La perte médiatique du triple A de la France ne laisse personne indifférent. Economistes, journalistes, bloggeurs spécialisés ou non, chacun y allant de son commentaire.
Pour autant, peut-on affirmer que cet évènement aura un impact conséquent sur les taux d’emprunt ?
Tout d’abord, il faut remettre les choses dans leur contexte. La perte du triple A était devenue inéluctable depuis plusieurs mois et l’annonce n’a eu pour effet que de confirmer les prises de position des économistes. S&P et Moody’s, à la fin de l’année 2011, avaient déjà anticipé l’évènement.
Il faut relativiser cette dégradation qui ne reflète en rien la capacité de la France à rembourser ses dettes. Les conditions, d’un point de vue historique, restent tout à fait correctes, approchant un taux de 3.5% concernant ses obligations d’Etat.
En cela, on ne voit pas quelles pourraient être les conséquences d’un point de vue économique pour le pays, qui de toute façon, avait déjà subi les sanctions de l’effet des annonces, des agences de notations, intervenues courant décembre. A la limite, cette dégradation peut être perçue comme une « bonne nouvelle » car elle est moins importante que les prévisions annoncées et attendues par les investisseurs.
Alors aujourd’hui, quel impact sur les banques ?
Très concrètement, la plupart des banques ont elles-aussi subi une dégradation de leur note auprès des agences. L’impact de cette mesure est encore une fois à relativiser car l’essentiel du refinancement des banques provient de la BCE qui maintient ses taux à des niveaux les plus bas, et ce, depuis plusieurs mois.
La mesure ayant eu le plus d’impact sur l’économie bancaire est sans aucun doute l’annonce des normes Bâle III, renforçant les exigences bilancielles au niveau des fonds propres des banques survenue en janvier 2010.
La plupart des banques, étant en dessous des normes prudentielles, ont dû limiter leurs risques « crédit » et augmenter leurs capitaux via la collecte d’épargne afin de répondre aux attentes des autorités qui prendront officiellement effet en Janvier 2013, dans tout juste un an.
D’ailleurs, lorsque l’on regarde l’écart entre le taux de refinancement des banques et celui des emprunts proposés aux particuliers, on se rend compte que la marge n’a jamais été aussi importante que depuis début 2011.
Nous pensons que les banques sont tout à fait capables de s’adapter à cette nouvelle situation. La hausse récente des taux des durées long terme (20 et 25 ans) correspond davantage à une orientation stratégique prise par certains établissements financiers plus qu’à une décision macro-économique commune.
Quelle conclusion en tirer ?
Contrairement aux prises de positions dramatiques observées dans certains médias, nous restons optimistes quant à une stabilisation des taux d’emprunt. Il faudrait un nouvel évènement économique majeur pour reconsidérer la question. Aujourd’hui, seules les banques sont en mesures de prendre les décisions stratégiques visant à diminuer ou augmenter les taux d’emprunt immobilier. Les marges restant relativement importantes, tout laisse à penser que de nouvelles campagnes commerciales permettront de dynamiser l’emprunt immobilier durant le premier trimestre de l’année 2012.