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Les mauvaises manières des enseignes de distribution, et d’autres....

Pôle Emploi semble être le meilleur allié de ces malotrus de la distribution.

Le premier a un besoin impérieux de remplir son panier, la deuxième a besoin de faire savoir qu’elle existe.

Cruel constat en ces temps difficiles, les rares offres qui hantent le site Pole-emploi.fr proviennent pour l’essentiel de la Grande Distribution.

ELS, hôtesses de caisse, il ne se passe pas un jour sans qu’une nouvelle offre n’apparaisse à l’écran.

En Région parisienne, les enseignes de hard discount décrochent le pompon. Elles sont sur le site internet de l’agence comme à la maison.

En ce moment, sur Paris, Pôle Emploi se met en quatre pour les aider à recruter. Et pour le recrutement de nouveaux adjoints chefs de rayon en alimentaire, les fameux recrutements par simulation tournent à plein régime, pour le compte de l’enseigne FRANPRIX cette fois.

Que se cache-t-il derrière ces offres dont certaines semblent avoir une durée de vie illimitée ?

Telle enseigne recrute encore et toujours, et pourtant chaque jour, des candidats se présentent avec un C.V qui ne sont même pas reçus en entretien. Certains chercheurs d’emploi affichent des heures harassantes de transport pour un résultat proche du néant.

Ces offres, Elhil SAVANABHANATHAN, jolie sri lankaise de 28 ans, les connaît bien. Un CV comme il faut, un sourire avenant, un français encore hésitant compensé par une solide motivation. 

A chaque fois, c’est la même rengaine. Le patron est là mais il semble occupé, oeil rivé sur l’écran noir de ses recettes. "Posez votre CV sur le coin du bureau, je vous appelle si un poste se libère !". A peine un regard sur la jeune fille, l’homme n’a même pas cillé.

Décontenancée, la demoiselle s’en est allée sans poser les questions qu’elle avait pourtant soigneusement préparées, tout au long des lignes 3 et 11 du Métro.

Et pourtant, il y avait bien cette offre, datée du jour, à 35H au Smic. Saisie d’un doute, elle jette un dernier regard sur l’imprimé, dérisoire promesse d’un hypothétique emploi, espérant s’être trompée de magasin. "Non, c’est bien là..., pas d’erreur !"

Aucune suite ne sera évidemment donnée et Elhil pourra attendre, encore et toujours, que son portable veuille bien sonner.

Aujourd’hui, même un "désolé madame, nous n’avons pas retenu votre candidature" lui ferait plaisir, car, au bout de trois mois de prospection, de réponse, elle n’en a vu aucune.

"A chaque jour suffit sa peine" dit le dicton, mais sa peine à elle, qui la voit ?

Sur l’imprimé figurait juste l’adresse du magasin et le nom du directeur. Pas d’indication d’un numéro de téléphone, ni de mail, ni sur les horaires du magasin, forcément élastiques...comme une invite implicite à se rendre à l’adresse indiquée...

"Autant se présenter puisque cette offre est datée du jour", se dit-elle à chaque fois, comme pour se donner du courage.

Peine perdue, certaines de ces offres réapparaîtront pourtant deux semaines plus tard sur pole-emploi.fr  : même enseigne, même fonction....

Alors ! qui joue à ce mauvais jeu ? Pôle Emploi ou bien l’enseigne de distribution, offre bidon ou patron indélicat ?

Parmi les 3 millions d’offres proposées par Pôle emploi chaque année, combien d’entre elles sont de vraies offres ?

Quelques esprits chagrins n’hésitent pas à affirmer qu’elles seraient bidouillées pour satisfaire une hiérarchie, elle-même sous pression.

En attendant, coincée entre des patrons qui ne la dévisagent même pas et des offres qui se dérobent à chaque fois, Elhil s’interroge sur son avenir en France.

Dans un mois, elle part rejoindre une cousine installée à Rotterdam. Là bas, il semble que sa communauté soit un peu mieux respectée...

Ceci n’est pas une fiction, seul le nom de la jeune fille a été changé

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10 réactions à cet article    


  • c.d.g. 13 juin 2009 15:39

    Quand on voit une société n arrete pas de recruter, c est soit
    - qu elle est en pleine expansion (vu le contexte eco actuel, peu probable)
    - que les conditions de travail sont telle que le personnel n arrete pas de demissioner (donc mefiance en tant que candidat)
    - que l annonce est bidon, par exemple pour se constituer un fichier au cas ou (pratique courante des SSII : un marchand de viande doit savoir rapidement ou il peut trouver un specialiste .net si un client lui en demande un. D ou le fichier)

    Dans le cas relaté ici, je vois pas tres bien pourquoi le supermarche va passer des annonces bidons. Il n a rien a y gagner. Je suis sur que le CV est alle direct a la poubelle. Constituer un fichier necessite au moins d avoir un entretien avec la personne, ce qui n est pas le cas ici.

