Sociale, collaborative, et bien sûr moderne : la nouvelle économie, issue des révolutions technologiques autour d’Internet nous a tellement apportés (dans mon cas, un moyen de m’exprimer politiquement et de débattre) que l’on oublie un peu vite que tous ses ressorts ne sont pas si nobles.

Barbares à la recherche de rentes ?
L’accentuation des rapports de force
En fait, loin de leur image idyllique, les nouvelles technologies ont notamment facilité la recherche de rentes. Mieux, aujourd’hui, ces rentes peuvent être mondiales. Et c’est bien pour cela que les marchés accordent des valorisations totalement ubuesques aux rentes en devenir,
comme Uber, qui vaudrait 50 milliards de dollars, pour 400 millions de revenus réels et autant de pertes ! Mais pour les marchés, cela n’a aucune importance car si Uber devient le leader mondial du transport, alors, dans quelques années, il pourrait finir par générer assez de revenus et de profits pour justifier sa valeur actuelle, ou même plus, ce qui justifie pour eux la valorisation actuelle, qui, de manière circulaire, donne les moyens aux dirigeants de cette entreprise de dominer son marché par des rachats ou des investissements.
En réalité, le marché s’allie avec les pépites de la nouvelle économie pour générer d’énormes rentes de situation, bien plus complexes à dénouer que les rentes du passé, comme la Standard Oil, qui pouvaient être découpées par un Etat, alors qu’aujourd’hui, ces géants, établis ou en devenir, de la nouvelle économie, se jouent des frontières et des régulations, même si parfois, elles peuvent être rattrapées,
comme on l’a vu avec Uber en Californie. Mais la nouvelle économie, si elle apporte beaucoup, peut aussi se révéler être un démultiplicateur de force contre l’intérêt général, plaçant des entreprises (et donc leurs actionnaires et aussi leurs dirigeants) dans une situation où elles peuvent extraire des profits colossaux par suppression de toute concurrence, directement (par des rachats) ou indirectement.
Bien sûr, ce blog démontre aussi les bienfaits de cette nouvelle économie qui permet à des anonymes de prendre part aux débats publics d’une manière impossible il y a dix ans. Mais aujourd’hui, nos dirigeants ont un temps de retard sur certains effets assez délétères et les rentes de situation qu’elle produit.