Pourquoi il n’y a rien à attendre du G20
Souvent je dis que nous allons vers une nouvelle civilisation économique, et que nous ne pourrons la construire sur le même modèle que celui qui se meurt.
C’est cela que je vais essayer de développer à partir d’un sujet précis, qui situe où se trouvent les blocages.
Les problèmes de pollutions dont nous avons pris la mesure sont le résultat d’une transformation de la matière dont nous n’avions pas su mesurer, avec les moyens d’alors, les effets secondaires, qui sont devenus de premier plan.
Nous connaissons les raisons de leur développement au travers de productions source de recherche sans borne du profit, sans considération de l’environnement devenu une décharge, par l’utilisation d’un outil fabuleux qu’est l’entreprise.
Mais chacun peut comprendre que ce n’est pas l’outil qui est en cause mais les structures qu’ont mis en place les hommes pour comptabiliser leurs activités lucratives, et les accroitre, exception faite des méconnaissances scientifiques qui n’ont été qu’en se réduisant.
Ainsi changer de civilisation économique, n’est pas changer d’outil, mais des structures qui l’utilisent pour leurs fins, qu’ils tirent de la croissance, qui elle-même accroit la pollution par suite de mesures inadéquates face à l’ampleur du problème.
Nous nous trouvons donc depuis plus de 30 ans, avec ce constat de notre pollution, sans que nous ayons pu y apporter que des solutions partielles.
Je vais prendre l’exemple de la capture du CO2, et lister les réalisations qui se sont faites autour des centrales électriques à charbon, pour réduire leur production de CO2
1°/Il existe déjà une technique qui consiste lord de l’extraction du gaz de réinjecter le co2 qu’il contient dans la couche de roche perméable, ce concept qui est utilisé depuis 1996 sur certain endroit de la planète est à risque (fuites), et la communauté scientifique hésite de l’étendre à l’échelle mondiale tant que la certitude de l’argilite (roche) n’est pas confirmé.
Nous produisons 30512 millions de tonnes ans de co2, et les zones de stockage sous cette roche sont très répendues sur la planète, mais il faut attendre.
Sauf que les études nécessaires risquent d’attendre, voire ne pas se faire, car pour l’acheminement du co2 vers ces zones de stockage, les économistes estiment que le coût de transport devient insupportable à partir du moment où la distance excède 1000 km.
2°/nous possédons les compétences techniquement pour la capture du co2 produite pas les centrales à charbon, il existe trois techniques pour cela, la postcombustion, la précombustion, et l’oxycombustion.
C’est ainsi que la première centrale électrique à charbon capturant le co2 à sa source par oxycombustion à été mise en service par Alsthom et Vattenfall en Allemagne, en septembre 2008.
Mais a quel prix ?
Et c’est à partir de cette question qu’il faut comprendre où se situent les blocages.
3°/ Des expert se sont penchés sur la récupération du CO2 produit par les centrales à charbon.
Les experts du ministère de l’Energie américain ont tenté de répondre à la question en août 2007, ils ont estimé que suivant le type de centrale à charbon, ces techniques de récupération gonflent le budget de construction de 36% à 112%, ce qui ferait augmenter le prix du Kilowattheure de 36% à 86%.
Même concordance avec ceux de l’Agence Internationale de l’Energie qui s’est livrée à une estimation des dispositifs de piégeage du co2 dont il résulte un investissement supérieur de + de 57% de base pour les constructions de 2010 + 50% sur celles de 2030 pour un coût du kilowattheure doublé.
Même résonnance chez les experts des Nations Unies auteurs d’un rapport sur le développement humain en 2007, « si les systèmes de piégeage étaient disponibles aujourd’hui leurs coûts constitueraient un obstacle considérable à leurs déploiements ».
Les français sont plus clairs sur le sujet. Les français de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) évoquent les coûts trop élevés pour permettre une application industrielle.
Et c’est pour des raisons dites industrielles qui cachent habilement le fait que leurs constructions ne sont pas d’une rentabilité suffisante pour les opérateurs qui exploitent la production d’électricité afin de réaliser un résultat bénéficiaire.
C’est pour cette raison que Bush a abandonné le projet de centrale à charbon sans rejet de « Futuregen ».
Je ne vais pas rallonger les exemples, j’en ai pris deux, le premier invoque une raison scientifique qui demande confirmation et donc peut faire comprendre les raisons d’attendre une certitude avant d’entreprendre un stockage à l’échelle planétaire, et la deuxième repose sur une appréciation économique.
La première résulte de la technologie, la seconde de structures comptable. La première est une contrainte physique de la matière, l’autre de structure cérébrale qui n’est pas irréversible, une règle de calcul comptable.
Et c’est sur ce dernier champ que je veux m’étendre, indépendamment du fait que sur ce sujet, les productions de co2 par les centrales à charbon ne représentent qu’une partie infime de la production de co2 et que les émissions déjà actives ne seront pas résorbées par ce processus.
Notre activité économique depuis le temps a imposé des modèles, qui par leurs réglementations répartissent de manière inégale les coûts de production.
Mais à ces règles générales suivant des situations spécifiques nous y contrevenons, comme par exemple en agriculture avec les montants compensatoires, quand il a été estimé politiquement que l’application du modèle en vigueur conduisait à son suicide en europe.
Nous avons donc un plan comptable qui nous indique comment répartir les coûts pour les particuliers, une comptabilité nationale pour l’état, et le pouvoir de décision politique pour y contrevenir.
Ces règles se sont construites au fil du temps en se conformant aux systèmes économiques surgis des relations humaines qui sont celles du « libéralisme capitalistique », théorisé.
Ainsi nous vivons sous un modèle économique qui a formé ses analystes et économistes aux « règles comptables » qui sont les nôtres, et ce sont eux qui sont sollicités pour répondre aux questions qui se posent, et sur le cas d’espèce, la faisabilité de la récupération du CO2 émise par les centrales à charbon
En conséquence toutes les analyses qui sont faites sur ce sujet, et que j’ai rappelées, se sont faites dans ce cadre et sur la base d’un modèle à penser, qui se montre exclusif d’autres. De ce fait ils n’iront pas chercher des solutions à la difficulté qu’ils rencontrent ailleurs, puisqu’ils ne connaissent que le modèle pour lequel nous les avons instruits.
De fait le modèle devient un modèle à non penser, puisqu’il bloque l’innovation intellectuelle, devant une difficulté qui ne rentre pas dans le modèle.
C’est cela que nous retrouvons dans les analyses des experts Unésiens, de ceux de l’AIE, de l’Onu, et des français de OPECST. Chacun d’eux fait l’analyse d’une même situation et ils se confortent entre eux, comme si leurs analyses étaient scientifiques, comme si leur place sociale étaient une référence rendant incontestable leur conclusion, alors qu’ils mesurent le sujet qui leur est soumis avec le même modèle. L’on ne peut donc s’attendre à des conclusions différentes, qui n’indiqueraient qu’une chose c’est que certains ne savent pas s’en servir du modèle.
Ainsi leur analyse de faisabilité économique doit entrer dans le modèle de rentabilité industrielle de toute production, pour un résultat en équilibre ou bénéficiaire.
Or en l’espèce nous n’avons pas à mesurer une production commerciale, mais une faisabilité essentielle à l’existence humaine pour apporter une solution à une pollution à laquelle les hommes doivent faire face, qui exige d’eux non un comportement dogmatique, mais innovateur.
Cette situation exceptionnelle demande une fois que sont levées les réserves scientifiques, que l’on trouve les modalités de sa réalisation et non de l’inclure dans un système qui ne peut répondre à ce soucis, car le système à été conçu dans des temps ou les conséquences polluantes de nos productions n’étaient pas mesurables.
Alors nous avons beau prendre les meilleurs analystes et les meilleurs économistes, s’ils ont leurs cerveaux bloqués par la « non pensée », incapables de prendre ou de concevoir une autre mesure, parce qu’il leur est demandé de prendre la mesure de ceux qui réalisent la mise en œuvre pour qu’ils y trouvent leurs intérêts capitalistes, il faut bien convenir, vu l’état de la pollution planétaire que ce capitalisme nous « tuera ».
La civilisation économique à venir devra avoir la lucidité de scinder ses jugements économiques en fonction des événements sur lesquels elle se penche, ceux qui relèveront de la concurrence commerciale et ceux qui relèvent de la survie de l’espèce humaine, car d’évidence tout n’est pas à vendre, au risque d’en perdre la vie, contrairement à ce qui nous a vendu notre modèle actuel.
Les plus cyniques pourront penser que ce n’est là que l’exercice de la régulation naturelle du monde, les moins bloqués que notre modèle économique n’est plus adapté au monde qui se dessine.
Toute nos productions polluantes vont devoir être soupesées au poids de leur réalité et devront être ajustées à la capacité de la planète d’absorber nos déchets.
Il faut comprendre que ce ne peut être la réalisation économique qui doit constituer un frein aux choix de nouvelles technologies propres mais leur faisabilité scientifique. Il est plus facile aux hommes de changer leurs consommations, d’ajuster leurs théories économiques, d’innover, qu’a la nature de renouveler nos ressources.
Mais il y a quelque chose de plus important à comprendre de cet exemple, c’est que l’on ne peut pas confier cette charge à ceux qui ont leur cerveau bloqué par leurs portefeuilles.
Si nous recourons à eux pour faire face à des problèmes de survie humaine, ils ne trouveront pas plus de solutions pour enrayer la pollution que ceux qu’ils en ont trouvés pour résorber la faim dans le monde.
Pour conclure, nôtre société produit peu de « sage », elle crée certes des comités d’éthique constitués de grands penseurs, mais le plus souvent ils ne sont que le produit de l’instrument, de la structure qui les a formatés. C’est comme si les maitres tibétains pour former leurs comités de sages choisissaient pour cela un égoïste, un vaniteux, un coléreux et un mauvais père de famille,. C’est ce que nous faisons sans cesse et nous sommes surpris qu’il n’en sorte pas de solutions.
Dans ce conteste, et parce que se réunissent les hommes du modèle de « non pensée », il y a peu de chance que du sommet du G20 il en sorte grand chose, il n’y a rien à en attendre, mais tout d’un nouvel élan d’une conscience politique pour une autre civilisation économique qui émerge difficilement.
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