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Accueil du site > Actualités > Economie > Nous sommes tous Japonais maintenant

Nous sommes tous Japonais maintenant

La déflation est une malédiction en cela qu’elle accentue le poids de la dette car, pendant que les revenus diminuent, la dette, elle, reste identique, la suffocation n’étant jamais loin...

La gigantesque bulle du crédit de ces vingt dernières années qui s’est caractérisée par le gonflement de la dette collective et individuelle nous menace de manière encore plus dramatique que lors de la Grande Dépression précisément du fait de notre endettement massif : Peu de gens étaient en effet propriétaires de leur maison en 1930, sans même évoquer les petits crédits qui n’existaient même pas à cette époque...

La déflation par la dette pourrait d’autant plus nous assommer qu’elle sera amplifiée par la spirale d’une consommation en chute libre qui anticipe des prix toujours plus bas. La déflation est également grande redistributrice de richesses car elle enlève du pouvoir d’achat aux titulaires de dettes immobilières et autres pour en rajouter aux rentiers bénéficiant d’épargne. La résultante étant un transfert de richesses substantiel nettement en défaveur de la masse salariale.

A l’instar du Japon, nous risquons donc une "décennie perdue " marquée par des taux zéro et par un usage intensif de la planche à billets : 18 ans après avoir atteint 40’000, le Nikkei est aujourd’hui à 8’000 et la valeur du marché immobilier nippon est divisée par deux !

Nos Banques Centrales prétendent que leur célérité à remédier au mal nous épargnera une épidémie japonaise mais les réductions substantielles des taux d’intérêt ne suffiront pas à faire atterrir en douceur un monde qu’elles ont autorisé à se noyer de dettes. En réalité, elles ne savent pas si le remède actuel peut ou va fonctionner. Elles sont en revanche parfaitement conscientes que la décennie perdue du Japon avait été causée par l’implosion d’une bulle localisée et circonscrite à ce pays alors que la dette et l’effet de levier, de nos jours, tissent leurs toiles absolument partout.

Le grand essorage a commencé et les taux zéro n’y changeront rien. Du reste, les taux hypothécaires s’apprécient insensiblement et les intérêts débiteurs sur cartes de crédit flambent...A court de munitions, la Réserve Fédérale US a déjà annoncé le rachat d’obligations à long terme supposé comprimer d’une autre manière les taux d’intérêt. Quand se mettra-t-elle à racheter une partie du parc immobilier ? Milton Friedman disait que la déflation peut être combattue en balançant des ballots de cash depuis des hélicoptères.

Mais que faire si l’hélicoptère est abattu ?


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13 réactions à cet article    


  • LE CHAT LE CHAT 3 décembre 2008 11:59

    maintenant c’est nous qui rions jaune , car avec le yen qui s’est apprécié de 20 à 30 % par rapport à l’euro et au $ , les japonais paient moins cher leurs importations et avec leur trésorie bien remplie ils se mettent à faire de +en+ d’opa ( voir l’article dans courrier international cette semaine )


    • Pierre 3 décembre 2008 12:12

      Hello,

      Pensez-vous que le fait que toutes les principales banques centrales baissent leur taux conjointement ne va pas faire une difference majeure avec le precedent du Japon ?

      N’est ca pas la difference de taux du Japon avec les autres taux de l’epoque qui explique davantage la deflation qu’a connu le Japon ? 

      Merci,

      Pierre


      • Michel Santi Michel Santi 3 décembre 2008 12:16

        Non ce n’est pas le différentiel de taux qui a causé la déflation au Japon...comme ce n’est pas les taux bas mondialement qui nous l’éviteront aujourd’hui.


      • Pierre 3 décembre 2008 12:36

        Il y a une chose qui me surprend dans la lecture des cartes actuelles. beaucoup de references aux crises financieres et economiques du 20eme siecle.

        Or il ma semble qu’il y a une difference majeure du a l’ere internet, cette crise est la premiere de l’ere internet, du 21eme siecel en quelque sorte, et par consequence j’ai l’impression que la lecture des cartes est troublee de ce fait.

        On parle de vitesse, d’ampleur incroyable du crash, mais est-ce liee a la gravite de la crise ou bien aux outils developpes ces 10 dernieres annees qui amplifie le phenomene du « mouton » suiveur ?

        De meme la crise economique qui demarre semble si brutale compare au passe, mais est-ce du a la gravite de celle-ci ou bien a la difference de management de production (flux tendu) compare aux crises precedentes ?

        Merci pour vos reponses toujours tres appreciees,

        Pierre


        • Michel Santi Michel Santi 3 décembre 2008 12:49

          Selon moi, la rapidité de propagation de la crise actuelle n’est que partiellement imputable à internet et autres techniques de communication. Du reste, la toute première crise de l’ère d’internet a été précisément l’explosion de la fameuse "bulle internet " en 2000 qui a pu être rapidement jugulée par des taux à 1% ...


        • Marc Bruxman 4 décembre 2008 02:13

          							

          															
          							
          								Selon moi, la rapidité de propagation de la crise actuelle n’est que partiellement imputable à internet et autres techniques de communication. Du reste, la toute première crise de l’ère d’internet a été précisément l’explosion de la fameuse "bulle internet " en 2000 qui a pu être rapidement jugulée par des taux à 1% ...

          Oui mais la bulle "internet" de 2000 a justement éclaté parce que personne ne se servait d’internet à l’époque. On nous a payé très cher pour développer des sites de e-commerce, de l’infrastructure télécoms, des sites de média en ligne et plein d’autres choses. 

          En 2000 tout ca était techniquement prêt et fonctionnel. Sauf que personne n’en voulait ! Personne ou presque n’achetait sur les sites de e-commerce, les tuyaux des opérateurs télécoms étaient désespérément vides par rapport à la capacité délirante installée. Bref les techniciens avaient fait leur boulots mais les clients n’étaient pas la. 

          Et c’est justement pour cela qu’il y a eu une crise ! Les investisseurs ont trouvés que tout ca ne tenait pas ses promesses !

          Donc non nous vivons effectivement la première crise de l’ére internet. Je ne saurais trop dire si Internet a un effet sur le déroulement de la crise. Mais une chose est sure ! Des rumeurs catastrophistes circulent sur le net plus que dans les médias classiques et cela a certainement un effet psychologique important qui n’aide pas à la reprise. 
          							

        • wizi 3 décembre 2008 16:07

          http://fr.news.yahoo.com/2/20081202/tbs-deflation-le-spectre-japonais-hante-f41e315.html

          "La Fed a augmenté la base monétaire (pièces et billets plus réserves des banques) de manière très brutale : à partir de la mi-septembre, elle a explosé de 63% en moins de deux mois. Celle du Japon n’avait augmenté que de 17% en cinq ans, de 1990 à 1995"

          +63% en 2 mois pour les USA, le Japon de 1990 qui a fait +17% en 5ans. Cela peut justifier quand même quelques différences avec le cas japonais...  smiley

          La crise est peut-être encore plus grave que le cas japonais, mais elle est aussi différente du fait même de sa mondialisation.

          Il y a 6 mois, pratiquement tout le monde discutaient des risques d’inflations (MP...), et de possibilités de taux à 8/10% de la BCE pour la contrer !

          La désinflation (phase dans laquelle nous sommes actuellement) est surtout due à l’éclatement rapide de la bulle sur les MP (alimentaire + pétrole), et à la bulle en train de se former sur les bons du trésor américain.

          Quel sera la suite dans 6 mois, quand les acheteurs de bons vont se rendre compte de leur erreur...


          • Forest Ent Forest Ent 3 décembre 2008 16:13

            Tiens, pour une fois, on n’est pas d’accord. J’entends effectivement beaucoup dire en ce moment : "les US vont vers une situation à la japonaise". Non, à mon avis déjà largement exprimé ici, ce sera sans doute aussi long, mais ce sera bien pire, pour au moins deux raisons.

            Un : les japonais avaient de l’épargne, les US n’en ont pas.

            Deux : les japonais avaient été les seuls dans leur cas, et ils ont pu continuer à exporter vers des économies qui marchaient mieux. Là, la "théorie du découplage" du FMI s’est abominablement plantée comme prévu et le problème est global.

            Une dépression globalisée est autre chose qu’un credit crunch du Japon dans un monde globalisé.


            • Pierre 3 décembre 2008 16:46

              Effectivement mais les US sont loin d’etre le Japon aussi !

              Je veux dire par la la puissance militaire et technologique est incomparable, ce qui me fait penser qu’ils seront toujours ceux qui s’en sortent relativement les mieux...

              Un petit exemple : s’il coupent le GPS....

              Cordialement,
              Pierre


            • Marc Bruxman 3 décembre 2008 20:13

              Effectivement mais les US sont loin d’etre le Japon aussi !

              Je veux dire par la la puissance militaire et technologique est incomparable, ce qui me fait penser qu’ils seront toujours ceux qui s’en sortent relativement les mieux...

              Un petit exemple : s’il coupent le GPS....


              La puissance militaire ne sert à rien si il n’y a plus de fric. Faire la guerre, ca coute HORRIBLEMENT cher. Hitler a d’ailleurs redréssé son économie avant de partir en guerre. Pas de fric = pas de carburant à mettre dans les tanks, les avions, etc, etc, ... 

              Pour la puissance technologique des USA, attention. Le gros de leur personnel technologique vient de l’étranger (Europe, Asie, ...) et c’est un phénoméne connu que les jeunes américains boudaient les études technologiques. Si la crise est trop violente et que une partie de ces salariés rentrent dans leurs pays la dominance technologique des US ne va pas rester longtemps. 

              Leur seul avantage restera alors le système de "Venture Capitalists" et la propension de la culture américaine à accepter voir même demander la nouveauté. (Ce qui nous fait cruellement défaut en europe, par contre l’asie accepte très bien les nouveautées). 

              Pour le GPS, c’est une question de financement. Si cela devient trop cher, l’europe a tout à fait les moyens de finir le projet Galileo qui est bloqué pour des raisons politiques et non technologiques. La Chine a d’ailleurs manifesté son intérêt pour s’associer au projet. 

              Je ne serai donc pas si optimistes que vous et je vous dirai bien au contraire. Les USA ont dévalorisés leurs cours de sciences, et leur R&D au profit des secteurs juridiques et financiers. La force de ces deux secteurs était utile à l’écosystème technologique et il ne faut pas nier que la disponibilité du financement vaut de l’or lorsque l’on développe de la technologie. Mais si la finance s’effondre, leur secteur tech va connaitre des difficultés et ce n’est pas leur secteur juridique qui va les éponger. Il suffira alors d’un découplage même très léger pour encourager un retour aux sources d’une partie des étrangers qui bossent dans la techno... Et abimer fortement en seulement quelques années leur avance technologique. (Ceux qui croient qu’une avance technologique peut résister plus de 5 ans sans être maintenue par de forts investissements ou par un droit des brevets se trompent). 





            • Marc Bruxman 3 décembre 2008 20:14

              Au passage le droit des brevets aux USA pour le secteur de la technologie est actuellement defficient par excés de zèle. Le législateur y travaille. Mais il a intérêt à se grouiller. 


            • Forest Ent Forest Ent 3 décembre 2008 20:23

              Tout à fait d’accord avec Marc. Si les US coupaient le GPS, ça leur ferait ... des revenus en moins.


            • uchimizu uchimizu 3 décembre 2008 23:21

              Bonjour, le Japon a connu effectivement une stagnation économique pendant 10 ans. Si le pays a effectivement souffert, il reste même maintenant un endroit prospère avec, toutes choses égales par ailleurs un niveau de vie équivalent à celui de la France (plus de détails ici ). Si vous allez faire un tour à Tokyo ou Osaka, ce sont, malgré quelques poches de pauvreté, de grandes villes modernes agréables avec une très bonne infrastructure. Je pense que c’est un bon rappel du fait qu’une crise économique, même majeure, est beaucoup moins grave qu’une guerre ou qu’une révolution.

              La réaction du Japon a aussi été particulière sur plusieurs points : pour simplifier, les ménages japonais n’étaient pas endettés mais les entreprises l’étaient beaucoup. C’est plutôt l’inverse en ce moment en occident. De plus, les problèmes ont longtemps été cachés, notamment dans les bilans des banques, et la réaction de la banque centrale Japonaise a été plutôt tardive. Il faut noter aussi que l’état s’est beaucoup endetté, et qu’on peut discuter de l’utilisation qui a été faite de cet argent.

              Tout ceci fait que cela me semble très difficile de comparer la crise japonaise avec la crise actuelle. Elles pourraient bien être du même ordre, mais cela ne signifierait pas, loin de là, la fin du monde.

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