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On ne pointera plus en Belgique

Deux fois par mois, en Belgique, les chômeurs devaient se présenter à l’administration communale, afin de « pointer », entendez « amener une carte sur laquelle l’officier communal applique une oblitération ». Aujourd’hui, c’est chose révolue, le pointage communal sera supprimé à partir du 15 décembre 2006.

Cette pratique archaïque était critiquée depuis belle lurette par beaucoup de syndicalistes. Instauré en 1936, le pointage avait pour objectif de vérifier la disponibilité des chômeurs sur le marché de l’emploi. Hélas, cette mesure, pavée de bonnes intentions, s’est très vite transformée en « flicage » passif permettant de contrôler le travail au noir, et d’empêcher le « bienheureux » chômeur de rester pépère dans son lit.

Les syndicats ont lutté longtemps contre cette mesure humiliante pour les sans-emplois. Ils ont finalement gagné en 1991, en transformant cette mesure vexatoire quotidienne en contrôle bimensuel (en début et fin de mois).

Cette réforme arrive évidemment dans la foulée du « plan d’activation du comportement de recherche d’un emploi », de l’ex-ministre de l’emploi Frank Vandendroucke (SP.A) qui, officiellement, vise à empêcher que les chômeurs soient livrés à eux-mêmes. Dans les faits, c’est une autre mesure qu’on observe puisque depuis juillet 2004, les demandeurs d’emploi, après quelques mois de laborieuses démarches, doivent prouver qu’ils recherchent bien du travail, et qu’ils ne se dorent pas les pieds au soleil. Évidemment, en cas d’évaluation négative, c’est purement et simplement la suppression des allocations de chômage qui pend au nez du chômeur-glandeur. Les syndicats sont unanimes : c’est la chasse aux chômeurs. Avec, de surcroît, une économie de plus 10 millions d’euros pour les communes de Belgique, c’est un coup double, certes, mais dont les conséquences pour l’insertion professionnelle vont certainement se faire ressentir dans les mois qui viennent.

Sous des couverts on ne peut plus angéliques, cette réforme risque bien de tranformer le droit au chômage en une forme caritative d’assistance publique, qui serait octroyée sur des critères plutôt vagues, tels que « montrer un effort suffisant pour trouver un emploi ». Dans ce contexte, des questions fondamentales surgissent quant à l’application d’un droit basé sur des notions aussi susceptibles d’interprétations.

La position de la Fédération bruxelloise des organismes d’insertion socioprofessionnelle ASBL (Febips) est claire à ce sujet et publie un communiqué décapant : « Nous n’acceptons pas ce rejet de " la faute " sur les demandeurs d’emploi ... et avant tout parce que le chômage dans nos sociétés revêt un caractère collectif et structurel. C’est davantage la pénurie d’emploi que l’indisponibilité des chômeurs qui caractérise le marché du travail ».

Une plateforme citoyenne "stop à la chasse aux chômeurs" s’est créée pour l’annulation pure et simple de ce plan, qualifié ici de "plan de contrôle renforcé des chômeurs".

Avancée sociale pour le gouvernement, et risques de dérives répressives pour les autres, on n’a pas fini d’entendre parler du chômage en Belgique ...


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