Notre avenir ? C’est BlackRock
Au moins, maintenant, les choses sont claires : non seulement l’UE a fini par se soumettre au management planétaire du groupe financier tentaculaire Black Rock, mais en plus, elle (nous) devra payer (pas trop cher, en fait !) pour ça, au prétexte de « travailler sur de nouvelles règles « environnementales » (késaco ?) pour les banques.
La Commission européenne, l'organe exécutif de l'UE, a déclaré cette semaine que BlackRock avait été préféré à huit autres « candidats » pour un appel d’offres portant sur l’intégration par l’UE des facteurs "environnementaux, sociaux et de gouvernance" (ESG) dans sa politique bancaire.
BlackRock n'est ni un "think-tank" ni un bureau d'études, mais le plus gros gestionnaire d'investissements du monde, avec 7430 milliards de dollars d'actifs au 31 décembre 2019, avant la déroute du marché mondial concomitant avec les mesures de confinement induites par la qualification de l’épidémie de coronavirus en pandémie par l’OMS. La majorité de ces actifs concerne des produits financiers qui suivent les indices d'actions et d'obligations (CAC40, Dow Jones, Nasdaq…), ce qui signifie que la compagnie contrôle par défaut des participations décisives dans les capitaux des plus grandes sociétés du monde.
Une analyse d'"Influence Map" pour le quotidien britannique « the Guardian » a mis au jour le fait qu'en octobre 2019, BlackRock contrôlait des actions de sociétés de combustibles fossiles pour une valeur de 87,3 milliards de dollars et stockait l’équivalent de 3,27 milliards de barils de réserves de combustibles fossiles. C’est l'un des trois principaux actionnaires des huit plus grandes sociétés pétrolières du monde et l'un des 10 principaux actionnaires des 12 banques les plus importantes du monde.
Mais, outre sa position dominantes dans les combustibles fossiles, Black Rock est également le plus gros actionnaire de l'industrie de l'armement dans le monde.
Le pouvoir financier n’est plus chez les banquiers, mais chez ce courtier qui les tient en laisse.
La commission versera 280 000 € à BlackRock's Financial Markets Advisory (FMA) pour l'étude qui lui a été ainsi commandée, une goutte d’eau par rapport aux 4,5 milliards de dollars de bénéfices d'exploitation de la société en 2019, une obole symbolique, quoi, inférieure sans doute à celle des autres soumissionnaires qui, eux, n'ont pas d'autres ressources.
Or, il se pourrait bien que les décisions prises par les régulateurs bancaires européens sur les conseils de ce bienfaiteur de l’humanité aient des effets financiers importants sur les sociétés dont il détient des actions. Par exemple, les entreprises accusées d’« alimenter le dérèglement climatique » pourraient bénéficier de conditions plus souples sur les prêts bancaires.
Ce nouveau chevalier blanc du climat s'est pourtant opposé ou s'est abstenu sur 82% des résolutions d'actionnaires liées au climat dans les sociétés dont il a géré les actions entre 2015 et 2019, mais en 2020, retournement spectaculaire style « greenwashing » : la société a fait de la « durabilité environnementale » un élément central de son activité. En janvier, le gestionnaire de fonds a annoncé qu'il se départirait des sociétés qui tiraient 25% ou plus de leurs revenus du charbon, et s'engageait à utiliser sa majorité de blocage dans certaines entreprises pour les obliger à publier « les impacts de leur activité sur le climat » (sic).
Un porte-parole de la Commission européenne a déclaré que le contrat avait été attribué "dans le respect intégral et strict des règles applicables de l'UE en matière de passation des marchés, y compris celles concernant l'éligibilité des soumissionnaires et la prévention de tout conflit d'intérêts potentiel". Pour ce porte-parole, l'offre de BlackRock était paraît-il meilleure que celles de ses concurrents (dumping ?), et ne devrait constituer qu'un avis dans l'élaboration des politiques de l'UE.
En fait, la nomination de BlackRock en tant que conseiller de la Commission européenne « pour les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance » consiste tout simplement à embaucher un renard pour garder le poulailler. Parler de « conflit d’intérêts » serait un doux euphémisme.
NB : « Parmi les 487 personnes figurant dans la promotion civile de la Légion d’honneur du 1er janvier 2020, on retrouvait quelques noms bien connus d'Emmanuel Macron. Jean-François Cirelli, patron de BlackRock France, mais aussi un banquier de Rothschild, plusieurs ex-collaborateurs et militants d'En Marche, des grands patrons... » lien
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