Pour un engagement solennel des institutions financières
Les cours des sociétés cotées en Bourse se sont effondrés ? Ça n’est pas le plus grave, ces cotations ne représentent pas leur valeur réelle, même s’il faut s’attendre à une fragilisation et à une dépendance accrues face aux pays émergents.
Les banques ne disposent plus de liquidités ? En fait, après des années de coupable insouciance, elles se méfient désormais à l’excès les unes des autres. Mais les capitaux existent, d’autant plus que les dirigeants politiques des grands pays occidentaux se révèlent depuis quelques jours de fabuleux magiciens, faisant jaillir – de caisses vides pour certains ! – des flots de bon et bel argent. Avec la garantie des Etats à la clé, le système pourrait donc redémarrer, comme cela semble être le cas en ce début de semaine.
Et ramener peu à peu la confiance, c’est-à-dire en garantissant davantage de sécurité ? Rien n’est moins sûr. Il semble que, depuis quelques jours, on a pu chercher à nous affoler toujours davantage, afin de nous faire peut être perdre de vue trois menaces, dont nous voudrions être sûrs qu’elles ont bien été prises en compte dans le plan européen adopté dimanche à Paris.
Tout d’abord la dette américaine. Certains chiffres font apparaître que, rapportée à chaque Américain, elle s’élève à plus de 450 000 $ par personne, soit environ dix années de revenu moyen !
Les produits financiers dits toxiques ensuite. Leur montant cumulé, pour autant qu’on puisse le savoir, s’élèverait à plus de 50 000 milliards de dollars, soit l’équivalent du PIB mondial ! Dont le risque majeur demeure, à savoir qu’ils soient épongés in fine en les faisant supporter par l’économie réelle et notamment l’impôt.
Enfin, the last but not least , les paradis fiscaux. Avez-vous remarqué comme on en parle peu ? Comme ils se font oublier ? Or, ils recèlent soit des fonds abrités qui ont contribué à l’effondrement du système, soit des fonds eux-mêmes en difficulté. Pour ces derniers surtout, nous voulons être sûrs que les centaines de milliards engagés par les pouvoirs publics n’iront pas les renflouer, ne serait-ce qu’à hauteur d’un seul euro.
L’engagement de ces sommes se fait en notre nom. Nous sommes donc en droit d’exiger du pouvoir politique et des institutions financières que soient prises les deux mesures suivantes :
- un contrôle rigoureux des engagements financiers avec les Etats-Unis, et un rapprochement avec la Chine, le Brésil et la Russie, afin de limiter enfin et autant que faire se peut la contamination de l’économie réelle par la dette américaine. L’euro doit devenir la monnaie de référence ;
- la fermeture des paradis fiscaux, ou tout au moins l’interdiction d’entretenir le moindre rapport avec eux pour tout établissement bancaire ou financier bénéficiant de la garantie des Etats et de fonds engagés auprès d’eux par ces derniers.
Sur ces points, il est temps que des institutions, comme le FMI, prennent véritablement leurs responsabilités. Sans cet engagement-là, nous ne serons pas prêts à accorder notre confiance.
Claude Bernard
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