Plaidoyer pour un système monétaire sain
Cela fait quelques années qu’internet colporte une critique fondée sur la création monétaire. Aucune réelle infirmation de ce discours n’est réellement venue entacher la rigueur des travaux réalisés par les précurseurs de cette analyse : d’ailleurs, ces objections ne valent même pas la peine de s’y attarder.
Précisons que le contenu du présent article ne s’intéresse qu’au fonctionnement de l’eurozone, ou d’un système monétaire similaire.

Les critiques de la création monétaire par l’état sont assez lourdes, de telle sorte que par exemple Frédéric Lordon (http://blog.mondediplo.net/2009-01-05-Pour-un-systeme-socialise-du-credit) ne retient pas une telle option :
On pourra donc égréner les difficultés de limiter l’inflation, les problèmes de clientélisme au pied de la planche à billets, une allocation des capitaux qui risque de par trop favoriser l’étatisation de l’économie.
Le crédit social comme autre alternative :
Cette proposition est extrêmement simple et efficace. Cependant, il a hélas peu de chance d’aboutir pour quelques raisons :
- les défenseurs de cette alternative pensent intérêt commun avant intérêt individuel, sa promotion est donc autrement plus faible que notre fonctionnement actuel ;
- la rareté de la monnaie est indexée par exemple sur la croissance, et non sur le coût de la monnaie (intérêt) ; la rareté est donc extrêmement plus difficile à tenir, risquant de tomber dans les travers de l’hyper-inflation telle la création monétaire étatique ;
- il ne génère pas d’activité ou nettement moins dans les activités bancaires, et l’on conçoit mal aujourd’hui expliquer à nos banquiers que leurs métiers, c’est essentiellement être payé à creuser des trous pour ensuite, du moins partiellement, les reboucher ;
- il ne permet pas d’éviter ou de casser une surchauffe économique ;
Dès lors, sans chercher à vouloir mettre un coup de bull très hypothétique dans notre système bancaire, en rasant gratis, la pertinence de l’analyse se doit d’accoucher d’autres propositions. Et à la vue de la validité de la critique sur la création monétaire, il est possible de conjurer les critiques par l’innovation suivante. C’est l’objet de cet article, nous y venons.
Proposition :
Le système monétaire actuel se caractérise par son aspect pyramidal, la dette étant systématiquement supérieure à la monnaie en circulation, du fait de la non-monétisation des intérêts. Notre proposition doit donc répondre à un principe de "dépyramidation" de notre système monétaire en le ramenant à un jeu à somme nulle, la somme des dettes issues de l’emprunt bancaire étant strictement égale à la masse monétaire, et non pas supérieure comme aujourd’hui.
Le retour à un jeu à somme nulle que l’on a connu pendant les 30 glorieuses permet un cloisonnement de la finance qui lui empêche de s’approprier illégitimement la propriété d’autrui via de l’endettement strictement irrécouvrable (intérêts des emprunts non monétisés), ce qui, comme on le voit chez les agriculteurs dont certains ont des taux d’endettement de 90% (et encore, ils sont des nantis d’un certain point de vue, puisqu’au bout de 5 ans d’exercice de leur activité, seuls 4% d’entre eux font faillite alors que ce taux est de 50% dans le petit commerce), c’est à dire que 90% des propriétés de certains d’entre eux appartiennent à des banques, sont acculés à la violence, soulignant le fait comme précise Arnaud Montebourg (Ripostes sur Arte) que la finance a quelque chose à voir avec la sécurité.
Par ailleurs, ces dettes non monétisables se retrouvent in fine économiquement dans les comptes des seuls agents économiques dont l’insolvabilité n’est pas déterminante dans leurs viabilités, j’ai nommé les états.
Cependant, nous préconisons la conservation de l’intérêt, comme le souligne Frédéric Lordon (http://www.dailymotion.com/relevance/search/fr%C3%A9d%C3%A9ric+lordon/video/x8zunm_flordon-chez-tropiques-1_news 1 à 8), sa principale utilité étant de limiter la création monétaire. Il n’est donc pas ici question de critiquer la politique de taux centralisé de la BCE, ni des banques commerciales, quand bien même rien ne justifie de percevoir un loyer sur une chose dont on n’a pas à se priver (création ex-nihilo).
Dès lors, le produit de la monétisation de ces intérêts serait alloué aux déficits des états, permettant de contrecarrer la dime prélevée sur l’intérêt commun que représente le paiement des intérêts de la dette publique. Là encore, la proposition vise à offrir un certain cloisonnement entre univers de la finance et chose publique.
Evidemment, si un état perçoit les intérêts d’un emprunt émis par une banque, il ne peut par contre être l’initiateur d’une telle demande de prêts. Le cas des collectivités territoriales serait assimilable aux agents économiques hors états a priori.
D’un point de vue bancaire, si la proposition ci-dessus est en fait la réintroduction de monnaie permanente dans la masse monétaire, constituant alors une fuite, c’est à dire une limitation de ces revenus pour les banques, il s’agit également de la suppression de risques artificiellement générés par un système monétaire à somme négative.
Conclusion :
Face à l’accroissement de nos déficits publics dus aux incohérences de notre système monétaire, Il semble urgent de réagir et de proposer afin de relever les défis du XXIème siècle :
- poids financier de la prise en charge du vieillissement de la population ;
- doctrines libérales accroissant la fragilité de nos économies et augmentant les coûts sociaux ;
- surcoût financier généré par notre système monétaire néfaste à la compétitivité de nos entreprises dans la mondialisation ;
- poids fiscal et social supporté par l’entreprise et in fine ses salariés, l’alternative proposée ci-dessus pouvant se transformer en contre-dumping si les recettes budgétaires sont en partie alloués à nos entreprises.
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