Pourquoi EDF investit-elle à l’étranger plutôt qu’en France ?
En plus de quatre centrales nucélaires qu’EDF envisage de financer partiellement et de construire aux Etats-Unis (Cf. notre article du 18 octobre 2007), elle vient d’annoncer une offre publique pour construire quatre autres centrales nucléaires en Grande-Bretagne dans les vingt ans à venir. Elle se conduit en l’occurence comme une multinationale classique qui cherche à se développer tous azimuts et sur tous les marchés de la planète.
Son comportement interpelle, par contre, quand on se rappelle qu’elle est possédée à plus de 80 % par de l’argent public, que les investissements dans le nucléaire se comptent en milliards d’euros et portent sur des décennies à 12/13 ans la centrale, que le nucléaire, n’en déplaise aux écologistes idéologiques, est la seule solution pour une production de masse d’énergie électrique sans émissions de CO2, que notre parc de centrales est vieillissant et que dans l’esprit des Français et de l’Etat, actionnaire surmajoritaire, l’EDF est le bras armé de l’Etat pour assurer aux Français une fourniture d’electricité sans faille. Or, au rythme d’investissement actuel d’EDF en France, nous devrions avoir un sérieux trou d’air dans notre production d’électricité d’origne nucléaire dans les années 2030.
Sans compter qu’EDF a fait le pari, certe raisonnable, qu’elle obtiendrait de la Haute Autorité de Surveillance du Nucléaire le droit de prolonger l’exploitation de ses centrales actuelles de dix ans. Sans cette autorisation de prologation d’exploitation, nous serions en position de pénurie d’approvisonnement dès 2025 et carrément en manque au-delà de 2030.
A moins que l’Etat ne compte sur l’arrivée des nouveaux intervenants espagnols, allemands ou italien sur le marché français pour boucher les trous du dispositif d’EDF, mais quel poids a-t-il vis-à-vis de ces électriciens ?
A tout le moins, il ne serait pas inutile de créer une Haute Autorité de l’Approvisionnement Energétique pour faire un point des besoins sérieux, traduire ses besoins en un Plan Directeur d’implantations de Centrales de différents types, voire à initier des appels d’offre pour planifier les constructions de ces nouvelles centrales et s’assurer que les besoins des Français seront bien satisfaits.L’electricité a ceci de particulier qu’elle ne se stocke pas, qu’elle a besoin d’équilibrer demande et ressources en tous temps et tous lieux et pour cela de disposer de sources de production suffisantes et d’un réseau de distribution adapté.Ce n’est pas nécessairement en lançant EDF à l’assaut du monde et en espérant l’arrivée des nouveaux arrivants éuropéens que l’on arrivera à ce bel équilibre.
On pourrait aussi imaginer, comme Bruxelles le demande d’ailleurs, que les pouvoirs publics possèdent, adaptent et exploitent les réseaux de distribution et lançent d’ores et déjà, de gigantesque appel d’offres pour des contrats d’approvisionnement en électricité sur les vingt ou trente ans à venir à tous les producteurs d’électricité européens.
A mon sens, ce serait reprendre la maîtrise de l’approvisionnement électrique du pays au moment même où on laisse la bride sur le cou à EDF de voguer vers le vaste monde... à nos risques et périls.
Qu’en pensez-vous ?
13 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON