Les retraites et la « crise » financière
Le gouvernement sort un nouveau document du Conseil d’orientation des retraites (COR) encore plus catastrophique dans le but d’enfoncer le clou dans la tête des gens pour qu’ils acceptent de travailler plus longtemps et qu’ils se serrent la ceinture, tout ceci au nom de la crise. Le problème des retraites n’est qu’une résultante des méfaits du capitalisme :
Vous avez dit crise, mais certainement pas celle du capitalisme qui grâce à la déréglementation peut aujourd’hui tout se permettre.
En effet, Reagan, puis Clinton et Bush père et fils, avec la complicité du FMI et de l’OMC,....ont ouvert les vannes aux prédateurs de la finance. Ainsi les banques ont créé des produits financiers dont elles étaient les seules à comprendre le fonctionnement. Ce qui leur a permis de gagner sur tous les tableaux comme nous allons le voir dans une histoire « vraie » écrite par Isabelle Mouilleseaux, dans la chronique Agora du mardi 27 avril 2010, intitulé Meurtre "entre petits amis" avec préméditation :
« Imaginez que vous soyez un banquier d’affaires...
Un banquier aussi créatif que machiavélique, aussi redoutable qu’influent. Un banquier et qui a tous les moyens à sa disposition et un seul et unique objectif : réaliser des plus-values.
Imaginez que ce banquier ait pour clients la plupart des grandes banques de la planète, qui font, elles, "commerce avec le petit peuple". Vous êtes donc en situation de refourguer "vos petits produits maison" aux grandes banques mondiales qui vont ensuite en arroser la planète toute entière...
Imaginez que vous puissiez mettre tout ce que vous voulez dans ces "petits produits maison". Vous êtes comme un artiste qui jongle avec ses couleurs. Il ne vous reste plus qu’à les coucher sur le papier pour faire émerger une oeuvre d’art... Voici comment.
Le marché immobilier cartonne, une véritable bulle se forme
Vous sentez le bon coup : Il faut shorter. Tout cela ne peut qu’exploser !
Un petit brainstorming entre amis, et hop ! L’affaire est dans le sac.
Vous voilà déjà entre train de concocter un petit produit immobilier maison, un "spécial Goldman", à base d’emprunts hypothécaires immobiliers les plus toxiques que vous puissiez ramasser sur le marché.
Vous allez voir vos amis les agences de notation qui vous estampillent votre petit produit maison "gros rendement sans risque". Il ne vous reste plus qu’à vendre vos "petites douceurs" à vos amis banquiers qui s’occuperont d’écouler la marchandise. Vous gagnez sur les volumes vendus. Votre produit fait un tabac.
Mais vous pouvez faire beaucoup plus fort. Gagner beaucoup plus
Il vous suffit d’ajouter un peu de rouge à votre tableau. En "jouant contre vos propres produits maison" ! Car vous savez que le marché immobilier va craquer, et que les emprunts hypothécaires immobiliers concentrés dans votre petit produit maison feront défaut, tant ils sont toxiques. Vous avez tout prévu. Depuis le début. Jackpot assuré !
Mieux encore : vous vendez vos "petits produits maison" à découvert et en parallèle achetez des assurances (CDS) contre le risque de défaut des actifs ultra-toxiques de votre produit. Ces contrats d’assurance, forcément, vont voir leur valeur flamber au fur et à mesure que vos petits emprunts hypothécaires, sélectionnés par vous avec tant de soin et préméditation, feront défaut.
Un milliard de gains rien que sur les CDS...
C’est un meurtre "entre petits amis" avec préméditation...
Certes, j’exagère.
Oui, je caricature à l’extrême.
Certes, la justice n’est pas passée.
Je sais, rien n’est "prouvé".
Oui, Goldman est juste "présumé coupable".
Juste présumé... rien de plus.
En revanche, les gains générés par ces petits arrangements entre amis sont bien là, eux.
Sonnants et trébuchants ».
