Les riches pays arabes vont-ils sauver notre monde ?
Le “plan Paulson” qui visait à “sauver” les institutions financières américaines, historique et très critiqué, n’a pas été adopté par la Chambre des représentants aux Etats-Unis.
Désormais, il n’y a plus de solution officiellement et le problème est devenu tellement énorme qu’il peut engendrer d’un jour à l’autre un cataclysme sur toute la planète en faisant radicalement exploser le système capitaliste et financier international, pour finalement le réduire à néant.
Soyons très objectifs et revenons un peu sur les fondamentaux de la crise.
Le “système” mondialisé que nous connaissons dans nos civilisations avancées est basé exclusivement sur le développement exponentiel, sur la consommation exponentielle et sur la production exponentielle.
Désormais, l’idée que dans un “monde fini rien ne peut être exponentiel” a fait son chemin dans les consciences. La confiance dans ce “système” est fortement altérée et à peu près rien ne pourrait inverser la tendance.
Dans la mesure où on ne peut pas se développer de manière exponentielle, le “système” arrive à son “point de rupture”, au pire moment de l’Histoire.
De plus, en Occident, nous sommes intimement dépendants de produits primaires tels que le pétrole, le gaz et d’autres encore que nous devons acheter, de plus en plus cher, en dehors de notre périmètre. Depuis toujours, nous n’avons cessé de transférer notre cash auprès des pays producteurs (nous avons fortement enrichi les Arabes et, dans une moindre mesure, les Chinois, les Russes...) en échange de produits primaires, que nous avons depuis consommé. De plus, nous avons initié des guerres et sommes associés à des troubles sur toute la planète et l’image de l’Occident s’est terriblement dégradée.
Nous, les Occidentaux, nous ne sommes crédibles que lorsque nous sommes très puissants, or, à l’allure où vont les choses, nos civilisations modernes vont se retrouver assez rapidement au tapis pour un bon moment.
J’entends dire “c’est le moment, il faut changer le système, il faut repenser la finance internationale, trouver des nouvelles règles”. Le FMI se propose de s’en charger, s’il est mandaté, il se sent “investissable” pour cette mission.
Malheureusement, nous ne disposons pas de beaucoup de temps et qui est en mesure d’imposer, au niveau international, dans un délai record, des nouvelles règles acceptables par toutes les parties ? Bush ? Sarkozy ? Les Chinois ? Les Russes ? Les Arabes ?
Que faut-il faire désormais ? Fermer les places financières quelques semaines ? Quelques mois ? C’est possible, c’est certainement une option qu’il aurait fallu retenir, hélas en sacrifiant des centaines de milliers d’emplois dans le domaine de la finance et de la haute finance.
Une autre option existe pourtant, elle n’est pas encore très évidente, mais elle pourrait bien s’imposer. Regardons simplement au Moyen-Orient, du côté des riches pays arabes.
Nous sommes le 29 septembre 2008, le Ramadan se termine aujourd’hui, on s’apprête à fêter l’Aïd, et peut-être qu’après, d’ici quelques jours, et d’après ce qui se dit, on va passer à d’autres choses très sérieuses.
Depuis plus de cinquante ans, les pays occidentaux ont enrichi les monarchies du Golfe (Koweït, Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Bahreïn, Qatar...). Nul ne sait précisément de quel pactole ils disposent, tous réunis, mais on avance les chiffres faramineux de plusieurs dizaines de milliers de milliards de dollars.
Le plan pour sauver la finance américaine, c’était 700 milliards de dollars.
Les Arabes disposent probablement de plus de 100 000 milliards de dollars d’actifs et de liquidités. C’est-à-dire plus de 140 fois le coût du fameux plan évoqué plus haut.
Globalement, lorsqu’ils seront décidés à le faire, ils pourraient racheter instantanément la dette des Etats-Unis et celle de l’Europe. En quelques jours.
Mais qu’est-ce que les Arabes peuvent racheter et contrôler, s’ils le désirent ?
C’est très facile de répondre à cette question. Avec la chute vertigineuse des valeurs boursières respectives, techniquement ils peuvent prendre le contrôle des banques, mais aussi des entreprises, les petites comme les grandes. Les institutions très rapidement ensuite. Et tout ça sans bouger de chez eux, ou en utilisant leurs places financières ultramodernes.
Dubaï, par exemple, pourrait être le cœur (et la tête) de cette immense prise de contrôle à distance, redoutable d’efficacité.
Libre à eux, ensuite, de faire appliquer les règles de leur propre système (avec notamment les principes de la charia) sur nos territoires, puisqu’ils seront des actionnaires majeurs.
Nous sommes au beau milieu d’un mouvement à 180°, qui a peut-être commencé le 11 septembre 2001, et qui se terminera dans les prochaines années, avec à la clé des bouleversements de civilisation considérables, et un changement géopolitique d’une amplitude jamais observée. De nouvelles opportunités pourraient s’offrir à ceux qui sauront les saisir.
Aujourd’hui, la question n’est plus de savoir s’il faut en avoir peur ou pas.
La question serait plutôt... Vont-ils le faire ?
Olivier RIMMEL
Analyses & Stratégies
38 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON