LU sur Danone et PepsiCo
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La mobilisation générale consécutive aux rumeurs d’OPA de PepsiCo sur Danone laisse songeur. Du PCF à l’UMP, en passant par le chef du gouvernement et les syndicats, les sanglots longs des violons sonnent à l’unisson : il faut sauver ce « fleuron de notre industrie ».
Et pourtant...
Sur son site, le Groupe Danone se vante que « ces dernières années ont été jalonnées par une quarantaine d’acquisitions ou de prises de participation en Asie, Amérique latine, Europe centrale et Afrique Moyen-Orient ». C’est au moment où le prédateur devient la proie qu’il trouve à redire sur une mondialisation dont il a fait le cœur de sa stratégie. Le numéro un de l’agroalimentaire français devrait savoir que dans les marchés financiers, comme dans la chaîne alimentaire, le petit est mangé par le moyen qui est mangé par le gros etc.
Si Danone bénéficiait d’un traitement de faveur qui le prémunirait contre les OPA adverses, qui comprendrait que le groupe puisse lui-même lancer des OPA contre des cibles étrangères ? Autant demander à des duellistes de s’affronter l’un avec un pistolet chargé à balles réelles, l’autre avec un pistolet chargé de balles à blanc.
Que devra penser un investisseur étranger d’un pays où les lois de la finance internationale s’arrêtent là où les intérêts politiques domestiques commencent ? De fait, l’action Danone diminuée de sa valeur spéculative vaut moins que ses 90 € actuels. L’actionnaire de Danone (rappelons que Danone est majoritairement détenu par des fonds étrangers) voyant que son placement est ainsi durablement dévalorisé ne risque-t-il pas de se désengager massivement, provoquant une chute du cours, donc de la possibilité d’investissement de l’entreprise ?
Je me rappelle un Franck Riboud, PDG de Danone qui se posait en « garant du modèle social de Danone » quand il annonçait en 2001 la fermeture de dix usines en Europe, sept en France. Les marchés financiers avaient salué la nouvelle par une hausse du cours.
Aujourd’hui, Franck Riboud annonce qu’il est le garant de la « culture » de Danone pour laquelle il se « battra ». Dominique de Villepin parle de défendre « les intérêts de la France », notamment « les emplois français ».
Les anciens ouvriers des usines LU doivent apprécier le discours.
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