Bush fils et les dirigeants européens incitaient fortement leurs concitoyens à s’endetter. Ainsi aux USA un immigré mexicain a pu acheter à crédit 5 maisons, une femme de ménage à temps partiel un bel appartement,....Sarkozy n’a t-il pas déclaré en arrivant au pouvoir : « les français ne s’endette pas assez ». Puis est venu l’effondrement des valeurs immobilières.
Lors du crack immobilier, les plus grandes banques ont fait un chantage à la planète en se déclarant en faillite, tout en spéculant pour certaines à la baisse des produits toxiques qu’elles avaient fabriqué ou vendu ("Des vivats chez Goldman Sachs alors que le marché immobilier chutait") .
La faillite était réelle pour les plus petites qui avaient acheté des produits financiers toxiques ( plus de 120 de petites banques ont fait faillite aux USA) et celles qui avaient pris d’énormes risques financiers, mais pas les plus grosses qui ont fabriqué ces produits, elles en ont tiré d’énormes bénéfices qu’elles ont mis au chaud dans les paradis fiscaux.
D’ailleurs certaines affichent maintenant une santé resplendissante, en dégageant d’énormes bénéfices en 2009 !!!! Il fallait bien assainir le paysage bancaire pour pouvoir grossir, avec l’aide des Etats, en éliminant la concurrence .
Aujourd’hui les banques , les hedgefunds (*) ou fonds alternatifs, les sociétés d’investissements, les fonds de pension et les sociétés d’assurance, grâce à leurs liquidités accumulées, sont en mesure de s’attaquer plus facilement aux Etats en commençant par les plus faibles, avec l’aide des agences privés de notation, pour gagner encore plus d’argent. Ils disposent de 600 000 milliards de dollars de produits dérivés ( CDS (Credit Default Swaps(**)), produits financiers complexes, ,...) dont 80% échappent à tout contrôle de la part des Etats ( dixit Michel Barnier, commissaire européen des marchés intérieurs et des services financiers de l’U.E., sur France Inter le 18 mai 2010).
Ainsi les banques et les spéculateurs sont devenus les maîtres du capitalisme, ils ont à leur disposition un levier qui « peut soulever la planète, voire déstabiliser des pays ». Ce levier c’est l’argent « dette » qui leur permet d’émettre en toute légalité des prêts qui ne sont pas couverts par des fonds de réserves (fonds propres ou fonds de capitalisation).
Les banques considèrent les Etats comme des marchandises sur lesquelles elles spéculent par étapes :
-D’abord si un pays a trop de dette, sa solidité financière est considérée comme douteuse. En conséquence, il faut lui appliquer des taux plus élevés sur les prêts qu’il demande : prêts à des taux d’environ 8 à 10% (cas de la Grèce) de l’argent qu’elles ont eu des contribuables à 1 voir 3%.
-Puis, on demande au pays d’appliquer un plan de rigueur drastique, tout en exigeant la privatisation massive de leur secteur public qui jusqu’à présent échappait à leur spéculation. Ces plans engendrant un risque fort de récession. Alors c’est la double peine pour les salariés qui ont payés pour « sauver » les banques en tant que contribuables et qui subissent des plans de rigueur qui imposent en particulier de reculer l’âge de la retraite ou de les diminuer fortement.
Les banques ont le véritable pouvoir. Pour preuve ; pour leur donner plusieurs centaines de milliards, il a fallu une nuit aux politiciens responsables des Etats pour prendre cette décision. En revanche, pour la Grèce, il a fallu 3 mois pour que ces mêmes polichinelles lui accordent un prêt d’environ 100 milliards. Quant au plan de défense (de rire) de 750 milliards d’euro c’est de l’argent que les Etats européens n’ont pas et qu’ils emprunteront aux banques pour contrer les banques !!!!!!! ( à mourir de rire)
En résumé, la recapitalisation du secteur privé financier a eu pour conséquence aberrante d’accroître lourdement la dette des États des deux côtés de l’Atlantique.
Ainsi, la crise financière née aux États-unis, après avoir déclenché la récession c’est-à-dire désamorcé la pompe économique, a depuis, par voie de conséquence, tari les ressources fiscales des États rendant plus difficile encore le service d’une dette de plus en plus considérable.
Or l’Union européenne vient d’ajouter de la dette à la dette avec ces quelque 750 milliards d’euros qui vont grever plus encore ses budgets nationaux (le taux moyen d’endettement de la zone euro étant actuellement de 78 %), ceci en vue d’hypothétiquement « rétablir la confiance des marchés »…
Pour ce faire l’UE vient — volontairement — de se placer sous la coupe du Fonds monétaire international qui va lui consentir des prêts à hauteur de 250 milliards d’euros. FMI qui avait jusqu’à présent plutôt vocation à soutenir les économies chancelantes du Tiers-Monde à grands coups de matraque assénés au moyen de ses plans dits d’ajustement structurel.
C’est donc une entité supranationale à vocation « mondialiste » qui va en quelque sorte chapeauter, voire superviser plus ou moins directement les structures de gouvernance économique dont l’UE va assurément se doter si la zone euro ne se disloque pas spontanément entre temps.
Les banques et les spéculateurs ont une proie : c’est l’euro et les pays de U.E. Ils font la pluie et le beau temps sur les marchés… bref, les donneurs d’ordre anonymes, inidentifiables pour les gouvernements eux-mêmes comme l’a piteusement avoué le ministre français des Finances, Mme Lagarde. Ce sont eux qui jouent au yoyo avec les Bourses comme le chat joue avec la souris, anticipant les baisses et les hausses qu’ils suscitent de toutes pièces.
Pour preuve des turpitudes des banques, les enquêtes en cours qui servent d’exutoire auprès des peuples auxquels on demande des sacrifices. Ainsi d’après le WASHINGTON/NEW YORK (Reuters) -14 mai 2010 -
« Six grandes banques présentes à Wall Street, parmi lesquelles JPMorgan Chase et Citigroup, font l’objet d’une enquête pénale visant à déterminer si elles ont trompé les investisseurs, apprend-on de source proche du dossier.
Les quatre autres banques sont Deutsche Bank, UBS AG, Morgan Stanley et Goldman Sachs, a-t-on précisé alors que les banques, dans plusieurs pays, sont dans le collimateur des autorités qui cherchent à savoir ce qui s’est passé autour de la crise des subprimes.
L’enquête, menée en collaboration avec l’autorité boursière américaine, la Securities and Exchange Commission (SEC), porte sur des opérations obligataires liées à des crédits immobiliers, précise-t-on. Elle en est aux premiers stades et elle ne débouchera pas forcément sur des inculpations.
Cette source a requis l’anonymat parce que l’enquête est en cours.
Par ailleurs, les autorités de New York ont ouvert une enquête pour savoir si huit banques ont trompé les agences de notation en ce qui concerne des opérations liées à des dérivés de crédits immobiliers, apprend-on d’une autre source.
Le New York Times, qui a le premier rapporté l’information dans son édition de jeudi, précise que le procureur de New York Andrew Cuomo a notifié mercredi soir l’existence de cette enquête aux établissements concernés.
Parmi ceux-ci se trouvent quatre banques américaines, Citigroup, Goldman Sachs, Morgan Stanley et Merrill Lynch, aujourd’hui propriété de Bank of America et quatre européennes dont Crédit agricole, Crédit Suisse, Deutsche Bank et UBS. »
Ces enquêtes surviennent moins d’un mois après la plainte pour fraude au civil de la SEC à l’encontre de Goldman Sachs en ce qui concerne la commercialisation d’un produit complexe, un CDO (Collateralised Debt Obligation) fabriqué à partir de produits liés au marché des subprimes.
Mais ne nous faisons pas trop d’illusions, même si certaines payerons des amendes, elles continuerons leurs méfaits dans la plus grande opacité . Celle-ci est indispensable pour les opérations financières des marchés à des fins de spéculations. Les banques resteront la tête de la pieuvre du capitalisme. Le ministre des finances allemand ne vient-il pas de déclarer : « on ne contrôle plus les marchés (sous entendu les marchés financiers) » Voire article « Crise et chuchotements €uro : l’hypothèse du pire » : http://www.alterinfo.net/Crise-et-chuchotements-uro-l-hypothese-du-pire_a46291.html
Le capitalisme, passera par d’autres transformations pour atteindre d’autres objectifs et pour contourner un éventuel « semblant » de réglementation (qui n’existe toujours pas). Le capitalisme n’est pas mort, bien au contraire. Il faut dire que le manque de solidarité entre les peuples, entre les salariés de pays différents ou d’un même pays (voir l’Europe ou la France) ouvre un boulevard à la spéculation mondiale.
De plus, la myopie des organisations de gauche, l’imposture de la social-démocratie et de l’écologie des salons et des jardins, le défaitisme des syndicats renforcent l’isolement de ceux qui veulent résister. Refaire des débats vieux de 50 ans et plus, ne font guère avancer les choses. Il serait temps de s’unir sur une plateforme minimale pour résister à l’avancée du capitalisme, si nous ne voulons pas revenir un siècle en arrière en perdant nos acquis sociaux, et voir le développement de l’esclavage.
Cette crise a bon dos, elle sert de levier aux gouvernements pour démolir les derniers pans des services publics et pour demander aux salariés d’accepter encore plus de sacrifices sur les salaires et sur les retraites. C’est une escroquerie alors qu’il existe des rentrées de revenus disponibles auprès des nantis et des entreprises qui ne payent pratiquement pas d’impôts et de charges sociales grâce à leurs filiales basées dans les paradis fiscaux (les entreprises du CAC 40 sont imposées en moyenne à 8% au lieu des 33% pour les entreprises qui n’ont pas de filiales basées dans les paradis fiscaux ). Comme je l’ai démontré dans un précédent article : « Le financement des retraites et de la Sécurité sociale », en France, plus de 185 milliards pourraient être récupérés chaque année !!!! . voir aussi l’article « trouver l’argent pour les retraites : les entreprises françaises présentes dans les paradis fiscaux » : http://www.alterinfo.net/trouver-l-argent-pour-les-retraites-Les-entreprises-francaises-presentes-dans-les-paradis-fiscaux_a46289.html . Sachant qu’aujourd’hui, plus de 400 milliards d’euros échappent à l’impôt et aux cotisations sociales, pour les seules entreprises du CAC40.
Le gouvernement à compris que les syndicats sont divisés et que la grande majorité de ceux-ci ne feront qu’un baroud d’honneur pour sauver la face. C’est une véritable trahison qu’ils partagent avec les organisations de gauches incapables de donner un sens politique pour résister à l’ensemble de la politique de rigueur et notamment aux attaques contre les acquis sociaux : Retraite en tête.
Ne pas s’opposer fermement à la réforme des retraites de Sarkozy, c’est entrer dans le jeu de la spéculation bancaire mondiale de plus en plus vorace. Combien de temps encore nous accepterons de reculer pour enrichir les banques ?
NB ; Le MEDEF demande d’introduire la retraite par capitalisation pour résoudre le problème des retraites ( déclaration, du 19 mai 2010, de L. Parisot)
Pour vous divertir, je vous propose la vidéo suivante : Les assassins économiques
http://www.agoravox.tv/actualites/economie/article/les-assassins-economiques-26298
(*) Les hedge funds, contrairement à leur nom qui signifie couverture, sont des fonds d’investissement non cotés à vocation spéculative. Ce sont des fonds spéculatifs recherchant des rentabilités élevées et qui utilisent abondamment les produits dérivés, en particuliers les options. Ils utilisent l’effet de levier, c’est-à-dire la capacité à engager un volume de capitaux qui soit un multiple plus ou moins grand de la valeur de leurs capitaux propres. Les hedge funds présentent l’intérêt d’offrir une diversification supplémentaire aux portefeuilles « classiques » car leurs résultats sont en théorie déconnectés des performances des marchés d’actions et d’obligations.
http://www.lafinancepourtous.com/Hedge-funds.html
http://www.lexinter.net/JF/hedge_funds.htm
(**) Le Credit Default swap CDS est la forme la plus classique des dérivés de crédit : la personne désireuse de se protéger contre une défaillance d’une contrepartie paie à un tiers un flux régulier et reçoit de ce tiers un paiement défini à l’origine en cas de survenance de la défaillance redoutée.
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