alarme, qui voit les salariés affluer vers l’ANPE pour se déclarer sans activité, ou en passe de l’être. Et Bruxelles annonce une prévision de croissance nulle pour la zone Euro en 2009.
Les collectivités locales en danger
D’un côté, les collectivités locales (villes, départements, régions...) qui assurent 75 % de l’investissement public du pays. Elles se sont endettées, ces dernières années, en contractant des prêts "structurés", qu’on qualifie aujourd’hui de "toxiques" ou de "pourris". Claude Bartolone, nouveau boss du 9-3, a par exemple récemment annoncé que la dette de son département était constituée à 98 % de ce type de crédits. En conséquence, il s’attend à ce que les taux d’intérêt explosent dans les prochains mois, mettant en péril les finances du département... De l’autre côté, les banques à l’origine de ces prêts et, en première ligne, Dexia, LA banque spécialisée dans les crédits aux collectivités, en état de quasi-faillite.
Le gouvernement est cerné par les flammes, entre l’incendiaire et l’incendié. Il avait déjà annoncé le déblocage de 5 milliards d’euros pour commencer à combler les déficits abyssaux des collectivités. Il avait déjà annoncé le renflouement de Dexia à hauteur de 3 milliards d’euros, sous forme d’augmentation de capital. Il annonce maintenant (hier) 55 milliards d’euros de garanties pour la banque. Si le pompier tente d’éteindre le feu et sauver ce qui peut encore l’être, il soigne aussi les plaies de l’incendiaire. Ce n’est qu’un début...
Les banques et les assurances soutenues par les Etats
Les banques françaises bénéficient de 10 milliards d’aides publiques d’urgence, tout en vantant la solidité du système bancaire national. Les assureurs ne mouftent pas encore. Axa, pour l’instant, se dit "serein". En Allemagne, Commerzbank, la deuxième banque du pays, va bénéficier d’une aide d’urgence de 8 milliards d’euros, en plus de 15 milliards de garantie. Mais aux Etats-Unis, on atteint une nouvelle étape dans la crise. Les premières giclées d’argent frais s’avèrent largement insuffisantes. Un mois après avoir bénéficié d’un prêt de 120 milliards de dollars de la Fed, l’assureur AIG a déjà englouti le plus gros de la somme et sa situation est toujours critique. Personne ne s’attendait à pareille déconvenue et personne ne comprend. Les montants avancés par les autorités financières deviennent maintenant dérisoires. Les analystes craignent les prochaines estimations, qui pourraient s’avérer totalement intenables.
Des Etats en difficulté
Pour l’instant, les Etats assument le plus gros des pertes, mais jusqu’à quand ? L’Islande est en état de faillite, suivie de près par la Hongrie, membre de l’Union européenne, l’Ukraine et la Serbie. L’Islande négocie encore, à l’heure actuelle, les conditions de son sauvetage par le FMI et/ou la Russie. La Hongrie vient d’annoncer avoir trouvé un accord avec le FMI, la Banque mondiale et la BCE. L’Ukraine est temporairement sauvée par un prêt de 13 milliards d’euros du FMI... L’Estonie est en mauvaise posture, etc.
FMI et Banques centrales : les derniers remparts se fissurent
Quand les banques et les assurances flanchent, les Etats les renflouent. Quand les Etats flanchent, les Banques centrales et le FMI les aident. Mais si ces derniers remparts s’effondrent ? Dominique Strauss-Kahn a annoncé mercredi que les ressources de son institution, le FMI, "ne suffiront peut-être pas" pour affronter la crise financière. Et hier, Gordon Brown a appelé la Chine et les pays du Golfe à aider le FMI, demandant "des centaines de milliards de dollars en plus des 250 milliards déjà disponibles".
Demander de l’aide à ses pires ennemis... il faut vraiment que ça aille mal. Même les experts en tombent de leur chaise...
Les mots ont un sens...
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