    Vu le taux de chomage en France, je doute qu il y ai une vague de demission des caissieres. donc le supermarche ne recrute pas uniquement pour combler les departs.
    Peut etre en effet le pole emploi pour faire mousser les statistiques ? simplement en « oubliant » de retirer une annonce deja pourvue, on augmente les ratios

    Mais la personne en question a tout a fait raison de quitter la france. Le bateau coule et elle a aucune raison de rester dedans. Et la hollande a un taux de chomage inferieur au notre, elle aura plus de chance la bas


    • Fergus fergus 13 juin 2009 16:47

      Bonjour, Yohan.

      Excellent article qui met le doigt sur les magouilles d’un marché de l’emploi largement manipulé par les uns et les autres pour les motifs les plus divers et parfois les plus tordus.

      Ainsi, dans le cas étudié, il est, C.D.G., une autre explication possible : le supermarché passe des annonces bidon destinées à alimenter fictivement l’offre de Pôle Emploi (et donc grossir son activité théorique) en échange de quoi le patron de cette agence se met en quatre pour satisfaire dans les plus brefs délais et avec des candidatures de qualité toute demande réelle émanant du supermarché.

      Ce type d’arrangement existe, hélas, depuis qu’existent les agences. Fort heureusement pas partout. Pour l’instant du moins...


      • Bobland59 Bobland59 13 juin 2009 17:04

        Hélas cette méthode n’est pas nouvelle . Je suis à la retraite après avoir passé 40 ans dans les grandes surfaces des deux côtés de la barrière . D’abord chef de rayon et ensuite représentant pour finir directeur des ventes dans une PMI française avec pour principaux clients les grandes centrales .
        Depuis 1969 où j’ai commencé et maintenant ils font tous la même chose, on passe des annonces de recrutement plus ou moins bidons UNIQUEMENT par ce que cela donne l’image d’une enseigne qui marche bien et recrute à tour de bras mais surtout cela fait une excellente PUB gratuite ou presque . Le prix d’une petite annonce et sans commune mesure avec le prix du pave publicitaire .


        • Neris 13 juin 2009 18:16

          Par chez moi, une enseigne de grande distribution, dont nous avons deux hypermarchés, a fait miroiter à des dizaines de jeunes (via Pôle Emploi et la Mission Locale) des contrats de professionnalisation dans tous ses corps de métier.

          Mais au préalable, il leur a fallu passer par un mois d’A.P.R. (Action Préparatoire au Recrutement). Pour ceux qui savent ce que c’est, une A.P.R. est totalement inutile avant un contrat de professionnalisation. Car une A.P.R. qui peut aller jusqu’à trois mois doit former le futur salarié au poste de travail, et un contrat de professionnalisation a le même but sur une plus longue période.

          La différence, c’est que pour le contrat, le salarié est payé à temps plein au SMIC, qu’en A.P.R. il n’ a pas droit à un seul centime et que c’est l’employeur qui est rémunéré à l’heure.

          Bien entendu, aucun de ces jeunes n’a eu de contrat de travail, mais l’enseigne continue sur sa lancée.

          Effectviement, cette enseigne marche très bien et recrute à tour de bras... mais n’embauche jamais ! c’est vrai que c’est dur de trouver de la bonne main-d’oeuvre.


        • Yohan Yohan 13 juin 2009 19:25

          Bonsoir Bobland, bonsoir Fergus, Had et les autres
          Votre témoignage est important, il démontre les intérêts convergents de Pôle Emploi et des enseignes, tout cela se faisant bien sûr au détriment du chercheur d’emploi que l’on prend pour un con. N’oublions pas que pour les plus fragiles, ces déplacements inutiles sont dommageables pour la santé.
           Pour ma part, je souhaite que ce genre de comportement soit réprimé par la Loi et sanctionné par de fortes amendes, dès lors que l’on a la preuve qu’il s’agit de fausses offres d’emploi.


        • Yohan Yohan 13 juin 2009 19:29

          Bonsoir Neris
          Effectivement, c’est aberrant. Il faut croire que ce type de recrutement a plus d’impact qu’une petite annonce, puisqu’ils sont souvent repris par les gratuits, pub à bon compte et les actionnaires bichent. 


        • Bobland59 Bobland59 13 juin 2009 21:35

          Il ne faut pas rêver Yoann, comme j’expliquais il y a 40 ans ,pourtant que le début des hypers, c’était déjà comme ça pour les nouveaux, la gauche est passée, pas eu grand changement avec ces magnats de la distribution, mais sous sarko cela sera que de pis en pis . Tu parles ça fait baisser le taux de chômage et ce sont ses potes qui dirigent les grands groupes ........... alors ????


        • Bobland59 Bobland59 13 juin 2009 21:38

          Pardon j’ai écorché votre nom ou pseudo Yohan .


        • Yohan Yohan 13 juin 2009 23:38

          Gauche droite c’est kif kif, la distribution a dû arroser autant que le BTP. Une tolérance aussi large a sûrement un coût....


        • Gabriel Gabriel 15 juin 2009 13:32

          Les grandes enseignes, le rêve capitaliste dans toute son excellence, le viagra du sarkosysme.

          Les règles d’or de ces grands groupes : 

          1°) Saigner les fournisseurs

          2°) Voler le client

          3°) Exploiter l’employer

          Et enfin, suprême jouissance accumuler les bénéfices à s’en étouffer ! 

           

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