Particuliers loueurs et locataires pauvres, victimes de lois « généreuses »
Les chiffons rouges agités par le pouvoir pour saturer des médias complaisants ne doivent pas dissimuler les difficultés réelles que rencontrent nos concitoyens dans leur vie de tous les jours. Certaines lois, généreuses en apparence, sont votées avec force publicité mais contiennent de discrètes dispositions transférant en catimini les charges et les problèmes qu’elles sont censées résoudre sur certaines catégories de citoyens.
![](http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L150xH150/Kafka-239a9.jpg)
Des dispositions « généreuses » incluses dans le code de la Consommation et d’autres concernant le Logement, organisent la spoliation de ces particuliers loueurs jusqu’à les entraîner dans des difficultés financières désastreuses pour eux et leur famille. Tout est fait pour qu’ils soient contraints de prendre financièrement en charge leurs locataires défaillants et substituer ainsi la charité forcée de quelques uns à la solidarité républicaine de tous.
Il ne s’agit pas pour l’auteur de cet article de fustiger les locataires à bout de ressources à la suite d’un accident de la vie mais de montrer comment l’Etat (le gouvernement) transfère sur d’autres les charges qui lui incombent en instrumentant le parlement et la justice.
Le Code de la Consommation permet aux personnes en grande difficulté financière de demander l’ouverture d’une Procédure de Rétablissement Personnel auprès de la Banque de France (L 331-2 du code de la Consommation). Cela peut conduire sous certaines conditions à l’annulation pure et simple de toutes les dettes, celles dues aux sociétés commerciales mais aussi celles envers les particuliers.
La conséquence est que l’ensemble des dettes accumulées par un locataire défaillant, loyers et charges locatives, envers un particulier loueur n’existent plus. Il n’y a aucun recours contre cette décision et aucune contrepartie n’est prévue, ni pour compenser financièrement la perte, ni pour mettre fin à la situation créant l’endettement. Non seulement le particulier est spolié mais en plus, le locataire n’est aucunement obligé de quitter le logement. De plus, entre l’avis de Commission de surendettement de la Banque de France et le jugement d’exécution, aucune procédure d’expulsion ne pourra être entreprise. Kafkaïen.
Le législateur fait semblant d’ignorer la différence entre une société de crédit et un particulier, entre un crédit pour un écran plat et un bail signé de bonne foi avec un candidat locataire disposant d’un salaire suffisant. Pour un engagement important, une société de crédit ne signera que si son client dispose d’un bien sur lequel prendre une hypothèque. Elle exigera un cautionnement, une assurance chômage et décès, au frais du débiteur bien entendu. Ce n’est pas le cas pour un particulier loueur. Si le candidat locataire prouve des revenus salariaux suffisants, le loueur devra se contenter du mois de caution légal. Et si le loueur prend une « assurance loyer », elle sera à ses frais et posera d’autres problèmes comme nous le verrons plus loin.
La loi prévoit qu’un locataire défaillant, quelle qu’en soit la raison, risque de voir son bail résilié et son expulsion prononcée par la justice. Le problème est que cette résiliation et cette expulsion peuvent prendre plusieurs mois voire plusieurs années suivant les cas. Les procédures mises en place par la loi n° 89 462 du 6 juillet 1989 et d’autres, sont si pointilleuses et si complexes que le recours à un professionnel du droit est nécessaire. La moindre faute entraîne l’annulation de la procédure et reporte l’expulsion de plusieurs mois et parfois, années. Pendant ce temps, le particulier paiera les frais de procédures, les charges de copropriété, la taxe foncière et ne touchera aucun loyer.
Lorsqu’intervient enfin le jugement d’expulsion, le particulier ne disposera toujours pas de son bien. Les délais d’exécution du jugement peuvent être eux aussi de plusieurs mois. Le Préfet du département doit donner son accord afin que les forces de l’ordre assistent l’huissier dans sa pénible tâche. Hors la trêve hivernal pendant laquelle rien n’est possible, le Préfet peut tout à fait refuser l’expulsion et ce sera au particulier de saisir le tribunal administratif pour demander une compensation à l’Etat en tant que responsable de la non exécution du jugement.
Remarquons que l’Etat (le gouvernement) généreux avec l’argent du particulier loueur, ne propose aucune solution de logement à l’expulsé. Il retarde artificiellement l’expulsion laissant le particulier assumer seul les charges d’hébergement de son locataire défaillant mais n’assume pas ses devoirs vis à vis des citoyens victimes de la débâcle industrielle et économique.
Pour compliquer encore les choses, il existe aussi des locataires de mauvaise foi, de véritables professionnels qui connaissent et usent de toutes les ficelles, utilisant tous les recours possibles, puis sautant d’un logement à l’autre sans jamais payer de loyer avec la complicité involontaire d’une justice inadaptée privée de moyen.
En ce qui concerne la dette accumulée, si elle n’est pas annulée par la Procédure de Rétablissement Personnel, le particulier se retrouvera face à des procédures de recouvrement aussi complexes que pour l’expulsion. Le locataire solvable de mauvaise foi aura tout loisir de s’organiser pour attendre la forclusion de sa dette.
Il est compréhensible que les locataires sans travail, sans ressource et sans espoir, éprouvant de vraies difficultés à payer leur loyer, n’aient d’autres solutions que de s’accrocher à leur logement « sans droit ni titre ». Mais cette malheureuse situation doit-elle être mise à la charge du particulier loueur ? Doit-il être puni d’avoir loué un logement ? Pourquoi devrait-il supporter les conséquences d’une situation dont il n’est pas responsable ?
Nous pouvons imaginer le stress que de telles situations engendrent, tant pour le locataire sans ressource que pour le particulier loueur, mettant en péril leur santé.
Je l’ai évoqué, il existe des assurances proposées par des sociétés spécialisées censées couvrir le risque de non paiement des loyers. Outre que leur coût est élevé et à la charge du loueur, elles ne résolvent pas tous les problèmes, comme les délais d’expulsion et l’accueil des défaillants. Par ailleurs, les contraintes imposées par les assureurs sont telles que beaucoup de candidats locataires, les jeunes travailleurs notamment, restent sur le pavé faute d’offrir les garanties exigées.
Les conséquences de cette politique irresponsable de l’Etat (le gouvernement) sont multiples et nuisent finalement aux candidats locataires. Certains particuliers renoncent à louer et préfèrent laisser le logement vide en attendant de le revendre, d’autres demandent des garanties ou des cautionnements impossibles à trouver pour un locataire en recherche d’emploi. D’autres encore renoncent à investir dans l’immobilier locatif.
La spoliation légale du particulier n’est pas acceptable dans notre république. Faute d’assurer à chacun un revenu et un logement décents, l’Etat doit compenser intégralement l’annulation judiciaire des dettes locatives et les loyers impayés dès la saisine de la justice par le particulier.
Le secteur de l’immobilier a besoin de l’investissement des particuliers et, vu l’évolution à la baisse des pensions de retraite, les particuliers ont besoin de ressources complémentaires sûres provenant d’investissements utiles à la collectivité.
Le pouvoir en place doit prendre ses responsabilités et réécrire ces lois « généreuses » afin de rééquilibrer les droits et devoirs de chacun dans l’intérêt général.
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