Que faire face au chaos économique ?
La situation actuelle au niveau économique nous plonge au bord du chaos. Les mesures préconisées par les libéraux, nous permettront-elles d’éviter le pire ?
- cac-40
- Evolution du Cac40 sur 2007-2008
La situation actuelle au niveau économique nous plonge au bord du chaos. Hypertrophie des super-riches, paupérisation globale de la société, récession en vue aux États-Unis, envolée des prix des matières premières, délocalisations massives vers les pays socialement arriérés, tous les symptômes d’une catastrophe économique sont là.
Face à cela, nous avons un gouvernement à cheval sur des dogmes néo-libéraux, pour lesquels les principaux remèdes sont :
- la liberté du marché, via notamment la
privatisation des services publics qui est censé s’autoréguler et faire,
par exemple, baisser les prix par l’effet des choix des consommateurs ;
- la libéralisation de toutes contraintes au niveau
du travail, qui est censée créer de l’emploi par la possibilité pour le
chef d’entreprise de licencier qui il veut sans aucun contrôle
(l’hypothèse étant qu’ainsi il n’hésitera pas à embaucher) ;
- l’ouverture des capitaux aux investisseurs de tous
pays, qui est censée faire entrer des masses de capitaux, donc par
extension de l’emploi ;
- la diminution drastique des dépenses publiques, dont la santé et l’éducation, afin de diminuer les impôts pour les entreprises et de les attirer dans notre pays.
Quelles ont les conséquences réelles de ces mesures ?
- la liberté du marché a des conséquences
désastreuses dans la mesure où les logiques réelles qui se font jour sont
des logiques purement financières et à court terme. Par ailleurs,
contrairement au public, le marché cherche à optimiser le profit, et aura donc
tendance à investir sur les niches les plus rentables et laisser tomber ce
qui l’est moins (y compris si elles le sont, mais pas suffisamment) ;
- la libéralisation des contraintes au niveau du
travail, outre qu’elle fait peser la pression sur le travail et libère
celle sur le capital, a des conséquences multiples. En réduisant les
coûts, il réduit la possibilité de consommation des salariés qui sont
majoritaires dans le pays et favorise la récession. En accroissant le
stress par l’augmentation du temps au travail et la pénibilité (physique
et psychique), il contribue à détériorer la santé des salariés, voire
contribue à leur démotivation, ce qui peut être contre-productif pour
l’employeur (même s’il agite la crainte du licenciement, celle-ci ne peut
motiver positivement, par exemple pour innover) ;
- l’exemple d’Arcelor-Mittal est exemplaire quant à
l’ouverture des marchés. Si nous vendons notre patrimoine industriel à des
prédateurs internationaux, ne nous plaignons pas des conséquences ;
- la diminution des dépenses publiques a également des conséquences lourdes, à la fois sur la santé des individus, avec le surgissement de maladies chroniques mal soignées, qui finissent par devenir des maladies graves, donc chères ; sur l’état d’éducation du pays, qui ne cesse de diminuer, malgré des programmes de plus en plus chargés (au point qu’on demande à enfant de CE2 d’apprendre du vocabulaire de taupin, sans en appréhender le sens : on doit préférer une tête bien pleine à une tête bien faite, et on a comme résultat des têtes bien vides) ; et sur l’état de la recherche qui voit ses budgets fondre, laissant la part au privé dont ce n’est pas le but.
Les remèdes libéraux ne sont que des saignées pour soigner la tuberculose, ils nous précipitent encore plus vite dans le chaos censé l’éviter, sauf que le chaos n’est pas pour tous, la tête de l’élite financiario-industrielle pouvant y échapper par ce dispositif même.
Voici pour le constat, mais que faire concrètement, aujourd’hui ?
Je pense que la sortie de crise peut se faire au contraire en décorrélant la société civile du marché, c’est-à-dire, notamment :
- en donnant une pleine signification à la notion de
service public : service rendu au public. Pas la vieille
administration à ma française où les méandres de la bureaucratie font
perdre le sens aux usagers, mais un système, public, réellement au service
de ceux qu’il est censé apporter un service. Cela veut dire un logique non
financière, mais munie d’une boucle de retour entre l’attendu et le
réalisé, qui ne cherche pas la sanction du supposé fonctionnaire-fautif,
mais l’amélioration globale (si nécessaire) de l’efficacité, dans les
limites de la faisabilité économique. L’économie est au service de la
société et non l’inverse ;
- en développant les capacités intellectuelles, culturelles,
des citoyens, et d’innovation via l’enseignement et la recherche ;
- en contrôlant les flux de capitaux, et bloquant les
achats d’entreprises par des prédateurs financiers que sont notamment les
fonds de pension) ;
- en continuant la réduction du temps de travail (32
heures), afin de libérer du temps pour soi, ce qui contribue à la créativité,
l’enrichissement personnel et permet des investissements temporels non
financiers (association, etc.), et à la santé ;
- en proposant à l’Europe un modèle non basé sur l’économie
financière, mais sur la citoyenneté démocratique basée sur le
développement sociétal ;
- en prenant en compte la nécessité d’économiser
l’énergie par le développement d’alternatives sérieuses et non
destructrices de l’environnement (les agrocarburants n’en sont pas une,
car le choix réside entre nourrir la 4x4 du bobo parisien ou de quelques
dizaines, voire centaines, de Maliens) ;
- au niveau des impôts, pour les entreprises, la part prise sur les salaires pourrait être diminuée, en augmentant celle prélevée directement sur les profits (Total n’est-il pas un scandale ?). La situation actuelle favorise en effet les entreprises à haute valeur ajoutée et faible masse salariale, ce qui n’incite pas à créer des emplois. Par ailleurs les jeunes entreprises devraient bénéficier d’allègements substantiels pour qu’elles puissent atteindre au moins le seuil de viabilité.
Ce ne sont que quelques idées, jetées rapidement, mais il est temps de chercher à créer un nouveau paradigme sociétal vraiment durable pour tous, en dépassant le vieux modèle néo-libéral qui nous fait aller dans le mur, tous, sauf quelques-uns.
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