Lutte contre la pauvreté vers l’infini... et au-delà !
Que les fans de Pixar me pardonnent, il ne s’agit pas de conter les exploits du sympathique personnage de Toy Story mais de faire connaître ceux - tout aussi extraordinaires - de Light Year IP (Intellectual Property).
Light Year IP est une organisation non gouvernementale dédiée à la lutte contre la pauvreté dans les pays en voie de développement. Light Year IP assiste les exportateurs et les producteurs de ces pays dans la conquête de droits sur la part incorporelle contenue dans leurs produits. Hou là... part incorporelle... Ca a l’air compliqué, non ? Non, vous allez voir, c’est lumineux au contraire... C’est lumineux et ça marche !
Light Year IP (Intellectual Property) apporte son assistance aux producteurs, exportateurs et gouvernements des pays en voie de développement pour l’analyse de leur potentiel à l’export.
L’objectif est d’identifier la valeur incorporelle présente dans leurs produits puis d’utiliser l’arsenal de protection de cette valeur qui existe dans les pays du Nord, afin d’accroître et de pérenniser les revenus des petits exploitants locaux.
Tous les pays en voie de développement, y compris les plus pauvres, disposent d’actifs (et pas seulement les matières premières) qui sont autant de sources de revenus possibles pour leurs habitants.
Bon, je vous dis en introduction que c’est une idée lumineuse, et voilà que je vous assomme d’un bloc compact de phrases plus obscures les unes que les autres. Toutes mes excuses. Reprenons donc, morceau par morceau...
La valeur incorporelle tout d’abord, qu’est-ce que c’est ?
C’est tout ce qui n’est pas matériel, « physiquement incorporé » dans le produit, mais qui pourtant le caractérise. C’est tout ce qui fait sa spécificité, sa réputation, son identité.
La part représentée par cette valeur incorporelle dans les produits que nous consommons va grandissant au fil des années. Une véritable explosion !
The Brookings Institution, l’un des principaux « think tank » américains, a quantifié cette tendance. Les chiffres sont malheureusement déjà un peu anciens, mais tellement parlants que je vous les livre :
En 1982, 38% de la valeur de marché des sociétés du Fortune 500 américain étaient l’expression de la valeur de leurs actifs incorporels.
En 1998, cette proportion était passée à 85%. Quatre-vingt-cinq pour cent !!
Un exemple. Prenons une malheureuse cravate. Non, une cravate en soie, allez, soyons fous. Eh bien, il faut savoir qu’il y a 40 ans, le prix de vente au détail de cette cravate se composait de :
- 30% de coût de matière première,
- 30% de coûts de fabrication
- 40% de coûts autres (distribution etc...) et de marges.
Désormais, la répartition s’établit ainsi :
- 5% de coût de matière première,
- 5% de coûts de fabrication
- 90% de coûts autres (distribution, etc...) et de marges
En proportion, les actifs incorporels sont devenus la principale source de revenus de l’économie mondialisée.
Pour les définir et les protéger, il existe dans les pays du Nord toute une panoplie d’outils légaux : copyright, marque déposée, brevet...
Pour les exploiter, on recourt à des outils complémentaires : licences, accords...
Pour les optimiser, ce sont les outils marketing qui viennent boucler la boucle : publicité et plus globalement toutes les techniques de promotion.
Les stratégies d’export des pays en voie de développement doivent donc refléter ce changement majeur intervenu dans l’économie mondiale, par lequel c’est désormais la valeur incorporelle des produits qui joue le rôle principal.
Si rien n’est fait, la plus grande part, voire la totalité de cette valeur (et donc des profits correspondants), est laissée à la disposition des entreprises situées en aval de la filière. Or les règles régissant la propriété intellectuelle dans les pays du Nord peuvent parfaitement servir à protéger de la même manière et avec les mêmes garanties les producteurs du Sud et leur permettre ainsi d’accroître et de sécuriser leurs revenus.
C’est là que se manifeste l’expertise de Light Year IP. Ils interviennent sur des projets qui présentent la particularité d’aider directement les producteurs et exportateurs pauvres.
Ils apportent à ces producteurs, à ces exportateurs, aux gouvernements locaux, l’assistance technique nécessaire. Ils les forment pour leur permettre d’acquérir les compétences indispensables à la compréhension des mécanismes de marché dans lesquels leurs produits interviennent, à la connaissance de la structure des prix (gros et de détail) de leurs filières à l’international et à la maîtrise des stratégies et techniques liées à la protection de la propriété intellectuelle.
Et.
Ça.
Marche.
En témoignent les espoirs nés de la labellisation des grands crus éthiopiens de café (des revenus supplémentaires pour les producteurs et exportateurs locaux estimés à terme à plus de 80 millions de dollars par an).
En témoignent les revenus à long terme dont bénéficie une tribu uruguayenne, les Ache Guayaki, suite à l’accord de licence passé avec une entreprise américaine de commerce équitable, Guayaki Sustainable Rainforest Products (GSRP). Cet accord permet à GRSP d’utiliser en tant que marque le nom de la tribu, et ainsi faire bénéficier leurs produits de l’image de marque née de l’expérience ancestrale reconnue aux Ache Guayaki pour la culture de la matière première.
En témoignent une dizaine d’autres exemples au Brésil, au Ghana, en Inde, etc...
Ce qui est frappant dans ces démarches, c’est aussi l’esprit de négociation et de coopération dont elles sont l’illustration. Il ne s’agit pas pour cette ONG de condamner l’économie de marché ni ses acteurs et encore moins d’opposer le Nord et le Sud, mais bien de trouver des solutions innovantes pour rééquilibrer le partage de la valeur.
Je trouve cela fichtrement inspirant, pas vous ?
Pour en savoir plus :
http://www.lightyearsip.net/index.shtml
http://www.brook.edu/
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