Mat à tous les coups
La Réserve fédérale américaine réduira encore ses taux mercredi 30 janvier de 0,5 points de base. Ainsi, après le mouvement de baisse surprise de la semaine dernière, cette nouvelle baisse de mercredi ramènera les taux américains à 3,5 %. Au total, la politique monétaire américaine aura connu un assouplissement de 225 points depuis cet été !
La réduction d’un trois quarts de point de la semaine dernière est tout à fait exceptionnelle car il s’agit de la plus forte baisse de taux ponctuelle depuis le Krach boursier de 1987. Ce mouvement semble si disproportionné qu’il risque à lui seul de semer un grand trouble dans un marché qui se demande si la situation n’est - tout compte fait - pas encore plus grave qu’il le pensait.
Y aurait-il une menace supplémentaire connue de la seule banque centrale américaine ? En effet, cette baisse massive de 0,75 % de la semaine dernière ainsi que celle du 30 janvier à venir démontrent au mieux une fébrilité, au pire une panique s’étant emparée de la Fed... Ces baisses de taux auraient-elles pour seul objectif de ménager la "psychologie" des marchés ? ... tant il est vrai que ce n’est pas cette série de baisses qui aidera l’économie réelle. C’est la déconfiture du marché immobilier qui a précipité les tourmentes financières et boursières.
Ce marché est dans l’oeil du cyclone, mais l’immobilier n’a plus besoin de baisses de taux d’intérêts, il a besoin de temps ! La politique monétaire ne peut rien contre l’accumulation actuelle des maisons et résidences qui se traduira nécessairement par une baisse supplémentaire des prix de l’immobilier du fait du jeu basique de l’offre et de la demande. Du reste, le président de la Fed, M. Bernanke, en plaidant vigoureusement pour un stimulus fiscal, reconnaît implicitement que ces baisses de taux n’auront qu’un impact limité. Par ailleurs, en dépit de ses déclarations d’intention affichant sa détermination à agir de manière "décisive" si nécessaire, la Réserve fédérale semble passer à côté - ou nier ? - le vrai problème. Effectivement, c’est tout d’abord la solvabilité des institutions financières qui est menacée et ce n’est pas par des injections répétitives - même massives - de capitaux que ce problème sera réglé. Car ces institutions disposent encore au sein de leurs portefeuilles de quantités gigantesques de produits dérivés et d’opérations à leviers importants et nul ne sait quand - et à quels prix et avec quels risques - ces opérations pourront être dénouées...
La Fed aurait-elle connaissance d’une bombe à retardement insoupçonnée du marché ? Toujours est-il que la baisse du 30 janvier ne fera qu’exacerber la volatilité et la tension extrêmes des marchés. Pourquoi cela ? En cas de baisse de 0,5 %, l’ensemble du marché pensera effectivement que la situation est suffisamment grave pour avoir occasionné une réduction de 1,25 % des taux américains en une semaine.
En revanche, la situation serait encore pire si aucune baisse ne devait intervenir ce mercredi car le marché ne comprendrait pas que la banque centrale américaine n’ait pas pu attendre une semaine pour remanier sa politique monétaire et dans le cadre d’une réunion habituelle car la baisse de la semaine dernière s’est décidée à l’issue d’une conférence téléphonique des directeurs de la Fed. Ainsi, dans les deux cas de figure, les augures sont pessimistes dans un jeu où il semble bien que la Fed soit certaine de perdre à tous les coups.
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