Moral des Français, rien ne va plus...
L’enquête de l’Insee sur le moral des Français montre que ceux-ci sont de plus en plus pessimistes sur l’évolution économique de la France.
Voilà que les mauvaises nouvelles économiques se multiplient ce mois de janvier 2008 ! Encore une : le moral des ménages continue à baisser, jusqu’à atteindre le plus bas niveau de son histoire ». C’est bien là un signe du malaise croissant des Français devant la dégradation de la situation économique et de leur pouvoir d’achat. Ainsi, le moral des ménages a reculé pour le quatrième mois consécutif, alors qu’il avait connu une amélioration spectaculaire dans la foulée des élections présidentielles et législatives.
L’Insee réalise chaque mois une « enquête mensuelle de conjoncture auprès des ménages ». Cette dernière a pour thème « Revenu et consommation des ménages ».
L’enquête a été réalisée du 2 au 21 janvier 2008. L’Insee a interrogé environ 2 000 ménages.
Ce mois de janvier 2008, l’indicateur résumé d’opinion des ménages recule de quatre points.
Cet indicateur résumé est la moyenne arithmétique des cinq indicateurs suivants :
- niveau de vie en France (évolution passée et perspectives d’évolution) ;
- situation financière personnelle (évolution passée et perspectives d’évolution) ;
- opportunité d’acheter ;
- chômage ;
- prix.
Résultats de l’enquête Insee.
Tous les soldes qui composent cet indicateur résumé sont en recul en janvier.
La baisse la plus notable concerne l’opinion des ménages sur les perspectives d’évolution du niveau de vie en France.
L’opinion sur l’évolution passée du niveau de vie en France se détériore également.
Le solde sur l’évolution passée de la situation financière des ménages recule.
Et les ménages sont de nouveau plus pessimistes sur leur situation financière future.
Le solde sur l’opportunité de faire des achats importants évolue peu en janvier.
Sur les autres soldes.
En janvier, l’opinion des ménages sur les perspectives d’évolution du chômage se dégrade légèrement.
Leur opinion sur leur situation financière actuelle reste inchangée.
Les ménages sont légèrement moins nombreux à penser qu’il est opportun d’épargner.
Le solde sur la capacité future à épargner varie peu en janvier.
Enfin, le sentiment des ménages sur l’inflation future se dégrade en janvier, alors que leur opinion sur l’évolution passée des prix s’améliore légèrement.
Cette enquête a été réalisée avant la chute boursière du 21 janvier 2008, mais un sondage du Parisien de ce jour indique que « 77 % des personnes interrogées jugent que la crise financière aura un impact important sur la croissance, et 68 % qu’elle aura un impact direct sur leur pouvoir d’achat ».
Pourquoi les Français sont pessimistes ?
Ces sentiments pessimistes pourraient s’expliquer par des facteurs négatifs qui s’accumulent : une inflation élevée, un ralentissement de la baisse du chômage, un resserrement des conditions de crédit perçu par les ménages, un environnement économique international de plus en plus dégradé, la probabilité de plus en plus élevée d’une récession américaine...
Pour certains économistes, ce pessimisme persistant des Français est d’autant plus inquiétant qu’il est de très mauvais augure pour la croissance, soutenue quasi-exclusivement ces dernières années par la consommation des ménages.
"La vraie inquiétude des ménages ne serait pas dans l’inflation, mais plutôt dans la faiblesse durable de la croissance, de l’emploi et des revenus", analyse M. Touati.
"On ne cesse de le répéter, la consommation des ménages est le moteur indispensable de la croissance française. Ce moteur est aujourd’hui sérieusement grippé", souligne Alexander Law, économiste au cabinet Xerfi. Selon lui, la croissance ne dépassera pas 1,4 % cette année, tandis que M. Touati la voit comprise entre 1 et 1,6 %. Loin des prévisions du gouvernement de 2 à 2,5 %... Il ajoute : "Même en 1993, dernière année de récession en France, on n’avait pas sombré dans une telle sinistrose".
Mathieu Kaiser, économiste chez BNP Paribas explique que "les ménages en tirent les conséquences pour leur situation financière personnelle et, surtout, pour leurs intentions d’achat : même si elles n’ont que peu reculé, elles sont quand même désormais au plus bas depuis plus de dix ans". Cette forte dégradation du moral des ménages français n’est pas de bon augure pour la consommation, principal contributeur à la croissance de l’Hexagone. Mathieu Kaiser estime qu’une stagnation, voire un recul de la consommation d’ensemble n’est pas à exclure au premier trimestre.
En liaison avec la consommation des ménages (si l’on peut dire), il y a le fait que les ménages sont moins nombreux « à juger opportun d’épargner » bien que cette intention reste importante et laisse penser que les Français sont en train de reconstituer leur Epargne et, par conséquent, ils devraient consacrer moins d’argent à la consommation.
On note aussi une autre crainte qui s’empare des Français : l’inflation qui est repartie récemment avec ses effets sur la diminution du pouvoir d’achat.
Visiblement, les Français n’ont pas la même perception - que la ministre de l’Economie Christine Lagarde qui fait des déclarations « optimistes » - sur l’état de l’économie française.
En définitive, les Français ne sont pas inquiets pour l’inflation, mais plutôt pour la faiblesse durable de la croissance, de l’emploi et des revenus.
L’évolution de l’activité économique s’annonce très ralentie en 2008.
La dernière année de récession en France remonte à 1993, année où « la sinistrose » n’atteignait pas le niveau actuel ! De l’avis quasi-général des économistes, après une fin d’année 2007 plutôt maussade, il faut s’attendre à une évolution très ralentie de l’économie française au premier trimestre 2008.
La consommation avait déjà baissé au quatrième trimestre 2007 et, malgré des ventes de fin d’année et des soldes corrects, on peut penser que 2008 sera une année très difficile. Compte tenu notamment que la bulle immobilière est bien en train de se dégonfler (les mises en chantier et les permis de construire étaient en baisse en décembre 2007). Cela devrait encore détériorer - à n’en pas douter - le moral des ménages et diminuer également les dépenses de biens d’équipement du logement, moteur principal de la consommation des ménages depuis six mois.
Alors qu’on nous promettait de développer la croissance dans ce pays, que d’éminents experts se sont penchés dessus pour faire des propositions pour en desserrer les freins, alors que notre président ne cesse de répéter partout que » sans croissance rien n’est possible la croissance n’atteindra que péniblement 1,4 % en 2008 et, en cas de nouvel avatar, peut-être moins...
Il y en a qui se disent qu’après avoir touché le fond, on finira bien par remonter un jour, mais, sans le soutien de la consommation, il y a peu d’espoir et les résultats de cette enquête sont alarmants !
Alors, quand les Français entendent leurs gouvernants entamer l’air de « tout va très bien Madame la marquise... » concernant la situation économique de la France, on comprend qu’ils soient de moins en moins contents !
Il est vrai que trois problèmes majeurs contrarient les perspectives de croissance mondiale pour 2008 : la crise financière provoquée par la crise des subprime américain et la flambée des prix des matières premières. Toutes les régions du monde ne sont pas affectées de la même manière, mais la France ne semble pas bien placée si on tient compte du fait que les marges budgétaires face au ralentissement de l’activité s’avéreraient nulles...
Oui, les ménages sentent bien que les prochains mois seront particulièrement éprouvants.
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