Provinciaux bienvenus pour payer les retraites de la RATP...
Le transfert des charges de retraite des entreprises d’État aux caisses du privé se poursuit. Après les futurs retraités d’EDF et de Gaz de France que je vous avais signalés, c’est au tour des salariés de la RATP, dont la charge des retraites vient d’être transférée partiellement à l’État.
La raison en est que les nouvelles règles comptables imposent aux
entreprises de prendre en compte, dans leurs résultats, la totalité de leurs
engagements financiers, alors que précédemment ces engagements n’apparaissaient
pas. Ils étaient censés être payés et financés "au fil de l’eau",
c’est-à-dire au fur et à mesure qu’ils se présentaient, lorsque les salariés
partaient en retraite. Or, comme les conditions de départ en retraite des
salariés des entreprises publiques sont très avantageuses, en particulier sur
l’âge du départ en retraite qui est de cinq à quinze ans plus faible que dans le
privé, les engagements financiers correspondants sont tout à fait
considérables, et font basculer les comptes des entreprises publiques dans une
situation de faillite virtuelle. Cela fait désordre pour des entreprises d’État,
surtout si on veut les mettre en Bourse.
Dans le cas de la RATP, ce n’est pas une privatisation partielle
qui fait émerger le problème avec une certaine urgence, mais le fait que par la
loi de décentralisation de 2004, l’État passe le flambeau de la responsabilité
de la RATP à la Région, et que celle-ci n’est pas d’accord pour l’accepter tant
que le problème des retraites des agents n’aura pas été réglé.
Résultat des courses : rien ne change pour les salariés de
la RATP, qui conservent donc leurs conditions de départ, 50 ou 55 ans d’âge de
départ, un taux de cotisation de 7,85 % très bas, et une retraite calculée
sur les six derniers mois de salaire. Alors que pour les salariés du privé,
elles sont respectivement de 60 ans d’âge de départ (en fonction des trimestres
de versement à la Sécurité sociale), de 10,35 % de taux de cotisation, et surtout
d’une retraitre calculée sur les vingt-cinq dernières années de carrière (!), au
lieu de six mois. Ce n’est plus une inégalité de traitement, c’est carrément une
fracture sociale !
Coût de la facture : 90 millions/an pour l’État, pour
compenser l’augmentation des salaires, 180 millions/an pour compenser les
spécificités du régime et 700 millions de soulte à verser par l’État aux
caisses de retraite vieillesse de la Sécurité sociale (CNAV) et aux caisses complémentaires.
Le tout devant être payé par le contribuable, nos amis
provinciaux vont apprécier que la régionalisation puisse se traduire finalement
pour eux par une contribution au paiement des retraites de la Régie des transports parisiens, dont ils ne profitent pas ! Sans doute les
contribuables de l’Île-de-France contribuent-ils en retour aux retraites des
régies des transports des villes de province. On parie ?
5 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON