Prix alimentaires : la faute à qui ?
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La nature a bon dos...
___La sécheresse : phénomène récurrent, touche cette année sévérement les USA, le Canada, l'Australie, la Russie, une partie du Brésil, ...
Conséquences : défaut de récoltes, flambée des prix, les pires difficultés alimentaires pour les pays pauvres, des menaces pour l'équilibre alimentaire mondial...
On a vite fait de faire cette déduction assez simple.
__Les phénomènes climatiques extrêmes ont évidemment leur place dans ces réactions en chaîne, comme causes premières, mais moins aujourd'hui qu'hier. Les époques de famines d'antan n'ont plus lieu d'être aujourd'hui. Le problème n'est plus simplement climatique, mais surtout économique et politique.
Déjà au Moyen-Age en France, les famines n'étaient pas toujours que la conséquence de mauvaises récoltes. ( Les famines au Moyen Âge interviennent lorsque les récoltes sont mauvaises, en particulier pendant la soudure. Le facteur météorologique est aggravé par la guerre et le passage dévastateur des soldats dans les champs (comme durant la guerre de Cent Ans). Les pauvres sont toujours les plus touchés. Les villes organisent le ravitaillement en blé, venu parfois de loin et à fort coût....)
Les nouvelles famines. ne sont pas des catastrophes seulement naturelles...Les prix ne s'embrasent pas mécaniquement.
Il n'y a pas de fatalité à la pénurie, à la hausse des prix agricoles, qui n'est pas seulement la conséquence d'un déséquilibre entre l'offre et la demande..
___ La spéculation joue un rôle important.
Déjà en 2008, le rapporteur spécial de l'ONU sur le droit à l'alimentation disait :« Il n'y aurait pas eu de crise alimentaire sans spéculation Ce n'était pas la seule cause de la crise, mais elle l'a accélérée et aggravée. Les marchés agricoles sont naturellement instables, mais la spéculation amplifie les brutales augmentations, tout comme les chutes des prix, qui sont aussi très dommageables pour les pays producteurs. Cela rend difficile la planification de la production et peut brutalement augmenter la facture alimentaire des pays importateurs de denrées. »
L'agriculture a été sacrifiée sur l'autel du marché et les mêmes mêmes causes produisent les mêmes effets. La souveraineté alimentaire est le problème-clé.
La responsabilité humaine, le type d'agriculture, le mode de gestion de la planète sont largement en cause. Il est urgent de repenser l'agriculture et il y aurait beaucoup à dire sur la fragilisation et la dégradation des sols engendrée par l'agriculture intensive.
La famine est un crime contre l’humanité, comme le souligne Jean Ziegler.
__________________________Si la gabegie alimentaire ne cesse pas, le problème s'aggravera dans les années qui viennent :
"... La moitié du blé mondial et les trois quarts du maïs et du soja ne servent pas à faire du pain, des pâtes, du couscous, des tortillas ou du tofu, mais du poulet, des œufs, du porc, du lait et du bœuf ! Est-ce bien raisonnable à l'échelle mondiale ?
Ces crises à répétition ne vont-elles pas nous inciter à nous interroger sur la durabilité de notre système alimentaire, qui nous amène à manger en France chaque année 85 kg de viande et 90 kg de laitage ? Et que dire des Etats-Unis (125 kg de viande), sans compter la Chine qui rejoint notre gabegie alimentaire ? En tous les cas, à court terme, soit nous acceptons une forte hausse du prix de ces produits, soit les éleveurs seront dans la rue, avant de goûter aux charmes de Pôle emploi (ou du suicide malheureusement...). La saga du groupe volailler Doux qui nous a tenus en haleine risque de n'être que le premier chapitre d'une crise plus profonde.
Les politiques de soutien aux agrocarburants de première génération (éthanol à base de maïs aux Etats-Unis, biodiésel à base de colza en Europe ou d'huile de palme dans de nombreux pays du Sud) vont à nouveau être fortement questionnées. Est-il bien raisonnable de continuer à... brûler une ressource aussi essentielle et dorénavant rare que les grains de céréales ou d'oléagineux, et de défricher à grande échelle la forêt vierge pour pouvoir poursuivre ?..
"... Prendre conscience que l'agriculture représente dorénavant une question-clé pour la paix du monde, et qu'elle a besoin d'un effort collectif très important et d'investissements considérables pour être à la hauteur du défi.
S'organiser entre les différents Etats pour prévenir les crises, avec une limitation de la spéculation, la constitution de stocks-tampons sur tous les continents, et la circulation de l'information (ce que le G20 a, soi-disant, décidé de faire !).
Revoir nos habitudes alimentaires : moins d'obèses ici et moins de mal-nourris là-bas, tout le monde finirait par y gagner. Et promouvoir sur tous les continents une agriculture qui réconcilie écologie et agriculture (en particulier agroécologie ou agriculture écologiquement intensive), qui permette aux paysans du monde de produire eux-mêmes, suffisamment (c'est-à-dire beaucoup) et de façon plus durable, même en prenant en compte les effets délétères du réchauffement planétaire."
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