M.E. Leclerc : une logique dangereuse
En prenant comme principe d’acheter au plus bas coût possible pour vendre au plus bas prix possible, M.E. Leclerc n’a pas apporté le bonheur qu’il pensait aux consommateurs, et a étreint l’industrie française.
Dans son interview aux Echos du lundi 27 février, Michel-Edouard Leclerc nous le confirme :
- son but a toujours été de vendre au consommateur le moins cher possible en achetant le moins cher possible à ses fournisseurs
- ses fournisseurs (L’Oréal, Procter, Henkel, Unilever, Beiersdorf, Danone) « ont peur pour leur pouvoir d’achat » et il juge « imprudent » le patron de L’Oréal de rappeler que « le marché français ne représente plus que 6% des ventes ».
- et M.E. Leclerc « souhaite du plaisir » à Wal-Mart si celui-ci rachetait une enseigne française car « il vend cher et ne sait pas travailler avec les marges du marché français ».
Certes. Mais pour autant :
- Les consommateurs français sont-ils heureux de cette guerre de prix bas ? En payant le prix le plus bas - et le consommateur serait stupide d’acheter plus cher ! - ils contribuent à la mise en place de marques de distributeurs dont l’image est celle de prix et de qualité basse, alors qu’en Angleterre elles ont l’image de rapport qualité/prix élevé, et les distributeurs anglais gagnent bien plus d’argent que les Français, sans que les consommateurs ne s’en plaignent ...
- Les fournisseurs français sont-ils encore heureux de travailler en France ? On les voit investir plus à l’étranger qu’en France et s’excuser (Danone, L’Oréal) d’avoir encore de fortes activités en France ...
- Les distributeurs français sont-ils heureux des marges pratiquées en France, qui les rendent vulnérables... en France comme à l’étranger, et d’ailleurs, aucun n’a été racheté par un acteur étranger, tant les marges sont faibles et inintéressantes, alors que c’est le cas d’autres marchés (Darty, Castorama par exemple).
Tout sonne comme si la logique de M.E. Leclerc avait enfoncé le commerce alimentaire français dans une situation paupérisée, dans laquelle le consommateur n’a pas trouvé son bonheur.
Apparemment, dans cette interview, il confirme que sa stratégie sera étendue à l’Europe grâce à Coopernic avec Rewe, Coruyt, Conad et Coop Suisse.
Nous ne serons plus les seuls à avoir des entreprises exsangues !
PS : Nous sommes heureux d’apprendre que « avec 3% de résultats nets avant impôt, nos adhérents ne font pas la fine bouche. (...) Et surtout d’accéder à des patrimoines jusque-là réservés à une élite. »
4 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON