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Accueil du site > Actualités > Economie > Pétrole et gaz : les perspectives mondiales

Pétrole et gaz : les perspectives mondiales

De nombreux experts étaient présents à Bruxelles pour la neuvième conférence internationale de l’ASPO sur le pic pétrolier. De Colin Campbell à Jeff Rubin, en passant par Jean Laherrère ou Kjell Aleklett, tous ont fait part de leur analyse sur la question du pic pétrolier et plus généralement de l’avenir des énergies fossiles et des alternatives dans le monde.

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Première discussion avec Pierre Mauriaud (Total), Kjell Aleklett (ASPO),
Colin Campbell (ASPO) et Paul Hohnen (Modérateur).

L’économiste, l’agronome, le politique, l’expert pétrolier, l’investisseur financier, l’ingénieur, l’expert climat et le géographe n’ont pas forcément la même analyse du constat ni la même vision de l’avenir. Cependant, le mélange de toutes ces visions a permis de faire ressortir des éléments marquants et d’esquisser les grandes lignes de cet avenir sans pétrole.

 Pour les plus courageux, la plupart des diaporamas et toutes les vidéos sont accessibles ici.

Je vous propose, dans ce premier article, de dresser un constat concernant l’évolution de la production d’hydrocarbures.

Pic de pétrole

Le pic de pétrole conventionnel est dépassé (depuis 2006 selon l’AIE), la production n’augmentera plus. La production totale de carburants liquides, incluant les biocarburants et liquides de gaz naturel est encore en faible croissance (88 Mb/j -Millions de barils par jour- ces derniers mois) mais sera très contrainte :

Capacités d’augmentation de la production :

Maximum de + 6Mb/j entre 2010 et 2015, dont deux tiers sont issues de l’OPEP (+2,1 Mb/j) et du gaz naturel liquéfié (+2,3 Mb/j).

Le graphique ci-dessous montre que le potentiel d’augmentation de la production, entre 2009 et 2015 reste très faible (< 1,5 Mb/j à partir de 2011).

augmentation Source : U.S. Energy Information Administration

 

Ces capacités sont supposées faire face aux 3 Mb/j qu’il faudra compenser chaque année dans les gisements matures en déclin !

Les courbes présentées par Kjell Aleklett, président de l’ASPO, montrent que la courbe de production actuelle se situe entre les scénarios standard et pessimiste.

Kjell Aleklett

Une intervention de Paul Stevens (Chatham House) évoque les différents scénarios concernant l'Arabie Saoudite. En effet, si le premier producteur mondial de brut continue à se développer comme il le fait actuellement, sa dépendance à l'énergie devrait le conduire à une réduction massive des exportations, allant même jusqu'à devenir importateur net en 2037 !

29042011250.jpg

Pic de gaz

Le pic mondial de gaz devrait être atteint en 2030 (voir en fin d'article) et une attention particulière a été portée sur la situation en Europe. En effet, celle-ci dépend à 67% du gaz en provenance de la Russie (40%) et de la Norvège (27%). 

Or, la Norvège devrait atteindre son pic de production entre 2015 et 2020.

La Russie, dont 50% de la production se situe sur des gisements en déclin, devrait atteindre son pic entre 2030 et 2035.

Au-delà du problème de production, c’est surtout la distribution du gaz qui posera problème. En effet, le marché asiatique, avec la Chine et le Japon notamment, augmente considérablement ses importations et la Russie elle-même consomme une part de plus en plus importante de sa production. Les volumes disponibles pour l’Europe risquent de diminuer considérablement.

répart russie


Les hydrocarbures non conventionnels

Deep offshore (profondeur >500m) : Le potentiel semble assez restreint et représente environ 5% des ressources pétrolières mondiales. Les gisements principaux exploités actuellement totalisent 91 Gb. Le développement des capacités de production est extrêmement coûteux (environ 10 Md € par champ) notamment parce que la plupart des opérations sont effectuées sur place, en pleine mer (production, traitement, stockage et export). Le record de profondeur est de 8600 m sous le niveau de la mer !

 

deep offshoresource : Total

 

Shale Gas (gaz de schiste) : les progrès techniques réalisés permettraient de diminuer les coûts de production et le taux de récupération. Cependant, les problèmes environnementaux ne sont pas pris en compte dans les analyses, comme l’utilisation et la pollution d’énormes quantités d’eau. Les ressources mondiales exploitables sont estimées 37.500 Gm3  (la consommation mondiale est d’environ 3.000 Gm3 /an). 

 

shale

Gazéification du charbon : Il a été également question de la gazéification souterraine du charbon, technologie en cours de développement à grande échelle. Le procédé consiste à injecter de l’air, de l’oxygène et de l’eau dans des couches de charbon, puis d’extraire un mélange complexe composé de gaz de synthèse (H2, CO, CH4, H2S et CO2), de vapeur, de charbon liquéfié et de particules. Cette technologie nécessite une grande puissance thermique (45 à 55 MW). Les réserves minières actuelles en Europe sont estimées à 254 Milliards de tonnes. Une petite pointe d’ironie avec ce logo « Clean coal » dans le bas du diaporama, tentant de faire croire qu'il est possible d’utiliser proprement du charbon !

Le pic mondial de charbon devrait avoir lieu en 2055 (s’il n’y a pas de réduction de la demande). 

Toutes ces estimations sont représentées sur les courbes ci-dessous, présentées par Jean Laherrère à l’ouverture de la conférence.

 pics.JPG

En bref

La production de pétrole conventionnel diminue fortement. La croissance de la production d'hydrocarbures non-conventionnels est très limitée, notamment à cause de investissements financiers majeurs qu'il faut réaliser, mais également à cause des grandes contraintes environnementales (climat, eau potable ...).

Le temps de l'énergie bon marché est terminé car la seule source peu coûteuse en production (<20$/baril) mais également en investissement, a entamé son déclin.

Évidemment, les aspects économiques ont une influence majeure sur l'évolution de ces courbes, tant pour la consommation que pour les capacités de production. C'est ce que nous verrons dans le prochain article.


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15 réactions à cet article    


  • Cocasse Cocasse 5 mai 2011 12:08

    Une solution d’avenir :
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Bio_Fuel_Systems
    Ils n’en parlent jamais dans leurs réunions ?



    • Cocasse Cocasse 5 mai 2011 13:54

      C’est un avis vraiment très intéressant.
      Jusque là j’étais assez enthousiaste vis à vis du procédé, mais manifestement, il n’y a pas encore de quoi.
      N’y a t-il pas moyen d’obtenir du CO2 autrement qu’en utilisant 5 fois plus d’énergie que l’on en produit ?


    • zadig 5 mai 2011 13:24

      Bonjour,

      Article intéressant, mais dommage les graphiques ne sont très lisibles.
      Pour nous un petit espoir, le large de la Guyane.

      Très bientôt ce sera la pénurie avec son cortège de guerres.

      Salutations


      • jymb 5 mai 2011 14:51

        Il est permis de se demander pourquoi la Chine multiplie à outrance les ventes de voitures au lieu de convaincre ses habitants d’en rester au vélo ? Sont ils sourds aux prospectives, stupides, ou moins sensibles aux manipulations voulues par les spéculateurs et les états ?


        L’envolée des prix de l’énergie, envolée « naturelle » ou artificielle est une bénédiction pour nos gardes chiourmes : pouvoir limiter les déplacements personnels est un excellent moyen de mise au pas, de surveillance, et permet de justifier à peu prés tout et n’importe quoi : limitations, règlementations, interdictions, mesures exaspérantes, bridages en tout genre...
        D’ou la volonté féroce depuis de nombreuses années de ne surtout pas voir se développer des moyens alternes, éventuellement multiples ( il n’y a pas de solution univoque) interdiction des énergies « personnelles » report indéfini des véhicules électriques ( ou mise immédiate sous tutelle par location, captivité à des stations dédiées etc) 


        • Aldous Romios 5 mai 2011 16:13

          Très bon article et bien documenté.

          Votre conclusion « Le temps de l’énergie bon marché est terminé » donne la véritable clef de lecture de la somme d’informations qui précède.

          Non, il ne s’agit pas de la fin du pétrole, ni de la fin d’une source remplacée par une autre moins chère et plus pratique comme ce fut le cas du passage du charbon au pétrole

          Ni le gaz ni le nucléaire ne peuvent se substituer à tous les usages du pétrole à un cout moindre et avec une efficacité comparable.

          Nous vivons irrémédiablement la fin de l’énergie bon marché.

          Cela a deux conséquences majeures que nous vivons depuis quelque temps :

          Les tensions internationales pour mettre le grappin sur les ressources restantes.
          L’inflation.

          Ce n’est que la 1ere partie de la crise dont le scénario pourrait être celui que je décris dans cet article : 
          http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/pic-petrolier-quel-plan-b-avant-la-92366


          •  C BARRATIER C BARRATIER 5 mai 2011 16:24

            Bon article, d’accord avec Romios, mais pas du tout avec jymb qui n’est pas le premier à montrer la Chine du doigt comme si chaque chinois n’avait pas le même droit et le même potentiel de consommation d’énergie que chaque américain. C’est une autre approche du même ostracisme anti chinois pointé ici dans la new « manipulation de l’opinion, fonds de commerce écologique »

            http://chessy2008.free.fr/news/news.php?id=50

            La crise ne touche pas du tout la Chine, la consommation d’énergie des USA et de l’Europe ou du Japon pourrait bien baisser, la Chine peut et pourra payer. Sa consommation explose et explosera encore plus fortement, à hauteur de son nombre d’habitants !

            Plutôt d’envoyer les chinois faire du vélo, j’y enverrais bien les étatsuniens et les européens !


            • jymb 5 mai 2011 22:15

              Désolé, vous n’avez visiblement pas compris le sens de mon message. Je n’ai aucune opinion pro ou antichinoise, je me borne à constater qu’il est étonnant qu’un pays organise quasiment ab initio la montée en charge fulgurante de consommation d’une denrée qui est censée être en voie de disparition

              Sinon de manière plus large, je ne crois pas intelligent de forcer notre « modèle » de vie par tout dans le monde, pas plus que si l’on cherchait à m’imposer la vie dans une yourte, sur une motoneige ou dans les galeries d’une centre commercial de Dubai. Il n’y a pas de mode de vie plus enviable qu’un autre, dés le moment ou l’accés à la santé et à une nourriture saine peut-être assuré à tous.


            • epapel epapel 5 mai 2011 19:58

              Ce qui est bien dans cet article c’est qu’au delà des pics de production de l’énergie, il suggère l’existence des pics d’exportation qui les devancent nécessairement et qui est le problème concret auquel devront faire face pays consommateurs occidentaux.


              • chems eddine Chitour 5 mai 2011 22:41
                Le chaos ou le développement durable : Il nous faut choisir !
                Cet article a le mérite d’asséner des vérités sans concession assez documenté. On peut regretter que s’agissant de l’Arabie il ait oublié de m’entionner que l’Arabie saoudite ne produira jamais les 12, 5 millions de barils attendus de sa part ( selon un cable de Wikileaks d’un ancien de l’ aramco) 
                D’autre part dans cette analyse on voit nulle part une prise de concience planétaire de la fin des inéluctable des énergies fossiles faisant dans la fatalité ( l’Américain continuant avec ses 8tep/hab et par an et le Chinois ne devant pas dépasser 1,5tep/hab/an) . Quand aux autres tout les autres, ils ne comptent pas . Ce n’est certainement pas le tchadien qui consomme moins de 0,2 tep/an qui risque d’accélerer l’avènement inéluctable des changements climatiques et pourtant ce sont les PVD qui en souffriront ..
                Il eut été élégant de parler du développement durable en sortant de l’ébriété actuelle vers une sobriété respectueuse de la terre et des hommes 

                Pour le reste , c’est tout de même un bon article

                Prof. C.E. Chitour 

                • Laury 5 mai 2011 22:56

                  Voila pour ceux qui ne trouve pas de pétrole a ce prix faramineux
                   :Karmapolis - No Petrol - La fin du pétrole n’aura pas lieu

                  Pas assez cher non fils ????


                  • Laratapinhata 6 mai 2011 00:21

                    Mais que sait-on des réserves de pétroles de pays non-exportateurs, par exemple des réserves des Usa ? n’est-ce pas une question stratégique, et pensez-vous que ces chiffres soient réellement accessibles ?


                    • epapel epapel 7 mai 2011 18:48

                      Les réserves prouvées et ultimes des USA sont les mieux connues au monde pour le simple raison que les compagnies qui les exploitent sont toutes privées et cotées en bourse.


                    • Laratapinhata 6 mai 2011 00:25

                      Et que sait-on des champs pétroliers chinois ?

                      Enfin, la récupération tertiaire du pétrole ne peut-elle pas encore être améliorée, et ne peut-on pas « essorer » des gisements qu’on avait abandonnés quand le pétrole coulait à flot ?


                      • yvesduc 7 mai 2011 08:17

                        Merci pour ces informations essentielles. On voit qu’au moment où les médias traditionnels courent après la marionnette Ben Laden, AgoraVox (oui, le net !!!) fait le travail du vrai journalisme responsable.

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