Fin août, les députés UMP Pierre Méhaignerie et Gilles Carrez renonçaient à leur offensive contre les niches fiscales. Le temps était au carbone et il fallait laisser l’air libre et le front médiatique vierge. Brice Hortefeux brouillera quelque peu le paysage mais passons.
La niche fiscale, voilà pourtant un sujet que Pierre Méhaignerie connaît bien. En son temps, un temps où la gauche existait encore mais se devait de cohabiter avec la droite, le député UMP, ces jours-là encore UDF, avait initié une niche fiscale qui ne cesserait depuis d’être maintenue et modifiée, améliorée, modernisée. Cette niche fiscale devait relancer l’investissement dans le parc locatif privé. Autrement dit, permettre à un citoyen, au travers de déductions fiscales, de se constituer un bas de laine en investissant dans l’immobilier moyennant l’obligation de louer le dit bien à des tarifs qui se devaient d’être sociaux ; à ce sujet le tarif de l’actuel dispositif laisse songeur – 21,65€ le m² en Ile de France et dans le Var.
Depuis, vous aurez entendu parler de Périssol, Besson, Robien, Borloo et enfin aujourd’hui Scellier, député UMP du Val d’Oise, qui cette année, pratiquement à lui tout seul, relance le marché de la construction en vous permettant de déduire du montant de vos impôts 25% de votre achat sur une période de neuf ans, néanmoins plafonné à 8.333 € par an. Cette niche fiscale, en constante évolution, a depuis près de vingt-cinq ans bien des particularités. Elle fournit des biens correspondant peu aux besoins du marché, essentiellement des petites surfaces. On peut sans hésiter lui imputer une modification à la hausse du niveau des prix dans le logement neuf ; les promoteurs, attentifs à l’avantage fiscal, modifient leurs tarifs en conséquence.
La détente des loyers sur le marché locatif, subodorée comme le corollaire d’une arrivée massive de biens, est souvent inexistante et représente un échec de l’aveu même des rapporteurs qui ont eu à se pencher sur le sujet à l’assemblée, notamment le député Carrez et le même Scellier. Enfin, la dernière constante de cet avantage fiscal est de permettre à des personnes dont le niveau d’imposition est élevé et dont plus de 50% sont des cadres supérieurs de payer moins voire aucun impôt tout en s’enrichissant de manière substantielle aux frais du contribuable, sans apporter de véritable réponse à la problématique du logement dans notre pays. Les niches fiscales sont innombrables.
Elles représenteraient 70 milliards € de coût au budget de l’état, soit autant que le déficit de l’an passé. Si un certain nombre d’entre elles semblent pertinentes, elles ont toutes en commun de rendre le contribuable inégal devant l’impôt. Une inégalité aussi constante que l’apparition de ces niches, il y a plus d’un siècle.