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Lundi 20 février 2012 : une longue journée

Le Défaut grec n'est plus une éventualité abstraite, mais une alternative de plus en plus crédible pour nos dirigeants. L'objectif de mon billet est de donner une grille de lecture de la décision que doit rendre l'Eurogroupe sur le plan d'aide à la Grèce ce lundi 20 février au soir.

L’enjeu de la décision de l’Eurogroupe ce soir à Bruxelles dépasse de loin la question concrète sur laquelle ils ont à statuer : débloquera-t-on les 130 milliards d’euros du plan d’aide à la Grèce décidé en octobre dernier ? Le moment est arrivé où tout peut basculer, où au lieu d’être sauvé financièrement l’État grec peut être coulé par le fond, les péripéties devenant secondaires par rapport à l’enjeu. Ne parlons pas de la Grèce elle-même : que ce soit dans le cadre d’un sauvetage financier ou dans celui de la faillite de l’État, la situation du peuple grec n’est guère enviable. Elle doit d’autant plus attiré notre attention qu’elle pourrait être la nôtre demain.
 
Le plan B
 
Dans ce contexte, la question principale devient pour nos dirigeants : quelle est la solution la moins chère, sauver la Grèce ou la couler ? La seconde solution n’était même pas envisageable en octobre dernier. En moins de six mois, elle est devenue comme je le disais la semaine dernière non seulement une éventualité, mais une probabilité. En fonction de plusieurs critères :
La situation calme sur les marchés financiers et la nouvelle vague de LTRO (planche à billets) prévue par la BCE à la fin de ce mois (29 février).
- Des commentaires rassurants à propos de l’ampleur du choc de la seconde option et de la capacité à y faire face. Info ou intox ?
- La quasi-certitude que, même adopté, ce deuxième plan est déjà dépassé, car les plans eux-mêmes tuent de plus en plus le malade grec qu’ils prétendent redresser et mettre sous tuteur. Ce plan fixe donc des objectifs inatteignables en fonction des exigences mêmes qu’il pose… D’où la conviction de plus en plus répandue que de toute façon il faudra un jour en arriver à une restructuration. Autant décider du moment que voir surgir l’échéance à l’improviste.
- La possibilité de sauver la face. De plus en plus de dirigeants sont gagnés par l’idée que le Défaut grec (et portugais) peut être cadré DANS l’Euro. Ce serait prouver la puissance de l’Euroland que de montrer qu’il est même capable d’assumer la faillite d’un des États qui en font partie. Et Merkel-Sarkozy & Co de crier bien fort : en assumant le défaut grec, nous sauvons l’Euro !
Via le mécanisme des CDS, la décision du Défaut grec ne poserait-elle pas plus de problèmes au système financier américain qu’européen ? Un éventuel déplacement de la crise financière de l’autre côté de l’Atlantique pourrait séduire les Européens, qui depuis le sommet de novembre dernier, sont débarrassés de la Grande Bretagne, qui s’est complètement désolidarisée de l’Eurogroupe et maintient une ligne de conduite homogène avec celle des États-Unis.
 
En rester au plan A
 
La menace pèse toujours, invitant les dirigeants à la plus grande prudence : nous pourrions expérimenter une réaction en chaîne plus importante que celle vécue par les opérateurs financiers après la faillite de Lehman Brothers. Tel un château de cartes, les différents niveaux du système bancaire et financier mondial s'écrouleraient. Les contrats de CDS (assurance crédit) s’enclencheront, et augmenteront encore plus les pertes pour les institutions qui se sont exposées au risque de défaut de la Grèce par ce biais. Il est impossible d’imaginer ou de représenter par une simulation les effets en chaîne que cela déclencherait. En outre les acteurs du monde financier ne sont pas QUE rationnels, et les États comme les Banques centrales ont eu le temps d’imaginer des pare-feu à une telle éventualité.
 
Tout ce qu’on peut dire, c’est que le repli qu’implique un tel accident aggravera sans aucun doute la situation de pénurie de crédit dans laquelle nous nous trouvons. Plusieurs éléments sont alors à tenir à l’œil :
- la situation du monde bancaire : particulièrement les institutions financières ayant assuré la dette grecque via des CDS ;
- la mise en doute de la solvabilité des États, amenant l’envol des taux d’intérêt et la crise obligataire (par une menace de contagion du Défaut grec - et portugais - à l’Espagne, l’Italie et à la France) ;
- l’aggravation de la récession mondiale, que l’on arrive péniblement à cacher en manipulant les chiffres et en parlant de croissance négative
En fonction de quoi, les dirigeants motivés par la prudence ou le principe de précaution pourraient décider d’en rester à l’attitude qu’ils ont adoptée jusqu’ici, quitte à se voir objecter que plus ils attendent, plus l’abcès sera important et ses conséquences imprévisibles…
 
La décision de ce lundi 20 février 2012
 
Cette fois il faut décider ! Faire appel à de « nouveaux efforts » du peuple grec, comme on le fait depuis trois semaines, serait caricatural. La tentative de pousser l’État grec à choisir lui-même le Défaut a donc fait fausse route
 
Outre les deux solutions exposées ci-dessus, plan A (poursuite du plan d’aide à la Grèce) et plan B (son abandon et l’inévitable défaut grec le 20 mars), il se pourrait que les rapports de force au sein de l’Euroland incitent à ménager la chèvre et le chou. Ce qui en l’occurrence signifierait pour l’Eurogroupe de donner son aval uniquement au versement des 14 milliards indispensables en mars, tout en suspendant sa décision sur l’application du plan de 130 milliards dans son ensemble adopté en octobre… Ce n’est pas inenvisageable, même si une telle non-décision mettrait seulement en valeur la fragilité des rapports de force au sein de l’Euroland. Le contraire de ce que celui-ci doit démontrer en l’occurrence ! En outre, la facture de 14 milliards d’euros se révèlerait bien lourde pour quelques semaines de répit seulement… Une telle non-décision ramènerait en fait à reconnaître l’agonie du plan A, tout en poursuivant cette agonie quelques temps encore…
 
Je l’ai dit plus haut, la décision n’affectera que très peu la situation déjà catastrophique du peuple grec. Le plan d’aide à l’État grec a tendu la corde à l’extrême, son abandon amènerait la Société grecque à devoir s’en sortir par ses propres moyens. Les Argentins l’ont fait récemment et ne s’en portent pas plus mal ! La seule chose que la décision peut changer, c’est l’inflexion de la crise financière internationale. Qu’elle se poursuive jusqu’à la réduction anarchique ou coordonnée des Dettes, c’est inévitable, nécessaire, certain… mais sous quel aspect ?
 
MALTAGLIATI

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5 réactions à cet article    


  • Francis, agnotologue JL1 20 février 2012 10:39

    à l’auteur qui pose la question : « quelle est la solution la moins chère, sauver la Grèce ou la couler ? »

    Je demande : la moins chère pour qui ? D’où parle celui qui pose la question ?

    C’est quoii sauver la Grèce ? C’est quoi la couler ? ET qui sont-ils ces gens qui ont le pouvoir de vie et de mort sur un pays ? Des terroristes ? Oui ! des terroristes.


    • Francis, agnotologue JL1 20 février 2012 18:16

      Maltagliati,

      je ne sais pas qui vous êtes, mais force est de reconnaitre que vous n’avez rien dans le ventre !

      Désolé.


    • maltagliati maltagliati 21 février 2012 08:32

      Je partage votre opinion. L’aide « à la Grèce » est bien une aide « à l’État grec »... qui a de moins en moins à voir avec la Grèce. Allez les hommes... détruisez le monstre étatico-financier !... et montrez-nous le chemin !


    • Francis, agnotologue JL1 21 février 2012 08:45

      Pfff ! On a compris votre sale propagande : on prête généreusement aux États d’un coté, et de l’autre on dit aux dirigeants qu’une dépense en vaut une autre - c’est bien ça la théorie libérale, non !?

      Puis quand la coupe déborde, qu’on craint pour son précieux argent, on change son fusil d’épaule, on dit que l’État a mal utilisé l’argent qu’on lui a prêté et que désormais on va lui imposer une cure d’amaigrissement.

      Et on finit par dire, je cite maltagiati  : « Allez les hommes... détruisez le monstre étatico-financier !... et montrez-nous le chemin ! »

      C’est qui, maltagliati ? Un bonne femme ? Une machine ? Un think-tank libéral ? Un fauteur de troubles ?

      Pfff ! Lamentable ! Écœurant !


    • Francis, agnotologue JL1 21 février 2012 09:28

      Je dois faire amende honorable auprès des femmes qui liront le post ci-dessus : j’ai cité bonne femme parce que maltagliati a repris l’expression de Colignon et écrit : « Allez les hommes ... détruisez »

      Autant Collignon ne s’est pas trompé de cible en exhortant les hommes à détruire un industrie financière qui n’a plus rien d’humain,

      autant maltagliati a tort deux en appelant à détruire l’État, puisque l’Etat c’est nous tous, et seul celui qui se désolidarise des hommes - au sens large ou restreint -, peut agir ainsi.

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